1944-1945-Le triomphe de la liberte
répond : « C’est impossible ! »
Les Alliés ont la totale maîtrise du ciel.
Les routes sont en permanence survolées, en toute liberté,
par les chasseurs de la RAF. Tout est cible. Les camions, les panzers, les
véhicules blindés explosent, brûlent, versent dans les fossés.
Les canons des cuirassés écrasent sous leurs obus les
bunkers, les nids de mitrailleuses du Mur de l’Atlantique.
Le 13 juin, les têtes de pont élargies, reliées entre
elles, forment de Caen – qui résiste aux Anglais – à la presqu’île du
Cotentin un front continu de 100 kilomètres de côtes.
« À compter du 9 juin, dit le général Speidel,
chef d’état-major de Rommel, l’initiative a appartenu aux Alliés. »
Les Anglais ont repoussé une vive contre-attaque menée par
quatre divisions blindées SS, pilonnées par les obus des canons des navires et
les bombes des chasseurs-bombardiers.
« Qu’allons-nous faire ? demande à von Rundstedt
le général Keitel, qui est celui qu’on nomme “crapaud rapporteur” du Grand
Quartier Général du Führer.
— Faites la paix, pauvres imbéciles, hurle dans le
téléphone von Rundstedt, que pouvez-vous faire d’autre ? »
Rommel l’avait dit : quand la Luftwaffe ne peut
protéger les panzers, c’est miracle de pouvoir même résister.
Hitler ne l’a pas compris.
Il laisse filer les minutes, les heures.
Alors qu’il a affirmé depuis des mois que le « front de
l’Ouest » deviendrait, si les Alliés débarquaient, le front principal, il
semble détourner le regard comme s’il ne voulait pas choisir, toujours
persuadé, au fond de lui, que les Alliés mènent peut-être une attaque de
diversion avant d’ouvrir le front principal dans la région de Calais et de
Boulogne.
Le mercredi 7 juin, le Führer quitte ainsi son Quartier
Général pour se rendre à Klessheim, une ville autrichienne proche de Salzbourg,
afin d’y rencontrer le Premier ministre hongrois Sztojay, et lui
recommander – lui imposer – de traiter le problème juif en Hongrie.
« Alors même, dit Hitler, que le régent Horthy essaie
de choyer les Juifs, les Juifs ne l’en haïssent pas moins.
« Les Allemands ne veulent pas limiter la souveraineté
hongroise, poursuit Hitler, ils veulent défendre la Hongrie contre les Juifs et
leurs agents. »
Ce 7 juin, cependant que des dizaines de milliers de
soldats anglais, canadiens, américains, débarquent en Normandie, élargissant leurs
têtes de pont, Hitler revient sur le déclenchement de la guerre en 1939, et le
rôle décisif des Juifs. Il les avait mis en garde, maintenant les Juifs doivent
payer.
Hitler hausse le ton, fébrile, les yeux fixes.
« Je dois rappeler, dit-il, qu’à Hambourg
46 000 femmes et enfants ont été brûlés à mort. Personne ne peut me
demander d’avoir la moindre pitié pour cette peste mondiale. Je m’en tiens
désormais au vieux proverbe juif, œil pour œil, dent pour dent… Si la
race juive devait gagner, conclut-il, au moins 30 millions d’Allemands
seraient exterminés et des millions d’autres mourraient de faim. »
Ainsi le Führer, confronté au Débarquement, s’enferme-t-il
dans ses obsessions criminelles, laissant ses maréchaux, ses généraux, ses
officiers faire face à la fois aux troupes alliées et aux résistants.
Car l’annonce du Débarquement a exalté les maquisards.
Souvent, ils abandonnent toute prudence, multiplient les attaques contre la
Wehrmacht, et les actions de sabotage.
Ils cherchent à empêcher le déplacement des unités nazies
vers le champ de bataille de Normandie.
Ils déplacent les rails (800 coupures dans l’Indre dans
les 30 jours qui ont suivi le 5 juin !), cisaillent les lignes
électriques, font sauter les ponts, tendent des embuscades.
Les Allemands vont réagir avec sauvagerie à ces actions de
« guérilla ».
Le Feldmarschall von Rundstedt donne le 8 juin des
consignes implacables à la division SS Das Reich commandée par le général
Lammerding.
« Le développement des bandes dans le Massif central
pendant ces derniers jours et ces dernières heures, écrit von Rundstedt, exige
l’emploi immédiat et impitoyable de forces plus importantes. »
Il ordonne de « mener des actions de grande envergure
contre les bandes dans le sud de la France avec la plus extrême vigueur et sans
ménagement. Le foyer d’agitation qui persiste dans cette région doit
Weitere Kostenlose Bücher