1942-Le jour se lève
politique nazie envers les Juifs des territoires conquis ;
la mort par extermination de toutes les communautés juives. »
Kaplan a sous les yeux les juifs du ghetto de Varsovie. Ils
meurent de faim, de froid, de maladie.
On signale même un cas de cannibalisme : une mère a
découpé un « morceau de fesse » de son fils de douze ans mort la
veille.
« Sur les trottoirs, rapporte Kaplan, le jour où le
froid est si rude qu’il en est insupportable, des familles entières
emmitouflées dans leurs haillons errent, non pas pour mendier, mais en geignant
simplement d’une voix déchirante. Un père et une mère emplissent les rues du
bruit de leurs sanglots. Nul ne se tourne vers eux, personne ne leur offre un
sou parce que le nombre des mendiants a durci leurs cœurs. »
La Gestapo massacre ceux qu’elle soupçonne d’organiser la
résistance, la révolte, ou qui rédigent et diffusent une presse clandestine.
En janvier 1942, 5 123 habitants meurent dans le
ghetto de Varsovie.
Les plus lucides des Juifs du ghetto pressentent que tous
sont promis à la mort, comme les Juifs des autres ghettos de Pologne, comme les
Juifs d’Ukraine, de Serbie, des pays baltes, d’Allemagne, de toute l’Europe.
On murmure des noms de lieux, jadis presque inconnus : Belzec,
Chelmno, Sobibor, Treblinka, Auschwitz, Birkenau, tant d’autres.
Là on extermine, au gaz, dans des camions conçus à cet effet,
dans des chambres à gaz. On commence à utiliser un gaz (Zyklon B) fabriqué
par l’IG Farben. Dans les territoires russes occupés par la Wehrmacht, on
massacre les Juifs par dizaines de milliers, qui deviendront bientôt des
centaines de milliers.
Mais le Reich veut, avant de tuer, exploiter comme des
esclaves les Juifs valides.
On comptera, en 1942, 2,7 millions de travailleurs
forcés. Hitler a nommé son « architecte Albert Speer, responsable de la
production d’armement », après la mort dans un accident d’avion de Fritz
Todt.
Un Gauleiter, Fritz Sauckel, est chargé d’organiser les
déportations de « travailleurs ».
Himmler crée au sein de la SS un Office central d’administration
économique (WVHA), chargé aussi de l’inspection des camps de concentration. Ces
camps sont à la fois des camps de travail forcé et des camps d’extermination.
Eichmann, le 6 mars 1942, a réuni les délégués de la
Gestapo de l’ensemble du Reich, pour fixer le nombre de Juifs à déporter dans
les premiers convois : 55 000 pour l’Allemagne et le protectorat de
Bohême-Moravie, 20 000 pour Prague, 18 000 pour Vienne.
Le 27 mars 1942, le premier convoi de 1 000 Juifs
détenus à Compiègne quitte la France pour Auschwitz.
Les autorités de Vichy proposent qu’un nouveau lot de 5 000 Juifs
« étrangers » ou apatrides soient déportés.
À cette occasion, les autorités allemandes constatent la
collaboration efficace des responsables français.
Louis
Darquier de Pellepoix, antisémite fanatique, remplace au Commissariat général
aux questions juives Xavier Vallat, jugé trop « patriote ».
René Bousquet, secrétaire général de la police, est un
ambitieux cynique prêt à tout.
Pierre Laval a suggéré de son propre chef la déportation des
enfants de moins de seize ans de la zone non occupée. Quant aux enfants de la
zone occupée, Laval déclare que leur sort ne l’intéresse pas.
Bousquet a indiqué :
« Tant le maréchal Pétain, chef de l’État, que le
président Laval, au cours du récent Conseil des ministres, ont exprimé leur
accord pour l’évacuation dans un premier temps de tous les Juifs apatrides
séjournant en zone occupée et en zone non occupée. »
La police française se chargeant d’arrêter les Juifs dans
les deux zones.
Ce même 27 mars 1942, Joseph Goebbels note dans son
journal ce qu’il a appris du sort des Juifs de Pologne, déportés vers l’est.
Et c’est ce destin qui attend tous les Juifs, et donc ceux
de France déportés à Auschwitz ce 27 mars 1942.
« Une procédure vraiment barbare est appliquée ici, qui
ne saurait être décrite plus en détail, et il ne reste pas grand-chose des
Juifs eux-mêmes, constate Goebbels.
« En général on peut conclure que 60 % d’entre eux
doivent être liquidés alors que seuls 40 % peuvent être mis au travail. L’ancien
Gauleiter de Vienne, Globocnik, qui est chargé de la réalisation de cette
action, est très prudent et a recours à une
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