1943-Le souffle de la victoire
permettre l’arrestation de ces terroristes, soit aux services
allemands, soit aux services français. Une discrétion absolue est garantie.
« Au surplus, le Kommando de la Sicherheitspolizei
SD à Lyon offrira une récompense de 100 000 francs chaque fois que la
découverte et l’arrestation de terroristes auront été rendues possibles à la
suite de renseignements fournis par la population aux services allemands.
« Les Français qui manifesteraient de la
complaisance à l’égard des terroristes, ou qui tarderaient à signaler les plans
de sabotage des terroristes et toutes les circonstances suspectes dont ils
auraient pu avoir connaissance, se feraient les complices de ces individus et
seraient passibles de peines sévères.
« Lyon, novembre 1943. »
La guerre est donc là, écrasant le pays, répandant la « terreur ».
Les bombardements aériens – de nuit, de très haute
altitude – provoquent des milliers de victimes : plus de 2 000
en un seul raid, à Nantes, en septembre 1943.
Paris est frappé pour la première fois ce mois-là : 105 morts,
205 blessés.
Lyon, Marseille, Nice, Chambéry, Saint-Étienne, Avignon, Nîmes,
Grenoble, Rouen sont bombardés à leur tour et ce sont là, chaque fois, des
centaines, des milliers de victimes.
Au total, de 1941 à 1944, on dénombre 67 078 morts
et 75 660 blessés.
Les collaborateurs, la Milice, les autorités organisent de
grandes cérémonies funèbres et stigmatisent les « criminels » anglais
et américains qui frappent la population civile.
Mais au lieu de dresser l’opinion contre les « Anglo-Américains »,
ces bombardements sont acceptés, comme une fatalité que seuls le « Débarquement » –
le mot est répété comme un viatique – et la « Libération »
feront cesser.
Pétain et ses proches mesurent l’opprobre qui les frappe.
Ils veulent se séparer de Pierre Laval, symbole de cette
collaboration sanglante dont le pays ne veut pas et qui fait du chef du
gouvernement un homme haï par la majorité des Français.
Il ne faut pas que le naufrage de Laval entraîne celui du
Maréchal.
En novembre 1943, les proches du Maréchal le poussent à
affirmer son hostilité à Laval et à sa politique de collaboration. Des
conciliabules rassemblent des élus du Parti radical – près de 200 – qui
en appellent au Maréchal.
« Où en êtes-vous, monsieur le Maréchal, après quarante
mois de pouvoir légal ? »
« Il est temps, monsieur le Maréchal, d’acheminer la
France de la colère à la justice et de réaliser notre pacification intérieure
par le retour à la vie normale d’une République… »
« […] L’adresse que voici est une sommation
respectueuse mais ferme. Nous vous invitons à nous convoquer dans la même forme
et aux mêmes fins que nos aïeux de 1871. »
La manœuvre se veut habile : on rompt avec Laval, et on
devance de Gaulle.
On rêve de s’appuyer sur le général Giraud.
« En se désolidarisant de M. Laval, écrit ainsi un
conseiller de Pétain, devenu attaché d’ambassade à Berne… en dénonçant la
collaboration, en prenant vis-à-vis d’Alger la position que nous avons dite, le
Maréchal tend la main discrètement au mouvement autochtone de résistance. »
Il est bien tard pour conduire cette manœuvre !
De Gaulle a écarté Giraud, et les résistants sont unis dans
le Conseil National de la Résistance.
Les Allemands sont sur leurs gardes : ils ne laisseront
pas Pétain chasser Laval.
Hitler l’écrit lui-même.
« Le gouvernement du Reich ne permettra pas le retour d’incidents
analogues à ceux du 13 décembre 1940 et ne laissera pas mettre à nouveau
en question la continuité du développement politique entre la France et les
puissances de l’Axe. »
Marcel Déat, Philippe Henriot, Doriot, Marion, et les autres
membres des partis collaborationnistes, alertés, dénoncent ces cabales.
Laval est serein : la Milice de Darnand, Obersturmführer
des Waffen-SS, est à ses ordres.
Et les projets de « révision constitutionnelle »
élaborés par l’entourage de Pétain afin de l’écarter font sourire le politicien
madré qu’est Laval.
Pétain s’impatiente, convoque Laval, fin octobre 1943.
« Vous n’êtes plus l’homme de la situation, vous êtes
incapable de maintenir l’ordre dans le pays, lui lance Pétain. Vous êtes
suspect aux Allemands, vous les avez déçus ! »
Laval ne répond pas, ne
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