1944-1945-Le triomphe de la liberte
soviétiques, parce que ces problèmes ont tendance à se
poser chaque jour sous une forme ou sous une autre et la plupart finissent par
s’arranger tout seuls. »
Churchill n’a ni le temps de répondre ni celui de se désoler
de l’aveuglement de Roosevelt.
Le lendemain, 12 avril 1945, Roosevelt meurt d’une
congestion cérébrale dans sa résidence de Warm Springs, en Géorgie.
Churchill fond en larmes.
« Je viens de perdre un grand ami, confie-t-il à son
garde du corps. Personne ne se rend compte de ce qu’il a fait pour notre pays
et pour le monde. Il nous a apporté une aide inestimable au moment où nous en
avions le plus besoin… »
Ce 12 avril 1945, les armées américaines atteignent
l’Elbe. Berlin est à moins de 100 kilomètres à l’est.
Mais l’ordre d’Eisenhower, approuvé par Roosevelt,
s’applique.
C’est l’armée Rouge qui doit livrer bataille et prendre
Berlin.
49.
« Les Allemands sont archi-foutus ! »
s’exclame Louis-Ferdinand Céline, à la mi-mars 1945.
L’écrivain fait partie des Français « kollabos »
exilés à Sigmaringen.
« Alors eux, bouchés, aveugles… continue Céline. Y pigent
pas que les Américains et les Anglais vont les cueillir comme des fleurs et les
mettre au poteau… Valsez, fantoches, à la ballade des fusillés. »
Céline méprise ceux qu’il appelle des
« révolutionnaires fonctionnaires ». En décembre 1944, et durant ces
premières semaines de 1945, ils ont cru à nouveau à la victoire allemande. À
les entendre, les Allemands, avec cette contre-offensive des Ardennes, allaient
renouveler le « coup » de mai 1940 !
Ils se félicitaient d’avoir choisi le bon camp. Ils répétaient
les propos des officiers SS.
« Les Français qui auront eu confiance en nous
toucheront leur récompense ! »
Ils se voient ministres. Ils se partagent les
« fromages ». Ils « s’épurent » entre eux avant de
participer en France à l’« épuration nécessaire ».
Mgr Mayol de Lupé, aumônier de la brigade Charlemagne qui
combat les Russes aux côtés des SS, estime qu’il faudra fusiller 70 % de
ses « légionnaires » si l’on veut que le retour en France se fasse
dans l’ordre.
Et tous menacent de représailles, du peloton d’exécution les
Français qui ont pactisé avec les Alliés.
Quant à ces derniers, le Führer prophétise :
« Pas un Américain ne retournera chez lui, la France
jouera son rôle d’immense souricière où seront prises les armées de Roosevelt
et de Churchill ! »
Le Führer l’a répété à Jacques Doriot, le chef du Comité de
Libération qui prétend être à la tête des contre-maquis qui opèrent en
France !
Mais l’offensive allemande des Ardennes échoue.
Les Américains attaquent le Rhin. La débandade des Allemands
est telle qu’ils en oublient de faire sauter le pont de Remagen, qui permet aux
tanks américains de passer tranquillement le Rhin !
Cependant, les Français de Sigmaringen rêvent des
« armes secrètes » et continuent de se quereller à propos des
ministères à venir dans une France réoccupée !
Marcel Déat jalouse Jacques Doriot.
Et les rivalités dérisoires opposent Darnand à Déat, Abel
Bonnard à Lucien Rebatet !
La France collaboratrice se déchire sur quelques mètres
carrés, dont se tiennent éloignés le maréchal Pétain et Pierre Laval qui
répètent aux Allemands qu’ils ne participent plus à la vie politique,
puisqu’ils se considèrent comme « prisonniers », conduits hors de
France contre leur volonté !
Ainsi, les « fantoches » de Sigmaringen vivent
entre eux !
Et brutalement le voile se déchire.
La voiture du « chef » Doriot, fondateur du Parti
Populaire Français (PPF), est prise pour cible par un avion allié. Doriot n’est
plus qu’un cadavre déchiqueté par 32 balles. Sa secrétaire indemne hurle,
trempe dans le sang du chef son brassard PPF et suit la route, en
répétant : « Le chef, le chef ! »
C’est le 22 février 1945.
Les obsèques de Doriot sont la dernière cérémonie de la
collaboration. On y parle de « sacrifice suprême » ! On jette
sur le cercueil une poignée de terre « française » qu’un milicien
avait emportée avec lui.
Symboliquement, on ensevelit la collaboration en terre
allemande.
« Mais j’suis pas fou, je fous le camp ! s’écrie
Louis-Ferdinand Céline. Qu’ils crèvent s’ils veulent… Moi
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