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1942-Le jour se lève

1942-Le jour se lève

Titel: 1942-Le jour se lève Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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victoire de l’Allemagne.
Et donc, « il faut collaborer » avec elle.
    Il y a René Bousquet, qui fut en 1940, à trente et un ans, le
plus jeune préfet de France, nommé secrétaire général de la police. C’est un « technicien »
cynique et ambitieux qui « collabore » pleinement avec les autorités
allemandes – Oberg, Knochen –, qui côtoie dans le gouvernement Laval
d’anciens socialistes, tels Lagardelle ou Max Bonnafous, agrégé de philosophie
et responsable du ravitaillement.
    L’essayiste Benoist-Méchin – que Pétain a refusé comme
secrétaire d’État aux Affaires étrangères – est attaché à la personne du
chef du gouvernement.
    Mais qu’est-ce que gouverner quand la botte nazie écrase la
gorge de la nation ?
     
    Depuis que Pierre Laval, le 19 avril 1942, est à nouveau
au pouvoir, dix-sept mois après avoir été chassé du gouvernement par Pétain, les
Allemands ne respectent plus, en fait, la division entre « zone occupée »
et « zone libre ».
    Pétain a capitulé, ses proches ont été chassés. Certes le
Maréchal a proclamé dès le 19 avril :
    « Aujourd’hui, dans un moment aussi décisif que celui
de juin 1940, je me retrouve avec M. Pierre Laval pour reprendre l’œuvre
nationale et d’organisation européenne dont nous avions ensemble jeté les bases…
Français, le nouveau gouvernement nous donnera de nouveaux motifs de croire et
d’espérer. »
     
    Mais les Français de la zone libre constatent que la police
allemande procède à des arrestations dans cette zone.
    Que Laval livre à la Gestapo des antinazis allemands
internés dans les camps de la zone libre.
    Que des milliers de Juifs étrangers sont raflés et expédiés
par « trains spéciaux » vers des camps de la zone occupée ainsi qu’à
Drancy.
    Que des enfants de 2 à 12 ans sont envoyés au camp de
Pithiviers où ils sont séparés de leurs parents.
    Et des témoins rapportent que, dans ce camp, les enfants
hurlent de terreur quand on les embarque de force pour les déporter vers ces
camps de Pologne où l’on n’ose imaginer quel sera leur sort.
     
    Ce sont les hommes de Darnand qui, en zone libre, organisent
les rafles. Les membres du Service d’ordre légionnaire saccagent ainsi, à Nice,
la synagogue.
    On pousse dans des wagons hommes, femmes, enfants, vieillards,
malades, infirmes… Ils sont parqués sur la paille humide d’urine.
    « Le spectacle de ce train impressionne fortement et
défavorablement les populations françaises non juives qui le voient dans les
gares en particulier », écrit dans son rapport un capitaine de gendarmerie.
     
    Que dire des convois d’enfants qui roulent vers Auschwitz ?
Crime et abjection.
     
    Les quelques libertés qui subsistaient en zone libre sont
supprimées : les journaux suisses sont interdits, les films anglais et
américains sont retirés des écrans.
     
    Que peuvent les mots de Pétain devant ces réalités ?
    Il est conscient de son impuissance. Dans ce discours du 17 juin
1942, il ne cherche même plus à convaincre, à entraîner, mais à se justifier de
sa voix larmoyante :
    « Chassez le doute de vos âmes, mes chers amis, si vous
le pouvez, l’acerbe critique. Pensez au chef qui vous aime et qui pour vous se
tient encore debout sous l’orage. Il voudrait, pour vous, faire plus encore. Puisse-t-il
au moins, en ce second anniversaire de l’une des dates les plus cruelles de
notre histoire, vous faire partager la grande espérance qui l’anime toujours et
dont il demande à Dieu qu’il la réalise même après sa mort pour le salut de
notre pays. »
     
    Lorsqu’il a achevé son discours, il murmure :
    « Je suis plus à plaindre que d’autres, dit-il, mais je
mets mon amour-propre à ne jamais me plaindre. »
     
    Laval méprise les jérémiades du « Vieux » qui s’apitoie
sur lui-même et implore les Français.
    La situation est simple. C’est une lutte à mort qui se joue
en Russie.
    Laval veut le dire au moment où, pour tous ceux qui songent
à être du côté du vainqueur, il devient « raisonnable de croire à la
défaite nazie ».
    Les dominions britanniques, les États-Unis et même le Brésil
déclarent la guerre aux alliés de l’Allemagne et de l’Italie. La Royal Air
Force écrase l’Allemagne et les régions industrielles françaises sous des
milliers de tonnes de bombes.
     
    Et cependant, Laval continue de croire à la victoire
allemande.
    En Russie, depuis le mois de

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