Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
1943-Le souffle de la victoire

1943-Le souffle de la victoire

Titel: 1943-Le souffle de la victoire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
Vom Netzwerk:
du crime » ? Non, l’armée
française !
    La démonstration de Romans-Petit est spectaculaire.
    « Je dépose une gerbe en forme de croix de Lorraine
avec la mention “Les vainqueurs de demain à ceux de 14-18”. Je demande une
minute de silence. Après la sonnerie aux morts, j’entonne La Marseillaise ,
reprise avec ferveur par toute la foule, soit par plusieurs milliers de
personnes. »
     
    Un journal clandestin, Bir Hakeim, publie le
reportage photographique de cette « prise d’armes », et la presse
anglaise et américaine le reproduira.
     
    Les Allemands ne réagissent pas, laissant les « forces
de l’ordre » de Vichy intervenir. En fait, un accord est conclu entre un
officier des gardes mobiles et les maquisards qui se sont repliés, évacuant la
ville sans dommage.
    « Cet épisode de notre action faisait désormais partie
de l’imagerie populaire… écrit Romans-Petit. Nous avions, nous, résistants, à
prouver notre existence afin de recevoir une aide accrue. C’était un de nos
objectifs. Il a été atteint. »
     
    De Gaulle félicite Romans-Petit.
    Il déclare à Alger :
    « Ce 11 novembre 1943, vingt-cinquième fête de la
Victoire, nous sentons tous que la France l’a choisi comme la date du
rassemblement national… »
    « Vingt siècles d’Histoire sont là pour attester qu’on
a toujours raison d’avoir foi en la France. »

 
34.
    Le Führer écoute, les yeux clos, un officier de son
état-major lire un rapport sur la situation en France, et les événements
survenus le 11 novembre 1943.
     
    Hitler serre ses mains parce qu’il sait que s’il les
laissait libres elles se mettraient à trembler.
    Il ne peut plus entendre cette succession de nouvelles
noires sans que son corps réagisse indépendamment de sa volonté.
    Il interrompt l’officier et, d’un geste, l’invite à quitter
la salle.
     
    Il regarde ses généraux, ses maréchaux.
    Il n’a aucune confiance dans cette caste militaire.
    Tous ces hautains personnages, ces chefs de guerre – Keitel,
Zeitzler, Manstein – et avant eux le Reichmarschall Goering, l’ont assuré
que Stalingrad serait le tombeau de l’armée Rouge ! Puis que l’opération Zitadelle serait la revanche, et ce fut une défaite complète ! Le gaspillage de la
réserve de chars, la chute de Kharkov et de Smolensk, la retraite jusqu’au
Dniepr, et cette ligne de défense qu’il avait fallu aussi abandonner.
    Et l’Ukraine tout entière reconquise par les Russes, Kiev à
son tour perdue !
    Les voilà, ces généraux, ces maréchaux !
    Il respecte Model et Guderian. Les autres sont de la même
espèce que le maréchal Pétain, que le maréchal Badoglio, attendant l’occasion
pour le renverser, l’un avait fait arrêter Laval en décembre 1940 et l’autre
avait renversé le Duce Mussolini !
    Hitler sait qu’ils cherchent à le tuer, qu’ils l’ont tenté
déjà cinq fois depuis le mois d’août 1943 !
     
    Il les observe. Il n’ignore rien de leurs conciliabules.
    Goering a été approché lors d’un séjour à Vienne par le
Gauleiter Halder von Schirach, le fondateur des Hitlerjugend. Von Schirach a
invité Goering à « parler à Hitler dans l’intimité ».
    « Mes jeunesses hitlériennes et moi, nous sommes avec
vous et il y a pléthore de gens qui sont prêts à agir… Nous devons faire cause
commune… Voilà ce qu’on attend de vous en tant que Reichmarschall. »
    Goering avait – racontait le témoin – allumé une
longue et fine cigarette « d’importation » et dit d’une voix lasse, teintée
d’amertume :
    « Parler seul à Hitler, ça, c’est une idée ! Nous
ne nous sommes jamais vus en tête à tête ces derniers temps ! Si vous
pensez que ça m’amuse ce sacré métier. »
    Emma Goering avait mis sa main sur la bouche de son mari.
    « N’en parlons plus, tout finira par s’arranger ! »
     
    Hitler ne veut plus entendre ces rapports. Il s’abandonne
aux prescriptions du docteur Morell, il écoute les prophéties de son astrologue,
le docteur Wulf.
    Il répète à ses maréchaux et généraux qu’il faut résister à
tout prix parce que « l’espace c’est du temps » ; et qu’il faut
gagner du temps, imposer aux ennemis des batailles si dures qu’ils se
décourageront, que la coalition des Alliés sera détruite, éclatera, victime de
ses tensions.
     
    Mais c’est déjà l’hiver en Russie, le sol gèle puis se
transforme pour quelques heures en un océan

Weitere Kostenlose Bücher