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1942-Le jour se lève

1942-Le jour se lève

Titel: 1942-Le jour se lève Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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majeur, les
tâches d’organisation de la Résistance.
     
    Loin de l’Albert Hall, il y a ceux qui écoutent le discours
dans les camps militaires de la 8 e  armée britannique proches d’El-Alamein,
tels Yves Guéna et Pierre Messmer, et qui sont bouleversés lorsque de Gaulle
déclare :
    « Invinciblement, la France Combattante émerge de l’océan :
quand, à Bir Hakeim, un rayon de gloire renaissante est venu caresser le front
sanglant de ses soldats, le monde a reconnu la France. »
    « Nous admirions de Gaulle, confie Daniel Cordier, avec
une affection – pourquoi ne pas le dire ? – que nous aurions eu
honte d’avouer. »
    Mais comment dissimuler son émotion quand en conclusion de
son discours de Gaulle déclare :
    « Puisque la France a fait entendre sa volonté de
triompher, il n’y aura jamais pour nous ni doute, ni lassitude, ni renoncement.
Unis pour combattre, nous irons jusqu’au bout de notre devoir envers elle, nous
irons jusqu’au bout de la libération nationale.
    « Alors notre tâche finie, notre rôle effacé, après
tous ceux qui l’ont servie depuis l’aurore de son Histoire, avant tous ceux qui
la serviront dans son éternel avenir, nous dirons à la France, simplement, comme
Péguy :
    « “Mère, voyez vos fils qui se sont tant battus.” »

 
23 .
    De Gaulle, en ce deuxième anniversaire de son appel du 18 juin
1940, est porté par l’enthousiasme, la passion et la communion patriotiques.
    Sa prophétie se réalise : « Quoi qu’il arrive, la
flamme de la résistance ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas. »
     
    Pétain, au contraire, qui s’adresse au pays le 17 juin
1942, ne peut que constater que, deux ans après avoir sollicité de l’« adversaire »
l’armistice, son grand dessein de Révolution nationale n’est qu’un assemblage
de mots sonores.
    « Dans cette succession d’espoirs, d’échecs, de
sacrifices, de déceptions qui marquèrent les deux premières années de l’armistice…
moi, responsable de la vie physique et morale de la France, je ne me dissimule
point la faiblesse des échos qu’ont rencontrés mes appels. »
     
    On devine son désarroi, son isolement. Il remet à ses
visiteurs une photo le représentant à cheval, devant l’Arc de triomphe, le 14 juillet
1919.
    Ainsi, recevant Jérôme Carcopino, l’historien de la Rome
antique qui fut un temps son secrétaire d’État à l’Éducation, il murmure :
    « Carcopino, je ne vous ai jamais offert de photo. C’est
un oubli que je tiens à réparer. Mais, à vous, Carcopino, je m’en voudrais d’offrir
l’effigie du Pétain de 42. C’est l’image du Pétain de 19 que je souhaite que
vous conserviez en souvenir de moi. »
     
    Depuis que, cédant aux Allemands, le Maréchal a accepté de
désigner Pierre Laval comme chef du gouvernement, il est isolé.
    La plupart de ses collaborateurs personnels ont quitté Vichy,
« ses » ministres ont été remplacés.
    Un de ses fidèles, encore ministre d’État – Lucien
Romier –, se lamente. « La situation est très grave, le Maréchal est
absolument seul… Je suis tout seul, je suis malade, l’influence de Laval s’exerce
dans des conditions pressantes. »
    Laval se moque des hésitations du « Vieux ». Il
renvoie ses émissaires venus présenter les changements d’opinion du Maréchal.
     

     
    « Ah, il a encore changé d’avis, foutez-moi la paix ! »
répond Laval.
    L’un de ses hommes de main, Marion, secrétaire d’État chargé
de l’information, confie :
    « Laval arrive à ce que le Vieux soit toujours d’accord
avec lui : il sait y mettre le temps ! »
    En fait, Laval gouverne seul, imposant ses décisions à
Pétain et aux ministres, parce qu’il a l’appui des Allemands.
    « Il n’y a que Laval qui soit ministre, dit l’un des
membres du gouvernement. Nous ne sommes que ses commis, que ses secrétaires. Nous
exécutons. »
     
    Laval s’appuie sur quelques hommes.
    D’abord Abel Bonnard, l’académicien chargé de l’Éducation
nationale, fasciné par Doriot, par la virilité des nazis.
    Le Maréchal maugrée :
    « C’est une honte de confier la jeunesse à la Gestapette »,
dit-il.
    Mais Laval apprécie cet « académicien de choc »
qui, abandonnant les salons raffinés, recherche les acclamations des fidèles de
Doriot.
    Il y a Bichelonne, le polytechnicien brillant, responsable
de la Production industrielle, et qui croit toujours à la

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