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1943-Le souffle de la victoire

1943-Le souffle de la victoire

Titel: 1943-Le souffle de la victoire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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rend plus visite au Maréchal, mais
il se tient informé des intentions de Pétain, enfermé lui aussi – mais à l’étage
supérieur ! – à l’hôtel du Parc.
    Pétain rédige une lettre à Laval, lui rappelant les termes
de leur entretien, et surtout Pétain prépare un appel au pays qui doit être
radiodiffusé le 13 novembre 1943.
    Pétain en a corrigé plusieurs fois les termes.
     
    « Français,
    « Le 10 juillet 1940, l’Assemblée nationale m’a
donné mission de promulguer par un ou plusieurs actes une nouvelle Constitution
de l’État français…
    « J’incarne aujourd’hui la légitimité française. J’entends
la conserver comme un dépôt sacré et qu’elle revienne à mon décès à l’Assemblée
nationale de qui je l’ai reçue si la nouvelle Constitution n’est pas ratifiée.
    « Ainsi, en dépit des événements redoutables que
traverse la France, le pouvoir politique sera toujours assuré conformément à la
loi… »
     
    Pétain s’illusionne. Le temps s’est écoulé depuis juillet
1940. Les Allemands n’ont plus besoin de ménager Pétain. Ils occupent toute la
France. L’État français de Vichy ne représente plus rien. Ils n’ont plus d’égards
pour ce vieillard de quatre-vingt-sept ans qui se proclame encore chef de l’État.
    Ils exigent de connaître les termes de l’appel du Maréchal
aux Français.
    Pétain cède en maugréant, disant au représentant allemand à
Vichy, Krug von Nidda :
    « Cette histoire ne vous regarde pas ! »
    Et, faisant allusion aux défaites allemandes sur le front de
l’Est, il ajoute :
    « Est-ce que je vous demande pourquoi vous avez évacué
Jitomir ? »
     
    Les autorités allemandes n’hésitent pas. Elles décident d’empêcher
la diffusion de l’appel de Pétain.
    « Je constate le fait et je m’incline, dit Pétain, mais
je vous déclare que, jusqu’au moment où je serai en mesure de diffuser mon
message, je me considère comme placé dans l’impossibilité d’exercer mes
fonctions. »
     
    Le dimanche 14 novembre 1943, Pétain n’assiste pas à la
cérémonie hebdomadaire de lever des couleurs. Il ne va pas à la messe à l’église
Saint-Louis… mais à l’église Saint-Biaise.
    Le docteur Ménétrel, qui ne le quitte jamais, murmure :
    « Le Maréchal va faire la grève sur le tas ou plus
exactement sur l’État. »
    Un jeu de mots pour caractériser une illusion et une farce
politiques.
    « Je ne convoquerai pas les ministres », déclare
Pétain, comme si cela avait encore de l’importance, au-delà du petit cercle des
« collabos » et des conseillers attachés au Maréchal.
    Car il faut être totalement coupé des réalités du pays pour
écrire au Maréchal, ainsi que le fait l’ancien député Frossard : « Vous
avez sauvé la France une troisième fois. »

 
33.
    Le maréchal Pétain, en cette mi-novembre 1943, n’est plus
pour les Français un sauveur.
    On ne le hait point ; il arrive même qu’on plaigne ce
vieillard auquel on a fait confiance, il y a si longtemps, il y a un peu plus
de trois ans.
    Mais le « vainqueur de Verdun », tant de fois
célébré, l’homme providentiel de juin et de juillet 1940, qui arrêtait la
guerre « le cœur serré », celui dont on célébrait le dévouement –
n’avait-il pas dit : « Je fais don de ma personne à la France » ? –
est à peine un souvenir, une apparence qui ne fait plus illusion.
     
    La réalité de la France, ce ne sont pas les dérisoires, les
tortueuses et chimériques manœuvres de Pétain et de ses proches qui l’expriment.
    Elle n’est pas non plus dans ces miliciens qui se pavanent
en uniforme noir, dont les chefs ont prêté serment à Hitler et se sont engagés
dans les Waffen-SS, tout en restant à la tête de la Milice aux côtés de Joseph
Darnand.
    Ceux-là sont des tueurs sinistres, les autres ne sont que
des misérables qui cherchent à survivre à la défaite de l’Allemagne que tout
annonce.
     
    Le maréchal Pétain, qui joue encore les nobles vieillards, habité
par le sens de l’honneur, n’est pas même capable de protester contre l’interdiction
faite par les Allemands de célébrer le vingt-cinquième anniversaire du 11 novembre
1918.
    Pire, son « gouvernement » édicte la même mesure d’interdiction
de toute manifestation, ce 11 novembre 1943.
    Et c’est celui qui se présentait comme le « vainqueur
de Verdun » qui couvre ces décisions de son

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