1942-Le jour se lève
recevrez cette lettre, les
communiqués de la Wehrmacht vous auront depuis longtemps mise au courant de ce
qui s’est passé ici. Nous lançons aujourd’hui une attaque décisive. Ce sera dur,
mais je suis persuadé que mes hommes vaincront. Ils savent tous ce qui est en
jeu. Je n’ai pas besoin de vous dire comment j’y participerai. Je compte bien
exiger autant de moi-même que de mes officiers et de mes soldats. Mes pensées
volent souvent vers vous, surtout en ces heures capitales. »
Les champs de mines, les pièges ralentissent la progression
de Rommel. D’une hauteur au sommet de laquelle Rommel a fait arrêter son command-car ,
il aperçoit l’Afrikakorps, qui se déploie dans le désert.
« Des nuages noirs roulent dans le ciel, donnant au
paysage une étrange et sinistre beauté », écrit Rommel.
Mais il ne peut contempler longtemps ce panorama. Heure
après heure, jour après jour, les combats deviennent acharnés.
Dans la nuit du 1 er au 2 juin, la XC e division
légère allemande et la division italienne Trieste achèvent d’encercler Bir
Hakeim.
Les « gaullistes » refusent de se rendre.
« J’assumai moi-même, à plusieurs reprises, le
commandement des troupes assaillantes, précise Rommel. Sur le théâtre d’opérations
africain, j’ai rarement vu combat plus acharné. Les Français disposaient de
positions remarquablement aménagées, ils utilisaient des trous individuels, des
blockhaus, des emplacements de mitrailleuses et de canons antichars ; toutes
étaient entourées d’une large ceinture de mines. »
16 .
Bir Hakeim n’est investi que le 10 juin, mais dans la
nuit Kœnig et la plupart des hommes valides réussissent à quitter le camp
retranché, à rejoindre les lignes anglaises. Mission accomplie : la
résistance du point d’appui de Bir Hakeim a duré plus de quinze jours.
Le général anglais Norrie adresse ses « félicitations à
la 1 re brigade des Forces Françaises Libres pour son magnifique
succès, sa résistance opiniâtre, son action offensive et ses patrouilles. Merci
de grand cœur ».
Dans la matinée du 11 juin, Rommel visite Bir Hakeim.
« Nous avions attendu sa chute avec impatience. Cinq
cents Français, la plupart blessés, tombèrent entre nos mains… »
Le 15 juin, il écrit à son épouse :
« La bataille est gagnée et l’ennemi s’effondre. Nous
liquidons maintenant les restes encerclés de son armée. Je n’ai pas besoin de
vous dire ma joie… Ma santé s’est maintenue excellente. J’ai vécu dans ma
voiture pendant des jours entiers et, le soir, je n’avais pas le temps de
quitter le champ de bataille. Peut-être nous reverrons-nous en juillet. »
Durant toute la durée de la bataille, de Gaulle a voulu être
informé, heure après heure.
Il ne quitte plus son bureau de Carlton Gardens. Il sait qu’à
Bir Hakeim, dans ce polygone de 16 kilomètres carrés, « un paysage
lunaire où campe une troupe de nomades », se joue un épisode décisif.
« Dans les entreprises où l’on risque tout, écrit-il, un
moment arrive d’ordinaire où celui qui mène la partie sent que le destin se
fixe. »
La presse anglaise accorde de plus en plus de place aux
combats de Bir Hakeim.
« L’opinion s’apprête à juger. Il s’agit de savoir si
la gloire peut encore aimer nos soldats », murmure de Gaulle.
Lorsque, le 10 juin 1942, à 17 h 30, de
Gaulle rencontre Churchill, celui-ci s’avance, souriant.
« Je vous félicite pour la magnifique conduite des
troupes françaises de Bir Hakeim, c’est l’un des plus beaux faits d’armes de
cette guerre », dit le Premier ministre.
À la fin de l’après-midi du 11 juin, de Gaulle reçoit
un message de l’état-major britannique : « Le général Kœnig et une
partie de ses troupes sont parvenus à El-Gobi hors de l’atteinte de l’ennemi. »
Les FFL, après avoir assumé leur mission, bien au-delà de ce
qu’on espérait d’eux, ont donc brisé l’encerclement, échappé à la destruction
ou à la reddition.
De Gaulle, qui attendait dans son bureau en compagnie de
Maurice Schumann, le porte-parole de la France Libre, reconduit Schumann, puis
s’enferme.
« Je suis seul. Cœur battant d’émotion, sanglots d’orgueil,
larmes de joie. »
Ce même 11 juin 1942, Rommel visite ce qu’il appelle « la
forteresse de Bir Hakeim ».
« J’avais attendu sa chute avec impatience », dit-il.
Il
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