1942-Le jour se lève
vitesse.
Mais l’avis médical est formel :
« Le maréchal Rommel souffre d’un catarrhe chronique de
l’estomac et des intestins, de diphtérie nasale et d’importants troubles
circulatoires. Il n’est pas en état d’exercer son commandement au cours de la
prochaine offensive. »
Mais chaque jour qui passe accroît le déséquilibre des
forces en faveur de la 8 e armée de « Monty ».
Alors, et bien que les approvisionnements en essence ne
soient pas arrivés, Rommel lance l’assaut contre El-Alamein.
Dans une tempête de sable, les quelques dizaines de panzers
de l’Afrikakorps, appuyés par les chars des divisions italiennes – Littorio,
Ariete, Trieste –, tentent d’avancer.
Mais les champs de mines sont immenses, et n’ont pas été
repérés et neutralisés. L’aviation britannique écrase les assaillants sous un
tapis de bombes. Les chars italiens sont de fragiles machines sans réel blindage.
Ils explosent, brûlent.
Les pertes sont énormes.
Et pour finir, sur les 5 000 tonnes d’essence qui
devaient arriver, 2 600 ont déjà été coulées en mer, et 1 500 se
trouvent encore en Italie !
Il faut prendre acte de l’échec.
4 septembre 1942.
« Très chère Lu,
« Je viens de passer quelques jours très durs. Nous
avons dû mettre fin à l’offensive en raison à la fois de l’état de nos
approvisionnements et de la supériorité aérienne de l’ennemi. Autrement, la
victoire était à nous. Enfin, je n’y puis rien. J’ai fait aujourd’hui pour la
première fois une brève visite à mon quartier général où j’ai même ôté mes
bottes et pris un bain de pieds. J’espère encore que la situation pourra être
rétablie. Toutes mes pensées pour vous et pour Manfred.
« P.-S. : Bismarck tué. Nehring blessé. »
Rommel l’avoue à sa « très chère Lu » :
« Le docteur insiste pour que j’aille me reposer en
Allemagne sans plus attendre. »
Mais il pressent que Churchill se prépare à lancer, à partir
d’El-Alamein, une grande offensive d’ici quatre à six semaines avec des forces
considérables.
« Une victoire allemande dans le Caucase est la seule
chose qui pourrait l’en empêcher. »
Mais qui comprend au Grand Quartier Général du Führer qu’il
faudrait prendre en tenaille le canal de Suez, avec des troupes venues du
Caucase et les unités de l’Afrikakorps, venues du désert, envahissant l’Égypte ?
Au lieu de cette vision stratégique…
« Kesselring – le général commandant en chef –
est venu ce matin. Il arrivait du GQG du Führer.
« La bataille de Stalingrad semble très dure et elle
immobilise quantité de forces dont nous aurions fait meilleur emploi dans le
Sud. »
Mais le Führer décide.
La maladie aussi et, pendant près de six semaines, Rommel
séjourne auprès de son épouse Lu et de leur fils Manfred.
Il retrouve le front d’El-Alamein, le 26 octobre 1942, au
moment où la 8 e armée de Montgomery commence son offensive.
« Très chère Lu,
« Arrivée hier à 18 h 30. Situation critique,
gros travail. Après ces merveilleuses semaines chez nous, j’ai de la peine à me
faire à ce qui m’entoure ici et à la tâche qui est la mienne. La différence est
trop terrible. »
Les vagues successives de bombardiers britanniques
incendient le désert, durant la nuit du 26 octobre.
Vers 2 heures du matin, des milliers de pièces d’artillerie
de tous calibres déclenchent un tir de barrage destructeur dont les explosions
illuminent le ciel.
Aucune contre-offensive ne peut réussir dans ces conditions
et… il n’y a pas d’essence ! La Luftwaffe en a livré 70 tonnes là où
il en faudrait des milliers !
Rommel, harassé, ne peut contenir son pessimisme, sa
lucidité désespérante.
28 octobre 1942.
« Très chère Lu,
« Peut-être n’aurai-je pas la possibilité de vous
écrire dans les jours qui viennent, et qui sait si je l’aurai jamais plus ?
Aujourd’hui, puisque je l’ai encore, j’en profite.
« La bataille fait rage. J’espère que nous arriverons à
tenir, en dépit de tous les facteurs qui nous sont contraires. Mais il n’est
pas exclu que cela tourne mal, ce qui aurait des effets très graves sur le déroulement
général de la guerre. Car l’Afrique du Nord tomberait alors aux mains des
Britanniques en quelques jours, presque sans combat.
« Nous donnerons le meilleur de nous-mêmes, mais
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