1943-Le souffle de la victoire
Premier ministre, après avoir
considéré l’ensemble des opérations de la guerre mondiale, sont plus que jamais
persuadés que le monde ne peut retrouver la paix que par l’élimination totale
de la puissance de guerre allemande et japonaise, ce qui permet de ramener les
buts de la guerre à une formule très simple : la reddition
inconditionnelle de l’Allemagne, de l’Italie et du Japon.
« La reddition inconditionnelle implique la ferme
assurance de voir régner la paix dans le monde, pendant des générations.
« Elle n’implique pas la destruction du peuple allemand,
pas plus que celle des peuples italien ou japonais ; mais elle implique la
destruction en Allemagne, en Italie et au Japon d’une philosophie basée sur la
conquête et l’asservissement des autres peuples. »
En ce début d’année 1943…
Alors qu’à Auschwitz, à Maidanek, et dans bien d’autres
lieux, on extermine des centaines de milliers d’humains…
Alors qu’à Stalingrad des centaines de milliers d’hommes se
sont entre-égorgés, massacrés, alors que les bombardements aériens livrent aux
flammes des centaines de milliers de personnes, qu’on se bat du Pacifique à l’océan
Glacial Arctique, que des millions d’hommes et de femmes sont traités comme des
esclaves, la guerre mondiale tombe le masque, elle est une guerre totale.
Et c’est elle qu’au Sportpalast de Berlin exalte Goebbels :
guerre totale, Totalkrieg !
9.
La guerre totale ?
La minorité de Français qui ont pris le nazisme et le III e Reich
pour idéologie et pour modèle la désirent.
Ils se proclament nationaux-socialistes.
Joseph Darnand – héros de 14-18 et de 39-40, ancien
combattant donc, membre dans les années 1930 de la Cagoule, l’organisation
secrète liée au fascisme italien –, ou Marcel Déat – qui fut
socialiste –, ou Jacques Doriot – qui fut communiste –, ou
Philippe Henriot – qui vient de l’extrême droite et fut député – ne
cachent pas leur but : ils veulent préparer « l’avènement en France d’un
État autoritaire et populaire ».
La guerre totale – la Totalkrieg –, ils la
souhaitent.
Ils la vivent déjà et le désastre de Stalingrad rend urgente
sa mise en œuvre.
Ils veulent en finir avec la « modération », les « prudences »,
les « précautions » et les calculs des « politicards de Vichy ».
Eux, à Paris, savent qu’ils sont déjà condamnés à mort par
la Résistance.
Radio-Londres les accuse chaque jour de trahison. Des « tribunaux
patriotiques » les ont jugés, leur ont fait parvenir les attendus du
jugement et souvent un symbolique petit cercueil.
Ils lisent sur les murs leur nom, suivi de « au poteau » !
Pierre Laval, le chef du gouvernement, est proche d’eux. Il
souhaite lui aussi la « victoire de l’Allemagne ».
Mais ce politicien retors est un manœuvrier. Il accepte la
fin violente qu’on lui annonce. Il a déjà été victime d’un attentat. Mais il
cherche aussi une issue, le moyen d’échapper à ce destin – « douze
balles dans la peau, le poteau » – qu’on lui promet. Il est l’incarnation
du double jeu.
Il a en juillet 1940 aboli la III e République,
mais il reste en relation avec des parlementaires qui en sont issus, avec le
grand radical Édouard Herriot qui fut président de la Chambre des députés.
Cependant il croit aussi qu’il lui faut l’atout d’une « force
militaire » qui permettrait d’endiguer la montée de la Résistance, la
naissance des maquis.
Il juge ces manifestations suicidaires, produit d’une « folie
collective entretenue par la propagande étrangère, soutenue par des espoirs
illusoires chez trop de Français ».
La « force militaire » qu’il veut créer rétablira
l’« équilibre », donnera au chef du gouvernement la possibilité de « manœuvrer »
et de contrôler les nationaux-socialistes.
« C’est un avertissement très clair et très ferme, dit-il.
Je souhaite qu’il soit entendu pendant qu’il en est temps encore. »
Mais la guerre totale ?
C’est aussi une autre façon de dire « guerre civile » !
Elle a commencé.
Les « gestapistes » allemands et leurs auxiliaires
français, les policiers des « brigades spéciales », les juges des « sections
spéciales » traquent les « communistes », les gaullistes, les
saboteurs, les Juifs, les réfractaires, qu’ils désignent sous le
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