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À l'ombre des conspirateurs

À l'ombre des conspirateurs

Titel: À l'ombre des conspirateurs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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revoir !
    Je saluai aimablement la femme du sénateur. Un homme doit toujours se montrer poli envers une mère de trois enfants. Je n’en prévoyais pas moins de l’insulter en lui prouvant qu’elle avait tort au sujet des intentions prêtées à sa fille.
    Ayant pris congé, je quittai la résidence Camillus en me rappelant qu’Helena m’avait supplié de ne pas tuer Pertinax. Je savais pourtant que si je le trouvais, je ne pourrais pas m’en empêcher.

85
    Je me rendis dans le quartier de Transtiberina et montai directement dans sa chambre. Je n’avais aucune arme sur moi, mais de toute façon, je ne risquais rien : tous ses objets personnels étaient partis, et lui aussi.
    De l’autre côté de la rue, la taverne était bondée, mais c’est un inconnu qui assurait le service. Quand je lui demandai où se trouvait Tullia, il se contenta de me répondre avec brusquerie : « Demain ! » Je suppose que beaucoup d’hommes s’enquéraient de la jeune femme, et qu’il n’avait pas de temps à perdre.
    Inutile de lui laisser un message : personne ne se donnerait la peine de lui dire qu’un mâle bien constitué parmi d’autres avait envie de la voir.
    Ensuite, je passai des heures à marcher, et parfois à réfléchir.
    Traversant le fleuve pour regagner la cité, je m’arrêtai un moment sur le pont Æmilien. De l’endroit où je me tenais, je pouvais apercevoir l’arche par laquelle le grand égout se déverse dans le fleuve. Un cadavre tout boursouflé avait suivi ce chemin, par la grâce de mes bons soins. Je me demandais si, ailleurs, beaucoup de gens savaient que seuls les empereurs et les enfants mort-nés avaient le droit d’être enterrés dans Rome. Ce qui ne s’appliquait pas à notre pauvre lambeau de vie, bien sûr. J’éprouvais des sentiments désabusés envers les dispositions prévues pour les restes d’une fausse couche. Si j’avais été un homme différent, considérant les dieux d’une façon plus respectueuse, peut-être aurais-je entendu dans le bruit du Tibre clapotant aux alentours du Cloaca Maxima, le rire cruel et menaçant des Parques…
    Des heures après avoir quitté le quartier de Transtiberina, je me présentai chez Maia. Elle me jeta un regard pénétrant et, sans rien dire, elle me donna à manger, éloignant les enfants et parquant Famia dans un coin avec un flacon de vin. Ensuite elle me poussa vers un lit. Étendu dans l’obscurité, j’analysai les pensées qui se bousculaient dans ma tête.
    Quand cela devint trop insupportable, je me laissai glisser dans le sommeil.
    Le lendemain était un jeudi : le jour où le champion de Pertinax allait courir dans le cirque Maximus. Il s’y trouverait sûrement, quelque part parmi les deux cent cinquante mille personnes qui allaient acclamer Ferox.
    Famia essaya de m’entraîner dehors dès l’aube, mais je savais que toute une matinée au soleil dans le stade me rendrait rapidement bon à rien. D’ailleurs, quand on a vu une fois la procession traditionnelle qui marque le début des réjouissances, on peut s’en passer. Il me fallait arrêter un homme qui avait assassiné des prêtres, fendu le crâne à un jeune père de famille, et ôté la vie d’un enfant à naître – avant même que ses parents aient eu le temps de se disputer pour lui choisir un nom…
    En partant de chez Maia, je fis un détour pour passer chez ma sœur Galla. Heureusement, Larius s’y trouvait.
    — Excuse-moi, jeune homme, j’ai besoin d’un artiste-peintre.
    — Il va falloir faire vite, car je dois me rendre au cirque pour encourager un cheval.
    — Je te dispense de cet honneur. Fais-moi un portrait.
    — Tu veux servir de modèle pour un médaillon de fantaisie sur un récipient celtique ?
    — Ce n’est pas de moi qu’il s’agit.
    Après mes explications, il fit le portrait demandé en un temps record, sans prononcer une parole.
    La perte d’un enfant lors d’une fausse couche constitue un chagrin privé. Pour égayer quelque peu l’atmosphère, je lui conseillai de ne pas parier sur mon cheval.
    — Ne t’inquiète pas ! s’exclama Larius avec franchise. On va l’encourager, mais on met tout notre argent sur Ferox !
    Je marchai jusqu’à la porte Capena. Aucun membre de la famille Camillus n’acceptait de recevoir des visiteurs. Certain qu’il ne le ferait pas, je demandai néanmoins au portier de transmettre mes respects.
    En m’éloignant, j’aperçus un fleuriste auquel j’achetai un

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