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1944-1945-Le triomphe de la liberte

1944-1945-Le triomphe de la liberte

Titel: 1944-1945-Le triomphe de la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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l’assassinat de Heydrich, le
« protecteur » de la Bohême et de la Moravie.
    Ainsi, en ce mois de juin 1944, la barbarie se
déploie-t-elle sur le monde en guerre avec une rage jamais atteinte auparavant.
     
    Dans les laboratoires et usines souterrains, les savants et
les ingénieurs allemands, entourés d’une main-d’œuvre de déportés –
esclaves voués à la mort –, mettent au point les « armes
secrètes » qu’évoquent souvent les dirigeants nazis.
    À Londres, et plus encore à Washington, on mesure qu’une
course de vitesse est engagée pour maîtriser la fission de l’atome qui libérera
une force explosive sans équivalent.
    Est-ce à cette bombe atomique que pense le
Führer ?
    Il parle de ces armes nouvelles qui donneront la victoire au
III e  Reich.
     
    Le 13 juin, les nazis exultent.
    Des bombes volantes – les V1 –, d’un poids de
2 tonnes et d’une hauteur de 8 mètres, volant entre 600 et
1 000 mètres d’altitude, à une vitesse de 600 kilomètres à
l’heure, d’une portée de 200 à 400 kilomètres, ont frappé Londres et
d’autres villes anglaises.
    Cela semble être un cauchemar, le retour qui paraissait
improbable de la vulnérabilité de l’Angleterre.
     
    La veille – le 12 juin –, Churchill s’est
rendu en France, invité au quartier général de Montgomery.
    On déjeune sous une tente dressée face à l’ennemi dans le
parc d’un château situé à 5 kilomètres du front.
    « Ce front est-il continu ? demande Churchill.
    — Non, répond Montgomery.
    — Dans ce cas, qu’est-ce qui pourrait empêcher qu’une
percée des blindés allemands vienne troubler notre déjeuner ? »
    Montgomery estime qu’à son avis ils ne viendront pas.
     
    On rentre à bord d’un destroyer.
    « Nous sommes allés tirer quelques salves contre les
Boches, raconte Churchill, mais bien que la portée n’ait été que de
5 500 mètres, ils n’ont pas daigné nous répondre.
    « J’ai passé une joyeuse journée sur les plages et à
l’intérieur des terres », conclut Churchill.
     
    Mais le lendemain, ce sont les sifflements des V1 dans le
ciel anglais et les morts et les blessés qu’il faut retirer des décombres.
     
    « Ces bombes volantes, dit Hitler, vont convertir les
Anglais à la paix. »
    Ce 17 juin, il est assis en face de ses maréchaux, von
Rundstedt et Rommel, restés debout.
    Le blockhaus où il les reçoit a été construit en 1940, à
Margival, près de Soissons. Il devait servir de quartier général au Führer
pendant l’invasion de la Grande-Bretagne. C’est la première fois, ce
17 juin 1944, que Hitler l’utilise.
     
    Le Führer est pâle, voûté, marqué par les insomnies. Il joue
nerveusement avec ses lunettes et des crayons de couleur.
    À ses maréchaux qui lui demandent d’utiliser les V1 sur le
front de Normandie ou contre les ports anglais, Hitler secoue la tête.
    « Londres, Londres », répète-t-il.
     
    Rommel, d’une voix calme, déclare que la lutte est sans
espoir contre la supériorité alliée sur terre, sur mer et d’abord dans les
airs.
    Hitler bougonne, annonce : « Des centaines
d’avions à réaction vont bientôt chasser les aviateurs anglais et américains
des cieux… puis l’Angleterre s’effondrera. »
    L’entretien qui a commencé à 9 heures est tout à coup
interrompu par une alerte aérienne. On gagne un abri souterrain où l’on
déjeune.
    Le général Speidel qui assiste à l’entretien note que Hitler
mange une énorme assiette de riz et de légumes goûtés au préalable par un
serveur.
    Sur la table, devant Hitler, sont alignés des pilules et des
verres à liqueur contenant des médicaments qu’il prend à tour de rôle. Deux SS
se tiennent debout derrière la chaise du Führer.
     
    Rommel, calmement mais d’un ton déterminé, prédit que le
front allemand de Normandie va s’effondrer et que l’on ne pourra s’opposer à
une poussée vers l’Allemagne.
    Il doute fort que l’on puisse tenir sur le front russe.
L’Allemagne se trouve dans un isolement politique absolu… Il demande avec insistance
qu’un terme soit mis à la guerre.
    Hitler se lève, dit brutalement :
    « Ne vous préoccupez donc pas du cours futur de la
guerre, mais plutôt de votre front d’invasion ! »
     
    Il est 16 heures, ce 17 juin. Les maréchaux Rommel
et von Rundstedt s’en vont.
    Peu après, un sifflement déchire l’atmosphère.
    Un V1 qu’on vient de lancer sur

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