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1942-Le jour se lève

1942-Le jour se lève

Titel: 1942-Le jour se lève Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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la
supériorité de l’ennemi est terrifiante et nos propres ressources tellement
minces !
    « Est-ce que je survivrai à une défaite ? Cela est
dans la main de Dieu. Le sort des vaincus est cruel. Mais je suis heureux dans
ma conscience d’avoir tout fait pour la victoire et de ne pas m’être épargné.
    « Durant ces brèves semaines passées à la maison, j’ai
vraiment senti tout ce que vous et Manfred représentez pour moi. Ma dernière
pensée est pour vous deux. »
     

     
    L’offensive de Montgomery se déploie, écrase l’Afrikakorps, impuissant,
sans approvisionnements.
    « Je n’ai plus grand espoir, écrit Rommel.
    « La nuit, je reste les yeux grands ouverts, incapable
de dormir avec cette responsabilité qui pèse sur moi. Le jour, je suis fatigué
à mourir.
    « Qu’arrivera-t-il si les choses tournent mal ? Cette
pensée me tourmente jour et nuit. Je ne vois pas d’issue. »
     
    Rommel reçoit un message du Duce.
    Mussolini, écrit le maréchal Cavallero, « tient à vous
exprimer sa conviction que la bataille actuelle aura sous votre commandement
une issue victorieuse ».
    Rommel serre les dents pour ne pas hurler. Pourquoi ne
veulent-ils pas voir, comprendre que « l’ennemi avec sa force supérieure
nous éjecte lentement hors de notre position. Cela veut dire que la fin est
proche. Vous imaginez ce que j’éprouve. Raid aérien après raid aérien, après
raid aérien ».
     
    Le 3 novembre, il écrit à sa « très chère Lu » :
    « La bataille tourne très mal. Nous sommes tout
simplement écrasés par le poids de l’ennemi… Je cherche désespérément nuit et
jour un moyen de tirer de là nos malheureuses troupes.
    « Nous allons vers des jours très difficiles, les plus
difficiles peut-être qu’un homme puisse traverser.
    « Je pense constamment à vous avec un cœur plein d’amour
et de gratitude. Peut-être que tout ira bien et que nous nous reverrons. »
     
    Vers midi, le 3 novembre, Rommel regagne son poste de
commandement. Il roule à pleine vitesse, échappe de justesse à un tapis de
bombes lancées par dix-huit appareils anglais.
    À 13 h 30 arrive au PC un message du Führer.
    « Au maréchal Rommel,
    « C’est avec une pleine confiance dans votre talent de
chef et dans la vaillance des troupes germano-italiennes que vous commandez, que
le peuple allemand et moi suivons le déroulement de l’héroïque bataille en
Égypte. Dans la situation où vous vous trouvez, votre seule pensée doit être de
tenir, de ne pas reculer d’un mètre et de jeter dans la bataille toutes vos
armes et tous vos combattants. D’importants renforts d’aviation sont envoyés au
commandant en chef sud. De même, le Duce et le Comando Supremo ne négligeront
aucun effort pour vous procurer les moyens de continuer la lutte. Malgré sa
supériorité, l’ennemi doit se trouver lui aussi à la limite de ses forces. Ce
ne serait pas la première fois dans l’Histoire qu’une volonté forte
triompherait d’un ennemi supérieur en nombre. Vous ne pouvez montrer d’autre
voie à vos troupes que celle qui mène à la victoire ou à la mort. »
    « Adolf Hitler. »
     
    Rommel lit et relit. Les mots « à la victoire ou à la
mort » l’accablent et le révoltent.
    Cet ordre condamne à mort des milliers d’hommes : ceux
de l’Afrikakorps et ceux des divisions italiennes.
    Ce n’est pas d’un tel ordre que l’Afrikakorps a besoin, mais
d’armes et d’essence, de munitions, d’avions !
    Rommel est d’autant plus empli d’amertume que l’appel du
Führer a eu un « grand effet sur le moral des troupes. Elles sont prêtes à
se sacrifier jusqu’au dernier homme conformément aux ordres reçus, note-t-il
dans son journal.
    « Moral magnifique d’une armée dont le dernier soldat
sait que même des efforts surhumains ne peuvent changer l’issue de la bataille ».
    Faut-il les laisser mourir comme le Führer le demande ?
     
    Rommel charge son aide de camp, le lieutenant Berndt, de se
rendre au GQG du Führer afin de lui annoncer que « l’anéantissement
définitif de l’armée blindée germano-italienne ne serait plus qu’une question
de jours si l’ordre du Führer n’était pas rapporté ».
    Rommel rencontre Kesselring, le commandant en chef du
théâtre d’opérations sud, et, d’une voix tendue par l’amertume et l’émotion, n’hésite
pas à lui dire :
    « Jusqu’ici je m’étais imaginé que le Führer me
confiait

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