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1942-Le jour se lève

1942-Le jour se lève

Titel: 1942-Le jour se lève Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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la
victoire de l’Allemagne » ?
    Doriot, Déat, sans aucun doute. Des intellectuels comme
Brasillach, certainement, mais ce n’étaient pas de vrais « politiques »,
lui seul, ancien ministre et président du Conseil de la III e  République,
et maintenant chef du gouvernement, a l’autorité nécessaire.
     
    Il est le seul qui sait domestiquer le Vieux.
    Il est persuadé que se joue sur le front russe le sort de la
civilisation européenne, parce que le grand péril, la vraie barbarie, c’est le
bolchevisme et non le nazisme. C’est cela qu’on cache.
     
    Laval répète lorsqu’on lui communique le texte des émissions
de Radio-Londres.
    « Ils n’osent pas me citer totalement. Ils ne disent
jamais que “je souhaite la victoire de l’Allemagne” parce que sans elle le bolchevisme demain s’installerait partout. »
     
    Et Churchill, Roosevelt, et même la plus grande partie des
chefs de la Résistance, ont été des anticommunistes et le sont encore.
    Voilà quelle est sa carte maîtresse. Il anticipe le
retournement des alliances. Il sera, dans quelques mois, au centre du jeu !
Il aura bien servi la France. Il faut tenir bon jusque-là.
    Mais Laval se trompe.
    L’heure n’est plus – ou n’est pas encore – à l’antibolchevisme,
mais à l’unité de tous ceux qui veulent la défaite du nazisme, cette barbarie
exterminatrice !
    Et l’Angleterre de l’anticommuniste historique, Churchill, signe
un traité d’alliance avec l’URSS et Joseph Staline devient Uncle Joe.
    En France, cette nécessité d’une entente de tous les « résistants »
quelles que soient leurs origines s’impose, en dépit de la méfiance que suscite
le parti communiste.
    Rémy, le chef du réseau Confrérie Notre-Dame, l’un
des premiers et des plus efficaces agents secrets de la France Libre – homme
de droite –, prend contact avec l’un des chefs des Francs-Tireurs et
Partisans Français, l’organisation militaire du parti communiste.
    Claude Bourdet, fondateur avec Henri Fresnay de Combat, homme
de gauche, mais sans illusions sur les stratégies communistes, déclare, quand
on lui indique que l’un des responsables de Combat – Marcel
Degliame – chargé du milieu ouvrier est peut-être un communiste « sous-marin »
du parti :
    « Qu’il fût ou non communiste m’importe peu ; nous
n’avons besoin entre nous que d’un consensus politique moyen, et l’éventail
comprend naturellement les communistes, à condition qu’ils veuillent s’engager
chez nous. »
    Et le Comité national de la France Libre, lorsqu’il s’agit d’organiser
des manifestations ouvrières le 1 er  mai 1942, communique aux
différents chefs de réseau :
    « Jugeons important que le 1 er  mai ait
caractère unanimité nationale donc participation active communiste. Proposons
comme mot d’ordre : lutte contre la faim, contre la misère, contre la
servitude. »
     
    Dans ce climat de guerre patriotique et d’« union
sacrée » – même si chacun des participants soupçonne l’autre d’arrière-pensées…
mais on verra après la Libération –, que pèse la menace du bolchevisme
invoquée par Pierre Laval ?
    Au moment où les Russes résistent aux offensives allemandes
de ce printemps et de cet été 1942 où, en France, des communistes sont fusillés
par dizaines pour leurs activités de sabotage et leurs attentats, l’antibolchevisme
et l’anticommunisme apparaissent comme les stigmates de la collaboration, les
preuves que Pierre Laval est le complice servile des nazis : Judas et
négrier.
     
    Mais dès le 23 juin 1942, au lendemain du discours de
Pierre Laval, une déclaration du général de Gaulle publiée, en France, dans les
journaux clandestins, semble lui répondre alors qu’elle a été écrite des
semaines avant que Laval ne parle.
    Une fois de plus, de Gaulle a anticipé.
    « Les derniers voiles sous lesquels l’ennemi et la
trahison opéraient contre la France sont désormais déchirés, écrit-il. L’enjeu
de cette guerre est clair pour tous les Français : c’est l’indépendance ou
l’esclavage. »
     
    Ceux qui lisent Combat , Libération et d’autres
journaux clandestins, tirés à des dizaines de milliers d’exemplaires, découvrent
une condamnation de la Relève, une fureur patriotique qui dessine un « projet »
pour la France libérée.
    Les condamnations de Pétain et de Laval, de la collaboration,
sont sans équivoque ; mais s’y ajoute une

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