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À l'ombre des conspirateurs

À l'ombre des conspirateurs

Titel: À l'ombre des conspirateurs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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plus.
    Au-dessus de la baie, le soleil venait de se libérer de sa couverture de nuages vaporeux. Une large bande de lumière s’étalait maintenant comme de la soie à travers toute la plaine côtière, et jusque sur la montagne où nous nous trouvions. La chaleur commençait à nous envelopper. Nous contemplâmes l’île de Capri qui émergeait lentement. Au-dessous de nous s’étalaient les toits de tuiles rouges des bâtiments d’Herculanum. Oplontis et Pompéi s’étiraient plus loin sur la côte. Nos yeux s’attardaient sur les fermes isolées contre les flancs de la montagne, et sur quelques villages pittoresques.
    — La vue est vraiment spectaculaire. Pour en profiter, on ne devrait jamais venir ici en compagnie d’une jolie femme.
    Je poussai Helena sur le dos et m’étendis à plat ventre à côté d’elle. Appuyé sur mes coudes, je l’observais en souriant. Elle commença à me caresser l’oreille, comme si elle venait de découvrir quelque chose de merveilleux. Je le supportais de plus en plus difficilement.
    — Qu’est-ce que tu regardes comme ça ?
    — Cette tignasse de boucles noires qui ont l’air de ne jamais avoir été peignées… Ce long nez droit qui rappelle les fresques décorant les tombes étrusques… Ces yeux constamment mobiles, qui refusent de révéler ce qu’ils ont vu… Ces fossettes ! se moqua-t-elle en enfonçant son petit doigt dans l’une d’elles.
    Je tournai brusquement la tête et lui saisis le doigt entre mes dents, prétendant le manger.
    — Et d’excellentes dents, ajouta-t-elle.
    — Quelle merveilleuse journée ! Mon meilleur ami est ravi de se soûler avec sa femme, je n’ai donc pas à me faire de souci pour lui. Je suis étendu au soleil avec toi, nous sommes seuls, et dans un moment je vais t’embrasser…
    Elle se contenta de me sourire. Un frisson me parcourut tout le long de la colonne vertébrale. Elle aussi paraissait heureuse et détendue. D’un même mouvement, nous nous rapprochâmes l’un de l’autre et nos lèvres se joignirent. Enfin.
    Les manches de sa robe verte légère lui arrivaient au coude. Elles étaient munies chacune de cinq ou six boutons de verre, enfilés dans de petites ouvertures brodées.
    J’en défis un pour voir ce qui allait se passer. Helena me passa la main dans les cheveux et dit en souriant :
    — Tu veux que je t’aide ?
    Je fis non de la tête. Les boutons ne glissaient pas facilement, mais je suis d’un naturel entêté. Je parvins à en défaire trois de plus, ce qui me permit d’explorer son bras. Comme cela avait l’air de lui plaire, je continuai, déboutonnant toute la manche.
    Ma main glissa de son poignet à son épaule, puis caressa autre chose que son bras. Sa peau était douce et fraîche. La respiration d’Helena se faisait plus bruyante, et j’avais du mal à empêcher mes doigts de trembler.
    — Ce sont des préliminaires, Marcus ?
    — J’espère bien ! Tu crois que je t’ai amenée en haut d’une montagne pour ne pas en profiter ?
    — Oh ! je n’ai jamais pensé ça ! m’assura Helena. Pourquoi crois-tu que je t’ai accompagné ?
    En femme pratique qu’elle était, elle déboutonna elle-même l’autre manche.
    Bien plus tard, alors que j’étais complètement sans défense, un ours sauvage sortit des broussailles.
    — Grrr ! fit aimablement la fille du sénateur par-dessus mon épaule nue.
    L’ours renifla longuement, puis fit demi-tour en poussant un grognement méprisant.

60
    Quand Petronius Longus cessa de ronfler et se réveilla, des émotions contradictoires pouvaient se lire sur son visage. Il se rendait compte que notre humeur avait radicalement changé. Pendant qu’il dormait, Helena et moi avions terminé son vin, avant de nous installer à l’ombre, imbriqués l’un dans l’autre comme de jeunes chiots. Cette attitude mettait Petronius mal à l’aise, car il était particulièrement respectueux des conventions hypocrites s’appliquant au statut social de chacun.
    — Falco ! Tu devrais faire attention !
    Je manquai éclater de rire. Au cours des dix dernières années, Petro avait eu connaissance de toutes mes relations plus ou moins tortueuses. C’était la première fois qu’il me donnait un conseil fraternel.
    — Fais-moi confiance, répondis-je sérieusement.
    Exactement ce que j’avais dit à Helena. Au moment crucial, j’avais voulu… restreindre mes efforts, mais elle s’était cramponnée à moi de toutes ses

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