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1943-Le souffle de la victoire

1943-Le souffle de la victoire

Titel: 1943-Le souffle de la victoire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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vous adresser cette lettre
pour vous donner leur point de vue sur les tâches, les possibilités et les
besoins actuels de la Résistance en France. »
    En fait, Tillon se plaint de recevoir une aide insuffisante
de la part du Comité Français de Libération Nationale (CFLN).
    Il souhaite « entraîner des masses de plus en plus
larges de jeunes réfractaires à la guérilla immédiate  ».
    Tillon réclame des armes :
    « Nous vous promettons, mon Général, de bien les employer. »
     
    Tillon ne reçoit pas de réponse. Qui peut affirmer, en cet
été 1943, que les communistes ne pensent pas seulement à l’« insurrection
nationale » contre l’occupant, mais aussi à la prise du pouvoir une fois
la Libération intervenue ?
    Mais ces arrière-pensées, ces rivalités, ces suspicions n’apparaissent
pas aux habitants de Marseille, de Grenoble, de Saint-Étienne, de
Clermont-Ferrand, des villes de la région parisienne, du Havre, qui voient
défiler des milliers de manifestants le 14 juillet 1943, chantant La
Marseillaise, célébrant, drapeaux tricolores déployés, la fête nationale.
    Ces cortèges patriotiques rassemblent 50 000 citoyens
à Marseille, 15 000 à Grenoble…
    Quant aux FTPF, ils attaquent un détachement allemand avenue
de la Grande-Armée, tout près de la place de l’Étoile.
     
    La répression s’abat sur ces « terroristes ». Ils
sont pourchassés par des Brigades spéciales de la police « française »,
torturés, jugés par des « sections spéciales » de magistrats « français »,
condamnés à mort.
    Ainsi Marcel Langer, fondateur d’un groupe de FTPF, est-il
guillotiné dans la cour de la prison de Toulouse, le 23 juillet 1943, après
un implacable réquisitoire du procureur général Lespinasse. Ce magistrat sera
abattu par des camarades de Langer, le 10 octobre 1943.
     
    Ainsi s’esquisse, en cet été 1943, les traits d’une guerre
civile en France, entre la minorité résolue des collaborateurs et les
résistants, minorité eux aussi, mais bénéficiant de la sympathie active de la
population.
    Les Français n’aspirent qu’à la Libération. Ils rejettent le
Service du Travail Obligatoire (500 750 requis sont partis en Allemagne) ou
les nouvelles mesures antisémites.
    En août 1943, Darquier de Pellepoix – qui est à la tête
du Commissariat aux Questions Juives – prépare un projet de loi qui
prévoit la dénaturalisation de tous les Juifs français, de leurs femmes et de
leurs enfants, ce qui entraînerait d’office leur arrestation et leur
déportation.
    Assez ! C’est le cri intérieur des Français. Assez !
    Ils rêvent à ce jour du Débarquement  – ce mot
murmuré, répété sans fin – qui apportera la Libération.
     
    Mais quand les Américains débarqueront-ils ?
    À l’automne 1943 ? Au printemps 1944 ? Chacun s’interroge,
attend, espère.
     
    Le 10 juillet, les Anglo-Américains ont débarqué en
Sicile. Mais les Français ont été tenus à l’écart de cette opération. On s’étonne.
Pourquoi a-t-on choisi de prendre pied en Europe, à la pointe la plus éloignée
de la France et de l’Allemagne, dans cette immense île qui est au bout de la
botte italienne ?
     
    Pourquoi n’a-t-on pas consulté les Français alors qu’un
accord est en passe d’être conclu entre de Gaulle et Giraud, l’un devenant le
seul président effectif du Comité Français de Libération Nationale , l’autre –
Giraud – gardant son titre présidentiel sans en exercer les fonctions et
nommé au commandement des forces militaires qui comptent plusieurs centaines de
millions d’hommes ?
     
    C’est d’eux que parle de Gaulle, le 14 juillet, place
du Forum à Alger, devant une foule immense couronnée de drapeaux.
    Il exalte, « après trois années d’indicibles épreuves, le
peuple français qui reparaît en masse, rassemblé, enthousiaste sous les plis de
son drapeau ».
    « Français ! Ah ! Français ! lance de
Gaulle, il y a quinze cents ans que nous sommes la France et il y a quinze
cents ans que la patrie demeure vivante dans ses douleurs et dans ses gloires. L’épreuve
présente n’est pas terminée, mais voici qu’au loin se dessine la fin du pire
drame de notre Histoire… »
     
    Chacun de ces mots avive l’impatience et l’espérance.

 
22.
    L’impatience et l’espérance, en cet été 1943, ne peuvent
effacer la souffrance qui s’impose à tous les peuples des nations en

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