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1944-1945-Le triomphe de la liberte

1944-1945-Le triomphe de la liberte

Titel: 1944-1945-Le triomphe de la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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même.
    Laval est épuisé, anxieux, pris au piège.
    Il télégraphie au ministre des Affaires étrangères espagnol,
Lequerica, qui fut ambassadeur d’Espagne à Vichy. Il demande l’autorisation
« de pouvoir pénétrer en Espagne, en attendant des jours meilleurs ».
    « C’est un vieillard usé et fatigué qui vous écrit. Et
en souvenir de notre longue amitié, je vous dis à l’avance merci. »
     
    Lequerica ne répond que dix jours plus tard.
    Long calvaire pour Laval, insomnies, angoisses, tentation de
briser l’ampoule de poison cachée dans sa pelisse.
    Lequerica accorde un droit de séjour de trois mois, dans
l’enceinte de la forteresse de Montjuic. Il ne sera pas livré aux autorités
françaises, si celles-ci le réclament, mais il sera remis… aux autorités
alliées si elles l’exigent !
    On sait bien que celles-ci le remettront… à leur allié
français.
     
    Le 2 mai 1945, un Junker 38 de la Wehrmacht est
mis à la disposition de Laval. Il doit décoller de l’un des derniers aérodromes
contrôlés par les Allemands.
    Laval et sa femme, leur ami Maurice Gabolde ont pris place à
bord.
    Il reste deux places. Abel Bonnard, dont le départ est
prévu, pleure, implore, supplie, éructe, pour qu’on embarque son frère et non
le journaliste Hérold-Paquis, l’un des plus virulents éditorialistes de la
collaboration.
    Scène sordide, au terme de laquelle l’ancien ministre de
l’Éducation nationale l’emporte.
    L’avion atterrit à Barcelone, dans l’après-midi de ce
2 mai 1945. Laval sait qu’il n’a obtenu qu’un sursis.
    L’Espagne franquiste fascisante, à laquelle Mussolini et
Hitler ont apporté leur aide, est restée prudente tout au long de la guerre.
Elle ne peut se permettre d’être solidaire d’un vaincu, si les vainqueurs le
réclament.
     
    L’Espagne franquiste, le maréchal Pétain la connaît
bien ! Il a été, à la fin de la guerre civile espagnole, nommé ambassadeur
de France à Madrid parce qu’on connaît l’estime que se portent réciproquement
le général Franco et le Maréchal.
    Et cependant Pétain, en ce printemps 1945, ne désire en rien
se réfugier en Espagne – ou en Suisse.
    Il a appris que son procès s’ouvrirait à Paris. Il veut y
être présent.
    Il s’adresse à Hitler, « chef de l’État
grand-allemand » pour que celui-ci l’autorise à regagner la France par la
Suisse.
    « Je veux défendre mon honneur de chef et protéger par
ma présence tous ceux qui m’ont fait confiance », écrit-il au Führer.
    Il va célébrer le 24 avril 1945 son
quatre-vingt-neuvième anniversaire.
    « À mon âge, conclut-il, on ne craint qu’une
chose : c’est de n’avoir pas fait tout son devoir et je veux faire le
mien. »
     
    Les Allemands redoutent une poussée alliée. Ils connaissent
les ordres donnés par de Gaulle à de Lattre :
    « Mon général, écrit de Gaulle, il faut que vous
passiez le Rhin même si les Américains ne s’y prêtent pas, et dussiez-vous le
passer sur des barques. Il y a là une question du plus haut intérêt national.
Karlsruhe et Stuttgart vous attendent si même ils ne vous désirent pas. »
     
    Hitler ne veut pas que Pétain tombe aux mains des Alliés. La
décision est prise de lui faire quitter Sigmaringen, en direction du sud-est.
Pétain refuse.
    « S’il faut passer des menottes au Maréchal, je le
ferai », avertit l’Obersturmführer SS Boemelburg. Et Pétain ne peut que
s’incliner.
    Les routes sont couvertes par le flot de l’exode qui charrie
femmes, enfants, soldats, prisonniers, déportés, SS qui tuent.
    Et les chars américains sont seulement à une vingtaine de
kilomètres. Ils se sont emparés d’Ulm.
    Le diplomate allemand qui accompagne Pétain prend sur lui de
contacter les autorités suisses.
     
    Le 24 avril, le Maréchal entre en Suisse.
    Il devra se présenter le 26 avril à 19 heures à la
frontière française à Vallorbe.
    Un mandat d’amener a été lancé contre lui. La Maréchale sera
placée en résidence surveillée.
     
    À Paris, dans son bureau de président du Gouvernement
Provisoire de la République française, rue Saint-Dominique, au ministère de la
Guerre, de Gaulle reçoit Jules Jeanneney, ministre d’État, Tixier, ministre de
l’Intérieur, René Mayer, ministre des Transports, et le général Koenig.
     
    Pétain va donc rentrer en France le 26 avril. De Gaulle
aurait tant voulu éviter cela. Il pense depuis des semaines que

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