1942-Le jour se lève
coulé quatre porte-avions japonais et perdu un seul porte-avions.
C’est le grand tournant de la guerre navale dans le
Pacifique.
Et, début de la reconquête, les Marines américains
débarquent le 6 août 1942 dans l’île de Guadalcanal.
Mais le sous-marin Surcouf a disparu corps et biens.
Mais les Anglais, en même temps qu’ils reconnaissent la
France Combattante, tentent de prendre partout la place des Français dans ce
qui est encore « l’Empire ».
Et de Gaulle défend bec et ongles la souveraineté française
à Madagascar, au Levant – de Damas à Beyrouth –, en Afrique.
Il constate que les États-Unis – aux Antilles, en
Afrique du Nord, à Alger comme à Marrakech, à Dakar – prennent langue avec
les « vichystes », comme si leur souci était d’écarter de Gaulle, de
s’appuyer sur les hommes de Pétain et de l’amiral Darlan, pour organiser une « transition »
pacifique, de la collaboration avec l’Allemand à la collaboration avec les
Américains.
De Gaulle se refuse à accepter cette politique et la combat
comme le plus dangereux des périls, non pour lui mais pour la France.
« La démocratie se confond exactement pour moi avec la
souveraineté nationale », dit-il.
Et il répète « la libération nationale ne peut être
séparée de l’insurrection nationale », cette phrase qui, prononcée à
Radio-Londres le 18 avril 1942, a inquiété le président Roosevelt.
N’est-ce pas là le propos d’un « apprenti dictateur »
qui révèle son rêve d’un coup d’État ?
En réponse, de Gaulle dit à Churchill – et celui-ci en
fera part à Roosevelt :
« Vous pouvez, si vous voulez, me faire coucher à la
Tour de Londres, mais vous ne pouvez pas me faire coucher avec Vichy. »
De Gaulle sait que l’opinion publique, en Angleterre comme
aux États-Unis, soutient la France Libre parce qu’elle est la France
Combattante, présente sur tous les fronts. Les combats de Bir Hakeim ont plus
fait pour le rendre légitime que tous les discours.
Le 14 juillet 1942, le défilé militaire des Free
French a été acclamé par la foule londonienne. En France, dans les villes
de la zone libre, la population, suivant une consigne gaulliste lancée par
Radio-Londres, a pavoisé, chanté La Marseillaise.
« Les drapeaux, c’est la fierté ! Les défilés, c’est
l’espoir ! La Marseillaise , c’est la fureur. Il nous faut et il
nous reste, fierté, espoir, fureur ! », dit de Gaulle.
Aux États-Unis, l’association France for Ever organise, ce 14 juillet, une grande réunion en présence du général
Pershing. Et de Gaulle dans un message salue ce « grand soldat qui sut
faire avec Foch et avec Haig le front unique des Alliés dans la bataille de
France », en 1917-1918.
Mais pour consolider la France Combattante, il faut aller
plus loin. De Gaulle rencontre Molotov – en visite à Londres –, ministre
des Affaires étrangères et collaborateur direct de Staline.
De Gaulle n’a aucune illusion sur les méthodes du
gouvernement soviétique. Mais sous la « glace » communiste, il y a la
Russie, dont il faut rechercher l’appui pour faire contrepoids aux Anglo-Saxons.
Et Molotov assure de Gaulle des « bonnes intentions »
de Staline à propos des divergences entre la France Libre et les États-Unis et
la Grande-Bretagne – en Martinique, à Madagascar –, et Molotov
soutient de Gaulle.
Ainsi de Gaulle, à l’orée de l’été 1942, a le sentiment que
la France Libre se renforce, qu’elle a désormais plusieurs points d’appui –
l’opinion anglo-saxonne, la Russie soviétique et, le plus important, la
Résistance que Jean Moulin s’efforce toujours de rassembler.
Lorsque, à l’Albert Hall, de Gaulle célèbre le deuxième
anniversaire de l’appel du 18 Juin, il soulève l’enthousiasme en
commentant, dès les premiers mots, cette pensée de Chamfort : « Les
raisonnables ont duré. Les passionnés ont vécu ! »
« Je dis que nous sommes des passionnés. Mais en fait
de passion, nous n’en avons qu’une, la France ! Je dis que nous sommes des
raisonnables. En effet, nous avons choisi la voie la plus dure, mais aussi la
plus habile, la voie droite. »
Dans l’assistance, il y a ces jeunes gens qui l’ont rejoint
à Londres en juin 1940, et parmi eux, ceux qui, comme Daniel Cordier, vont être
parachutés en France pour assumer, dans la clandestinité et le risque
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