1943-Le souffle de la victoire
plus les harangues de Goebbels. On ne lit plus
les journaux : « ce sont des absurdités, des mots creux ». Le
service de sécurité des SS constate que de « larges secteurs de la
population se ferment volontairement à la propagande sous sa forme actuelle ».
« Les histoires que les camarades évacués ont répandues
ont créé un effet de choc et d’immense consternation sur tout le territoire du
Reich. »
Des membres du Parti se font insulter. Personne ne répond à
leur « Heil Hitler ».
Le général Jodl, parlant devant les Gauleiters nazis réunis
à Munich, peint la situation avec des couleurs sombres.
« Ce qui pèse le plus lourdement sur le pays et en
conséquence par réaction sur le front, dit-il, ce sont les raids de terreur de
l’ennemi sur nos foyers, sur nos femmes et nos enfants. À cet égard, la guerre
a pris par la seule faute de l’Angleterre un caractère que l’on ne croyait plus
possible depuis le temps des guerres raciales et des guerres de Religion.
« L’effet psychologique, moral et matériel de ces raids
de terreur est tel qu’il faut absolument les enrayer, si on ne peut totalement
les empêcher. »
Jodl n’hésite pas à ajouter alors qu’un silence pesant
écrase la salle :
« Le démon de la subversion circule dans le pays entier.
Les lâches cherchent un moyen d’en sortir ou, comme ils le prétendent, une
solution politique. Ils disent que nous devons négocier pendant que nous avons
encore quelque chose en main. »
23.
En juillet 1943, le Führer, ses généraux et maréchaux
pensent encore qu’ils ont entre leurs mains ce « quelque chose » qui
leur permettra de rétablir la situation du Reich, et ainsi de pouvoir négocier
avec l’un ou l’autre de leurs ennemis.
Ce « quelque chose », c’est l’attaque qu’ils
préparent sur le front de l’Est, entre Orel et Bielgorod, contre le « saillant
de Koursk », cette avancée russe, comme une tumeur, qu’il faut cisailler
en l’attaquant à sa base, au nord vers Orel, au sud vers Bielgorod.
« Nous devons rattraper en été ce qui a été perdu en
hiver », répète le Führer. Ce sera l’opération Zitadelle.
Aucun des officiers de son Grand Quartier Général ne peut
résister au Führer, dont ils perçoivent pourtant l’angoisse.
À la veille de lancer l’offensive décisive qui peut effacer
les désastres de Stalingrad ou au contraire sceller le sort de la guerre à l’Est,
le Führer n’a-t-il pas confié à Guderian : « Chaque fois que je pense
à Zitadelle , j’ai mal au ventre » ?
Mais en dépit de cela, et des réticences des généraux Jodl
et Model, du scepticisme de Guderian, la décision est prise : attaquer !
On attend que parviennent aux Panzerdivisionen les nouveaux
modèles de chars lourds – Tigre et Panther – qui
doivent dominer les T34 et les KV soviétiques.
On concentre sur moins de 50 kilomètres de front neuf
des plus belles divisions de l’armée allemande, parmi lesquelles les divisions
SS Leibstandarte, Das Reich, Totenkopf.
Les officiers de chars abandonnent, pour se rendre en
première ligne afin d’observer le terrain, leur uniforme noir comme si les
Russes pouvaient ignorer la présence de Panzerdivisionen.
Ces officiers découvrent devant eux une vaste plaine coupée
de nombreuses vallées, et dont le sol monte en pente douce vers le nord, favorisant
la défense russe. Partout s’étendent de grands champs de blé qui limitent la
visibilité.
Ces officiers et leurs généraux n’imaginent pas que l’état-major
russe a percé les plans du Führer et qu’il a fait du saillant de Koursk, en
effet, une citadelle où s’entassent 20 000 pièces d’artillerie –
dont 6 000 canons et antichars, des centaines de lance-fusées
Katioucha !
Les champs de mines antichars et antipersonnel atteignent
une densité de 2 500 engins au kilomètre !
D’immenses fossés antichars – de 4,50 mètres de
profondeur – ont été creusés. Des tranchées étroites permettent aux
fantassins de progresser dans les champs de mines et d’attaquer les tanks
allemands qui auront échappé aux canons antichars et aux mines.
Les tanks T34 sont à l’affût en arrière de ce réseau
défensif. Des centaines de milliers d’hommes sont concentrés, prêts à s’élancer.
« Le terrain dont nous avons effectué un relevé
topographique, explique un capitaine de l’armée Rouge, est piqueté
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