1943-Le souffle de la victoire
Olbricht.
Les conjurés disposent de bombes fabriquées par l’Abwehr sur
le modèle d’explosifs anglais, à mèche lente.
Ce 13 mars, ils pensent les faire exploser dans le
Quartier Général, puis au mess.
Mais le Führer, entouré de gardes du corps SS, ne s’attarde jamais.
Il faut donc introduire les explosifs dans son avion.
Les bombes – présentées comme deux bouteilles de cognac –
sont confiées au colonel Brand de l’état-major de l’armée qui consent à se
charger de ce « cadeau » destiné à un général en poste à Berlin.
Mais les bombes n’exploseront pas.
Les conjurés Olbricht, von Tresckow, un officier subalterne,
Fabian von Schlabrendorff, attendront en vain l’annonce de la destruction de l’avion
du Führer et donc de la mort de Hitler.
Un message annonce au contraire que le Führer a atterri à
Rastenburg.
« Nous fûmes comme assommés », raconte l’un des
conjurés.
Il faut récupérer les deux « bouteilles de cognac »
car la découverte des bombes entraînerait la mort de dizaines d’officiers. Ils
y parviennent.
Le 21 mars 1943, ils font une nouvelle tentative lors
de la cérémonie en l’« honneur des héros » qui doit rassembler à
Berlin, au musée de l’Armée, le Führer, Himmler, Goering.
Le colonel von Gersdorff, de l’état-major de von Kluge, prêt
à mourir, emporte dans chacune des poches de son manteau une bombe. Mais une
fois de plus c’est l’échec. Hitler ne passe que quelques minutes au musée, délai
trop court pour la mise à feu des bombes.
Les conjurés découvrent à cette occasion que le Führer
change à la dernière minute son programme, ce qui lui permet de déjouer les
attentats. En outre, les SS l’entourent et il porte un képi doublé de plaques d’acier !
Pourtant, l’échec de ces deux tentatives conforte les
conjurés dans leur détermination et d’autant plus que, pour la première fois
depuis la guerre, ils constatent un frémissement dans l’opinion.
À l’université de Munich, des étudiants – Hans Scholl
et sa sœur Sophie – rédigent des tracts, les diffusent, et créent un petit
groupe qui s’intitule « Les lettres de la Rose blanche ».
Le Gauleiter de Bavière, Giesler, les convoque, les menace, les
insulte.
Les étudiants inaptes au service armé seront affectés à des
travaux utiles à la patrie. Quant aux étudiantes, dit-il, « si certaines
de ces demoiselles manquent du charme suffisant pour attirer un compagnon, j’assignerai
à chacune d’elles un de mes adjoints et je puis leur promettre une expérience
des plus plaisante ».
Giesler est hué. Des étudiants manifestent dans les rues de
Munich, Hans et Sophie Scholl jettent des tracts du haut du balcon de l’université.
Le 19 février, ils sont dénoncés et arrêtés.
Ils comparaissent devant le Tribunal du Peuple présidé par
Roland Freisler qui vocifère emporté par sa haine et sa rage de fanatique.
Hans et Sophie Scholl ont osé écrire dans un de leurs tracts :
« Avec une certitude quasi mathématique, Hitler conduit l’Allemagne dans
un gouffre, il ne peut pas gagner la guerre alors il la prolonge. Sa
responsabilité morale et celle de ses séides ont passé toute mesure. Le
banditisme ne peut donner une victoire à l’Allemagne. Séparez-vous, alors qu’il
en est encore temps, de tout ce qui est nazi. »
L’enquête de la Gestapo a permis d’arrêter un professeur, Kurt
Huber, maître à penser des étudiants. Certains d’entre eux sont en contact avec
des proches de l’« Orchestre rouge », le réseau de renseignements
soviétique.
L’interrogatoire par la Gestapo est brutal. Les étudiants et
le professeur Huber reconnaissent les faits. Ils ont en effet rédigé et
distribué des textes – dont certains, parvenus à Londres, seront imprimés
à des dizaines de milliers d’exemplaires et largués au-dessus de l’Allemagne
par les… bombardiers de la Royal Air Force.
Le 22 février 1943, le Tribunal du Peuple juge Hans, Sophie
Scholl et Kurt Huber coupables de trahison et les condamne à être décapités.
Sophie Scholl, qui a eu la jambe brisée lors des
interrogatoires, déclare, appuyée sur ses béquilles, face au président du
Tribunal, qu’elle est fière d’avoir écrit sur les murs de l’université « Liberté »,
« Hitler massacreur ».
Au Président Freisler, qui l’interrompt, elle lance :
« Vous savez
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