1943-Le souffle de la victoire
chars
allemands pourront le franchir.
Staline maugrée :
« Nous soutenons seuls le poids de la guerre, dit-il.
« Qu’est-ce que cette guerre que livrent Américains et
Anglais en Afrique du Nord, comparée aux batailles qui se déroulent ici, sur
notre front !
« Qu’attendent-ils pour débarquer en Europe, en France ? »
Staline lit l’ordre du jour dont il a minutieusement choisi
les termes. Il sera publié le 23 février 1943.
En écoutant les premières phrases, les généraux russes se
rengorgent. Staline fait l’éloge de la nouvelle armée Rouge, de ceux qui la
commandent. Et il conclut :
« L’expulsion en masse de l’ennemi a commencé. »
Mais il ajoute aussitôt :
« L’armée allemande a essuyé une défaite mais elle n’est
pas encore écrasée. Elle traverse maintenant une crise mais rien n’indique qu’elle
ne puisse pas se ressaisir. La lutte véritable ne fait que commencer. Il serait
stupide d’imaginer que les Allemands abandonneront sans combat, ne serait-ce qu’un
kilomètre de notre pays. »
Or, l’armée Rouge est épuisée par des semaines d’offensive. Ses
lignes de communication s’étirent. Les routes commencent à être des fleuves de
boue. Il faut les recouvrir de troncs d’arbres pour pouvoir les emprunter.
Et le 21 février, les premières attaques allemandes de
l’offensive de von Manstein sont lancées. Les divisions de l’armée Rouge se
désagrègent, se transforment en une masse confuse de petites unités qui, isolées
les unes des autres, reculent individuellement, sans coordonner leur retraite
et leurs actions.
Les divisions SS – la Grossdeutschland – bien
équipées, attaquent au nord, avancent vers le Donetz.
Les Russes évacuent vers Kharkov, le 13 mars 1943, et
Bielgorod le 16.
Est-ce possible ?
Le cauchemar des printemps 1941 et 1942 va-t-il recommencer ?
Pour les Allemands, cette offensive Manstein, c’est le « miracle
du Donetz ».
Déjà, au grand état-major de la Wehrmacht, on retrouve l’assurance
dans l’invincibilité allemande que le désastre de Stalingrad avait mise en
cause.
Et les généraux et maréchaux du Führer commencent à
envisager une nouvelle offensive d’été.
12.
Hitler se redresse.
Il était voûté, le visage inexpressif paraissant en ces
premiers jours du mois de mars 1943 ne pas écouter les exposés des officiers de
son grand état-major.
Mais lorsqu’ils ont évoqué le « miracle du Donetz »,
les projets d’une offensive d’été, il a semblé s’arracher à la lassitude dans
laquelle il est enfermé depuis le désastre de Stalingrad.
Il a serré sa main gauche dans sa main droite comme s’il
voulait contenir le tremblement de ses doigts, ces symptômes de la maladie de
Parkinson, qui parfois font sursauter l’une ou l’autre de ses jambes.
Il se lève, marche de long en large, s’approche de la table
des cartes, parle d’une voix saccadée, énergique :
« Offensive d’été ! Bien sûr. »
Un officier lui lit un message du Feldmarschall von Kluge, dont
le quartier général est situé dans la région de Smolensk. Kluge l’invite à son
quartier général.
Le Führer accepte aussitôt, fixe la date et l’heure.
Les officiers autour de lui ne peuvent dissimuler leur
étonnement et leur enthousiasme.
Le Führer rendant visite à Kluge, aux soldats du front, personne
n’osait plus l’espérer.
Voilà des semaines que le Führer refuse de quitter son
Quartier Général de Rastenburg, comme s’il ne pouvait plus supporter la réalité,
le désastre de Stalingrad, les reculs sur tous les fronts, la retraite de
Rommel vers la Tunisie, et la capitulation de Paulus, désormais prisonnier des
Russes.
Ceux-ci viennent de créer un Comité pour l’Allemagne Libre, animé
par des communistes allemands.
Ce comité s’adresse par radio, par des tracts parachutés sur
les lignes allemandes, aux soldats, les appelant à la désertion ! Et des
officiers capturés à Stalingrad interviennent sur cette radio.
Et Paulus, Feldmarschall, se prête à cette vilenie, trahit
son serment de fidélité.
Le Führer, enfermé dans son Grand Quartier Général, apostrophe
les officiers, les accuse d’être des lâches. « La formation des officiers
de l’état-major, répète-t-il, est une école du mensonge et de la fourberie. »
Il laisse libre cours à des colères qui l’épuisent.
Il n’a que cinquante-quatre ans, mais
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