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1943-Le souffle de la victoire

1943-Le souffle de la victoire

Titel: 1943-Le souffle de la victoire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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opérations frauduleuses : larcins, extorsions de fonds, chantage.
    Les Juifs traqués, les familles des réfractaires sont des
proies faciles.
    On dissimule, sous les mobiles politiques affichés, des
actes de délinquance.
    On spolie, on torture, on assassine, on fusille. On mène aux
côtés des troupes allemandes des opérations contre les maquis.
     
    Les chefs sont à l’image des miliciens qu’ils recrutent.
    « Patriotes dévoyés » comme Darnand, ou fanatiques
comme Joseph Lécussan ; cet officier de marine alcoolique au physique de
colosse brutal est anglophobe, anticommuniste, antisémite.
    Dès 1941, à Toulouse, comme responsable régional du
Commissariat aux questions juives, il a sévi.
    Certains de ses séides, étudiants en médecine, lui offriront
une étoile de David, en peau humaine tannée, découpée sur un cadavre.
     
    Le
29 avril 1943, le maréchal Pétain s’adresse aux chefs régionaux de la
Milice.
    « La Milice a pour priorité, dit le Maréchal, le
maintien de l’ordre, la garde des points sensibles, la lutte contre le
communisme… »
    Le Maréchal poursuit avec solennité :
    « N’oubliez pas non plus que l’une de vos principales
préoccupations doit être de gagner le cœur de la population. Vous devez pour
cela montrer au pays l’exemple de la discipline et d’une vie privée sans tache.
    « Éloignez de votre sein les éléments douteux… Préférez
la qualité au nombre… Évitez l’esprit partisan et les représailles inutiles, sources
de conflits et de vengeance.
    « Basez au contraire votre propagande sur les réalités
en faisant appel au bon sens de chacun… »
     
    Quelles « réalités » connaît le Maréchal, en cette
année 1943 où il va célébrer son quatre-vingt-septième anniversaire ?
     
    En 1943, le chef régional de la Milice à Lyon se nomme
Joseph Lécussan.

 
10.
    Comment la Milice française, avec des « chefs »
tels que Joseph Lécussan et des miliciens qui sont, à son image, gens « de
sac et de corde », prêts à toutes les violences, rêvant de rapines et de
crimes, pourrait-elle, selon le vœu de Pétain, « gagner le cœur de la
population » ?
     
    Elle organise pourtant des distributions gratuites de
marchandises saisies – vivres, vêtements – chez ceux qu’elle appelle
les « profiteurs », les « trafiqueurs », et où les miliciens
perquisitionnent, mais on ne se presse pas autour de ses étals !
    Qui peut croire qu’elle veut pratiquer l’« entraide
sociale » ?
    Qui peut imaginer, comme le dit le ministre et académicien
Abel Bonnard, qu’elle est « formée d’hommes nourris de la moelle des lions » ?
     
    On voit les miliciens briser les portes des appartements où
se terrent des Juifs.
    On les voit tramer des « réfractaires » aux
visages tuméfiés, roués de coups.
    On sait qu’ils torturent et fusillent.
     
    Ils portent un uniforme bleu-noir, sur lequel tranche un
brassard orné de la lettre gamma.
    On lit dans les documents de la Milice qu’elle « a pris
pour insigne le gamma dont la double valeur symbolise très heureusement
la mission révolutionnaire ».
    « Troisième lettre de l’alphabet grec, le gamma est la représentation zodiacale du bélier, symbole de force, mais aussi symbole
de renouveau, car le monde entre au printemps sous le signe du Bélier.
    « La Milice française a pris le gamma pour
insigne parce qu’elle est la force française garante du renouveau français. »
     
    Qui peut prêter attention à ces élucubrations ?
    Ce signe gamma , dit-on, c’est la croix gammée de la Milice !
    On craint ces « salauds », ces « voyous »,
cette pègre, dont le béret est la seule marque française !
    On sait – et au fond d’eux-mêmes les miliciens savent
aussi – que leurs jours sont comptés, et ils sont d’autant plus violents
et cruels qu’ils n’ont plus rien à perdre, et que cette année 1943 qui commence,
marquée au sceau de Stalingrad, est emportée par le souffle de la victoire.
     
    Tout le monde écoute Radio-Londres.
    On y apprend que le président Roosevelt a déclaré devant le
Congrès des États-Unis : « Cette guerre est une lutte entre ceux qui
croient à l’homme et ceux qui n’y croient pas. »
    À Anfa, Roosevelt a exigé de l’Allemagne, du Japon, de l’Italie
« une reddition inconditionnelle ».
    Mussolini peut bien continuer de parader en proclamant que « le
peuple qui tiendra un quart d’heure

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