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1941-Le monde prend feu

1941-Le monde prend feu

Titel: 1941-Le monde prend feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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à la France ses possessions
françaises. »
     
    Le 24 décembre 1941, la radio annonce la reprise de
Benghazi par les Britanniques, qui en Cyrénaïque ont contraint Rommel à reculer,
puis, après un silence, le speaker présente une seconde nouvelle dont il dit qu’elle
est importante :
    « L’amiral Muselier, commandant une formation d’unités
navales françaises libres, a débarqué au port de Barachois, dans l’île de
Saint-Pierre, où il a été accueilli avec enthousiasme par la population de
Saint-Pierre-et-Miquelon. »
    L’amiral Muselier dans une dépêche à de Gaulle a précisé :
« Miquelon a effectué un ralliement unanime. Un plébiscite aura lieu
demain à Saint-Pierre. »
     
    Joie d’un moment.
    Déjà ternie par les indignations de Cordell Hull, le secrétaire
d’État aux Affaires étrangères des États-Unis.
    Cordell Hull condamne « l’action entreprise par des
navires prétendument français libres, à Saint-Pierre-et-Miquelon ».
    Cordell Hull demande même au gouvernement canadien de « restaurer
le statu quo  ».
     
    Faudra-t-il se battre pour empêcher que les États-Unis n’appliquent
une politique absurde qui conforte Vichy et dénonce la France Libre ?
    De Gaulle télégraphie à Muselier.
    « Mes vives félicitations pour la façon dont vous avez
réalisé ce ralliement dans l’ordre et la dignité. »
    Mais il faut toucher Churchill, l’empêcher de prendre le
parti de Cordell Hull et de Roosevelt.
    « Il ne me paraît pas bon que dans la guerre, lui écrit
de Gaulle, le prix soit remis aux apôtres du déshonneur. Je vous dis cela à
vous parce que je sais que vous le sentez et que vous êtes le seul à pouvoir le
dire comme il faut. »
     
    Mais quelle que soit la décision de Churchill, de Gaulle
fait savoir qu’il ne cédera pas. Qu’on ose déloger les Français Libres de
Saint-Pierre-et-Miquelon ! On se battra !
    La presse américaine et anglaise critique Cordell Hull. L’opinion
aux États-Unis comme en Angleterre manifeste sa sympathie pour la France Libre.
    Elle est émue par le Message de Noël adressé aux
enfants de France et prononcé par de Gaulle à Radio-Londres.
    « Mes chers enfants de France, vous avez faim parce que
l’ennemi mange notre pain et notre viande. Vous avez froid parce que l’ennemi
vole notre bois et notre charbon. Vous souffrez parce que l’ennemi vous dit et
vous fait dire que vous êtes des fils et des filles de vaincus.
    « Eh bien moi, je vais vous faire une promesse, une
promesse de Noël. Chers enfants de France, vous recevrez bientôt une visite, la
visite de la Victoire. Ah, comme elle sera belle, vous verrez… »
     
    La presse reproduit les paroles de De Gaulle et, le 30 décembre
1941 Churchill, qui a mesuré le soutien que l’opinion apporte à de Gaulle et à
la France Libre, salue devant le Parlement canadien les Français qui ont refusé
de « courber l’échine et choisi de continuer la lutte aux côtés des Alliés ».
    Churchill conclut qu’il n’y a pas de place dans cette guerre
« pour les dilettantes, les faibles, les embusqués ou les poltrons ».
     

     
    Le réalisme l’a emporté. Et de Gaulle a gagné.
    Le lendemain, dernier jour de l’année 1941, présentant ses
vœux au peuple français dans un discours à la radio de Londres, de Gaulle
conclut : « Nous faisons nôtres ces paroles prononcées hier par le
grand Churchill. » Et, disant cela, il célèbre ses compagnons de la France
Libre et les résistants qui, sur le sol français, rendent la vie de l’occupant
difficile.
     
    Ils ne sont point « des dilettantes, des faibles, des
embusqués, des poltrons », ceux qui attaquent des soldats et des officiers
de la Wehrmacht.
    Ils sont téméraires, les membres des groupes MOI – Main-d’Œuvre
Immigrée – qui rédigent des tracts et des journaux en allemand, destinés
aux « ouvriers allemands sous l’uniforme ».
    Ces « partisans », des immigrés allemands
antinazis, répandent leurs publications dans les bars, les bordels, les
restaurants fréquentés par les occupants.
    Ces textes sont-ils ramassés, lus ? Qui le sait ?
    Mais ce Travail antiallemand ne cesse pas, même si
son écho est limité, chaque soldat surpris à lire un de ces tracts étant
passible de la peine de mort.
     
    Il y a aussi, durant ce mois de décembre 1941, recrudescence
des « sabotages ».
    Les cheminots ont engagé la « bataille du rail ». Les
rails sont

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