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Vies des douze Césars

Vies des douze Césars

Titel: Vies des douze Césars Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Suetone
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s’attacha le premier, qui avait moins de crédit mais une grande fortune, à condition que celui-ci associerait le nom de César au sien dans ses largesses aux centuries. (2) Les optimates, instruits de ce marché, dont ils craignaient les suites, et persuadés que César, avec la plus haute magistrature de l’État et un collègue tout à lui, ne mettrait pas de bornes à son audace, voulurent que Bibulus fît aux centuries les mêmes promesses, et la plupart d’entre eux se cotisèrent à cet effet. Caton lui-même avoua que, cette fois, la corruption profiterait à la république. (3) César fut donc nommé consul avec Bibulus. Les optimates n’eurent plus d’autres ressources que d’assigner aux futurs consuls des départements sans importance, à savoir ceux des bois et des pâturages. (4) Excité surtout par cette injure, César ne négligea aucun moyen de s’attacher Gnaeus Pompée, alors irrité lui-même contre les sénateurs de ce que, malgré ses victoires sur le roi Mithridate, ils hésitaient à ratifier ses actes. Il le réconcilia aussi avec Marcus Crassus, qui était resté son ennemi depuis les violentes querelles de leur consulat ; et il conclut avec eux une alliance, en vertu de laquelle rien ne devrait se faire dans l’État de ce qui déplairait à l’un des trois.
     
XX. Actes principaux et violences de son consulat
    (1) En prenant possession de sa dignité, César établit, le premier, que l’on tiendrait un journal de tous les actes du sénat et du peuple, et que ce journal serait rendu public. (2) Il fit revivre aussi l’ancien usage de se faire précéder par un huissier et suivre par des licteurs, pendant le mois où l’autre consul aurait les faisceaux. (3) Il promulgua une loi agraire ; et, comme son collègue s’y opposait, il le chassa du forum par les armes. Le lendemain, celui-ci porta ses plaintes au sénat ; mais il ne se trouva personne qui osât faire un rapport sur cette violence, ou proposer de ces résolutions vigoureuses qu’on avait si souvent prises dans de moindres désordres. Bibulus, au désespoir, se retira chez lui, où il se tint caché tout le temps de son consulat, ne manifestant plus son opposition que par la voie des édits. (4) De ce moment, César régla tout dans l’État à sa guise ; si bien que des railleurs, avant de signer leurs lettres, les dataient par plaisanterie, non du consulat de César et de Bibulus, mais du consulat de Jules et de César ; faisant ainsi deux consuls d’un seul, dont ils séparaient le nom et le surnom. On fit aussi courir les vers suivants :
     
    Ce que César a fait, qui d’entre nous l’ignore ?
    Ce qu’a fait Bibulus, moi je le cherche encore.
     
    (5) La plaine de Stella, consacrée par nos ancêtres, et le territoire campanien qui était resté soumis à l’impôt pour les besoins de la république, furent distribués, par son ordre et sans que le sort fût consulté, à vingt mille citoyens, pères de trois enfants ou d’un plus grand nombre. (6) Les fermiers de l’État demandaient une réduction ; César leur remit le tiers de leur fermage, et les engagea en public à ne point enchérir inconsidérément à la prochaine adjudication des impôts. (7) Il en était ainsi du reste : tout ce que l’on convoitait, César en faisait largesse ; personne n’osait s’y opposer, et quiconque l’osait se voyait en butte à ses vengeances. Caton l’ayant un jour tenté, il le fit traîner hors du sénat par un licteur, et conduire en prison. Lucius Lucullus, qui lui avait résisté avec trop de hardiesse, fut si épouvanté de ses menaces, qu’il lui demanda grâce à genoux. Cicéron, dans un plaidoyer, avait déploré le malheur des temps ; le jour même, à la neuvième heure, César fit passer dans les rangs plébéiens le patricien Publius Clodius, ennemi de Cicéron, et qui, depuis longtemps, tâchait en vain d’y entrer. (8) Voulant en finir avec ses adversaires, il suborna Vettius, à prix d’argent, pour qu’il déclarât que quelques-uns d’entre eux l’avaient engagé à tuer Pompée, et qu’amené au forum, il nommât les prétendus auteurs de ce complot : mais Vettius accusant sans preuves tantôt l’un, tantôt l’autre, la fraude fut bientôt soupçonnée ; et César, désespérant du succès d’une entreprise aussi imprudente, fit, dit-on, empoisonner le dénonciateur.
     
XXI. Il devient le gendre de Pison et le beau-père de Pompée
    (1) Vers le même temps, il

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