1943-Le souffle de la victoire
font de l’île une citadelle
inexpugnable. Quatre divisions allemandes complètent ce dispositif.
Mais il suffit de quelques heures pour comprendre que les
Italiens ne se battront pas. Seuls les Allemands livrent des combats acharnés
tout en se repliant, pas à pas, vers le détroit de Messine.
Le commandement allemand est révolté par l’attitude des
Italiens. Le 12 juillet, la base d’Augusta s’est rendue aux Britanniques. L’amiral
italien a fait sauter toutes les batteries côtières avant d’avoir vu un seul
soldat anglais.
On dit que les Américains ont parachuté des membres de la
mafia extraits des prisons des États-Unis pour prendre contact avec les « parrains
locaux » de l’« honorable société » afin de les inciter à
organiser la reddition des troupes italiennes.
La Sicile, prédit Rommel, devra être abandonnée.
Il dresse un tableau sombre de la situation du Reich.
« Nous perdons jusqu’à 30 sous-marins par mois. Bien
entendu, nous allons produire encore plus d’armes et de munitions en
conséquence de la mobilisation de la main-d’œuvre décrétée au début de l’année
1943. »
Il s’interrompt, observe le Führer.
« Mais même alors, ajoute Rommel, pourrons-nous faire
face contre le reste du monde ? »
Rommel appréhende la colère du Führer quand celui-ci se
redresse, le foudroie du regard et, le visage secoué par des tics, commence à
parler. La voix est sourde, le ton grave.
« Je me rends bien compte, dit-il, qu’il reste peu de
chances de gagner la guerre. Mais l’Occident ne veut pas conclure de paix avec
moi alors que je n’ai jamais désiré la guerre contre l’Ouest. Eh bien, les Occidentaux
vont avoir leur guerre, ils l’auront jusqu’au bout. »
Hitler se lève, va et vient, penché, les mains derrière le
dos.
« Si le peuple allemand est incapable de vaincre, s’écrie-t-il
tout à coup, alors qu’il crève ! De toute façon, les meilleurs sont déjà
morts. S’il doit être vaincu, que le peuple se batte pour chaque maison, qu’il
ne laisse rien debout ! Un grand peuple doit mourir héroïquement, c’est
une nécessité historique ! »
« On a parfois l’impression que le Führer n’est plus
très normal », confie Rommel à son fils Manfred, qui s’apprête à s’engager
comme soldat auxiliaire de la Luftwaffe.
Puis Rommel, pour faire oublier ce commentaire et justifier
sa fidélité, en cet été 1943, au Führer, précise à son fils :
« Il faudra t’habituer à obéir rapidement et sans
hésitation aux ordres de tes supérieurs. Souvent ces ordres ne te plairont pas,
souvent tu ne les comprendras pas. Obéis pourtant sans discussion. Un chef ne
peut entrer dans de longues explications avec ses subordonnés, il n’a pas le
temps d’indiquer ses raisons… »
Ainsi le Führer, s’appuyant sur la morale traditionnelle des
officiers, continue-t-il de régner sur ces esprits formés à l’obéissance
absolue.
Et Rommel s’incline, accepte les décisions du Führer :
« J’apprends, écrit-il le 18 juillet 1943, qu’on a
conseillé au Führer de ne pas me donner le commandement en Italie parce que je
serais mal disposé pour les Italiens. J’imagine qu’il y a de la Luftwaffe –
Goering ! – derrière cela. Mon envoi en Italie est donc remis. Le
Führer va probablement rencontrer le Duce. »
Hitler veut conforter le Duce dont la situation est
difficile.
Le roi d’Italie, Victor-Emmanuel III, les maréchaux et
généraux, le plus souvent monarchistes, conspirent pour chasser le Duce du
gouvernement qu’il préside depuis 1922 !
Les monarchistes espèrent ainsi préserver le roi, l’avenir
de la royauté.
La chute du Duce permettrait de rompre avec l’Allemagne
nazie et de se débarrasser du fascisme, accepté tant qu’il était triomphant, détestable
maintenant que les revers militaires montrent sa faiblesse. Et le désir des
Italiens de retrouver la paix et la liberté est irrésistible.
Mais les dignitaires fascistes, les plus lucides, ont le
même objectif – chasser Mussolini, rompre avec les Allemands – mais
leur finalité est autre : ils espèrent ainsi sauver le fascisme et leur
pouvoir.
Ils obtiennent de Mussolini qu’il convoque pour le samedi 24 juillet
1943 le Grand Conseil Fasciste, où ils escomptent mettre Mussolini en minorité.
Le 18 juillet dans la matinée, l’ambassadeur allemand
von Mackensen apporte à
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