Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
1942-Le jour se lève

1942-Le jour se lève

Titel: 1942-Le jour se lève Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
Vom Netzwerk:
s’en va fleurir les tombes d’aviateurs anglais abattus.
     
    En zone libre, on évalue à 100 000 le nombre des
manifestants à Marseille. Il y a foule à Lyon, à Saint-Étienne, à Nice, à
Clermont. Pas une ville qui ne connaisse son rassemblement. On chante La
Marseillaise , L’Internationale. On crie « Vive de Gaulle ! ».
    Jean Moulin, lorsqu’il envoie son rapport quelques jours
plus tard, souligne que les mouvements de résistance – Libération , Combat,
Le Franc Tireur –, les syndicats, les partis politiques ont manifesté
de concert.
    « Tous ont revendiqué de Gaulle comme chef et symbole, écrit
Jean Moulin. La manifestation a eu un effet considérable sur les militants, qui
sentent pour la première fois le synchronisme entre Londres et les chefs locaux… »
    Ici et là, le Service d’ordre légionnaire a tenté de réagir,
s’en prenant à telle ou telle personnalité connue pour son rejet de Vichy. Ces
violences physiques montrent l’isolement des hommes de Joseph Darnand, mais
aussi leur rage de voir la population leur échapper.
    « C’est la fin des jours glorieux et de la tyrannie
omnipotente exercée par la Légion », note un témoin.
     
    De Gaulle, le 10 mai 1942, peut célébrer la fête de
Jeanne d’Arc :
    « Le présent est pour la patrie au moins aussi terrible
que l’était la situation au moment où parut Jeanne », dit-il. Nous sommes « dans
la phase la plus dure de cette guerre gigantesque et dans le plus grave moment
de l’existence nationale ». Mais « nous ne voulons rassembler nos
esprits et nos cœurs que dans la confiance inébranlable en la destinée de la
France éternelle ».

 
14 .
    La fête de Jeanne d’Arc, en ce mois de mai 1942, le général
Pierre Kœnig qui commande avec le général de Larminat les 5 000 hommes
de la 1 re  Division légère Française Libre (la 1 re  DFL)
la célèbre à sa manière, dans le désert de Libye.
     
    Il tient avec ses hommes le site de Bir Hakeim, à l’extrémité
sud de la ligne de défense anglaise. À l’autre bout, au nord-est, le port de
Tobrouk que l’Afrikakorps de Rommel n’a pas réussi à reconquérir.
    Les Free French jouent donc un rôle essentiel dans le
dispositif de la 8 e  armée anglaise.
     
    Kœnig sait, en ancien combattant de la Première Guerre
mondiale, fortifier la position de la 1 re  DFL.
    Il dit à ses Sénégalais, Malgaches, Nord-Africains, originaires
des îles du Pacifique, Antillais, Vietnamiens, Cambodgiens, Syriens, Libanais, Indiens,
Français de toutes les régions de France et étrangers de la 13 e  demi-brigade
de la Légion étrangère qui la composent : « Tout soldat dans un trou
est un seigneur. »
    Chaque soldat doit creuser son trou individuel. Kœnig
dispose ses hommes, dans ce désert de pierraille parsemé de touffes desséchées.
    L’état-major anglais a demandé à Kœnig de tenir contre les
panzers de Rommel et ceux de la division italienne Ariete. La 1 re  DFL
sera encerclée par Rommel mais, répètent les Anglais au commandant du Free
French Group , il est interdit de céder.
    Cette phase défensive de la bataille durera dix jours. Alors
les Français verront arriver les divisions anglaises chassant les débris de l’Afrikakorps.
    Les Français devront être prêts à ce moment-là à engager la
poursuite.
     
    Mais dans l’attente de cette bataille, comment survivre dans
ce lieu aride, Bir Hakeim, qui signifie « Puits du chef » ? Les
Français y ont découvert trois citernes romaines enterrées qui ont résisté aux
siècles. Mais elles sont asséchées.
    Or il faut prévoir, avec des températures de plus de 40 °C,
six litres d’eau par homme et par véhicule.
    Les hommes de Kœnig récupèrent des citernes de 3 000 litres
dans des dépôts de matériel italien et allemand abandonnés.
    On les enterre comme on enterre les postes de secours pour
les blessés.
    Et il faut créer un « désert dans le désert », préparer
des champs de mines qui seront les défenses infranchissables de Bir Hakeim. Les
sapeurs poseront 130 000 mines !
     
    Puis attendre, explorer le désert.
     
    Kœnig, comme le capitaine Simon et le lieutenant Messmer qui
ont gagné en juin 1940, ensemble, Londres, organise les patrouilles – des Jock
colonnes motorisées – qui sillonnent le désert durant trois ou quatre
jours avant de « rentrer » à Bir Hakeim.
    Elles « reconnaissent » l’ennemi, le harcèlent, font
des

Weitere Kostenlose Bücher