Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
1942-Le jour se lève

1942-Le jour se lève

Titel: 1942-Le jour se lève Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
Vom Netzwerk:
Staline qu’il ne doit pas compter
sur l’ouverture d’un “second front” en Europe en 1942, qui soulagerait les « défenseurs »
héroïques de Stalingrad.
    Or c’est là l’exigence de Staline, et promesse en a été
faite aux Russes par les Américains entraînant les Anglais, Churchill contraint
d’approuver du bord des lèvres les engagements de Roosevelt.
     
    Moscou est loin de Londres ! Churchill vole d’abord
jusqu’à Téhéran. Puis c’est encore dix heures d’un vol agité au-dessus des
monts du Caucase.
    Accueil fastueux de Staline – caviar au petit déjeuner !
Mais les premières heures d’entretien sont « mornes et sombres ».
    « J’ai abordé immédiatement la question du second front.
Il était repoussé à 1943 », dit Churchill.
     
    La conversation est longue. Staline laisse souvent un
silence pesant s’installer. Il approuve les bombardements de l’Allemagne par la
Royal Air Force. « Les raids ont un effet considérable », dit-il.
     
    Dans les lettres adressées aux soldats allemands, et que les
Russes ont saisies, on peut mesurer l’importance de ces bombardements sur le
moral de la population germanique. Puis Staline se renfrogne à nouveau.
    « Vous allez vous contenter de payer votre écot en
bombardant l’Allemagne », dit-il.
     
    Churchill observe Staline, s’irrite du ton hautain parfois
méprisant de ce Géorgien retors qui a chaussé les bottes du tsar de toutes les
Russies.
    « Je rencontrais pour la première fois le grand chef
révolutionnaire, le grand homme d’État russe, avec lequel j’allais nouer une
association étroite et très âpre, mais toujours excitante et quelquefois
marquée d’une grande amabilité », dit Churchill.
     

     
    Mais l’amabilité n’est pas de mise lors de cette première
rencontre de 1942, et Churchill s’emporte, frappe du poing sur la table, et
évoque le projet d’un débarquement avant la fin de l’année 1942, en Afrique du
Nord, de troupes américaines.
    C’est l’opération Torch.
     
    « Au fur et à mesure de mon exposé, Staline s’est mis à
manifester un grand intérêt, remarque Churchill.
    « Si nous étions en possession de l’Afrique du Nord à
la fin de l’année, poursuit le Premier ministre anglais, nous pourrions alors
menacer l’Europe de Hitler au ventre, et l’opération doit être envisagée en
liaison avec celle de 1943. C’est ce que les Américains et nous avons décidé de
faire. »
     
    Churchill est éloquent et l’attention passionnée de Staline
le stimule.
    « Pour bien illustrer mon argumentation, dit-il, j’ai
dessiné l’image d’un crocodile. Je m’en suis servi pour expliquer à Staline que
nous avons l’intention d’attaquer simultanément le ventre mou et le museau dur
de cet animal. Staline, dont l’intérêt était maintenant à son comble, s’est
écrié : “Que Dieu favorise cette entreprise.”
    « Il a paru en comprendre brusquement les avantages
stratégiques et il en énuméra quatre : elle permettrait de prendre Rommel
à revers. Elle en imposerait à l’Espagne, déclencherait en France une lutte
entre les Allemands et les Français, et elle ferait porter le poids de la
guerre sur l’Italie.
    « J’ai été impressionné, confie Churchill, par cette
remarquable déclaration. Elle montrait que le dictateur russe était capable de
maîtriser rapidement et exhaustivement un problème tout nouveau pour lui. Très
peu de gens au monde auraient pu comprendre ainsi, en si peu de temps, les
arguments avec lesquels nous nous étions débattus pendant des mois : Staline
avait tout saisi en un éclair…
    « Je lui ai dit que je me tenais à sa disposition pour
le cas où il désirerait me revoir. Il m’a répondu que, selon la coutume russe, c’était
aux visiteurs d’exprimer leurs souhaits et qu’il me recevrait à ma convenance. »
    L’atmosphère est devenue cordiale. Staline a été « instruit
du pire » – le refus d’ouvrir un second front, en Europe, en 1942 –,
mais Churchill veut croire que l’annonce de l’opération Torch a apaisé
le dictateur.
     
    En fait, Staline soumet Churchill à une succession d’amabilités
et d’affrontements. Mais le Premier ministre anglais réagit avec violence, tapant
du poing sur la table, déclarant :
    « J’ai fait tout le voyage depuis l’Europe au milieu de
tous mes problèmes – oui, monsieur Staline, moi aussi j’ai mes problèmes –
et j’espérais

Weitere Kostenlose Bücher