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À l'ombre des conspirateurs

À l'ombre des conspirateurs

Titel: À l'ombre des conspirateurs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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chemin le plus court, par le sud du Palatin, en traversant le parc de la Maison Dorée de Néron – abandonnée, car jugée trop extravagante par Vespasien qui souhaitait même en faire cadeau au peuple de Rome.
    Complètement épuisé, j’atteignis la porte Capena où régnait le plus grand calme. Fidèle à son habitude, le portier refusa de me laisser entrer. J’eus beau essayer de le convaincre, il se contenta de hausser les épaules. Il avait l’air d’un roi, et jamais je ne m’étais senti plus minable.
    Estimant que la plaisanterie avait assez duré, je saisis le jeune pervers par le devant de sa tunique, le projetai contre le pilier de la porte et entrai en force.
    — Si tu tiens à rester en bonne santé, fils, apprends à reconnaître les amis de la maison !
    Une voix de femme autoritaire demanda ce qu’il se passait. Conduit dans une salle de réception, je me retrouvai face à face avec la noble Julia Justa, la femme du sénateur, très irritée.
    — Je te présente mes excuses pour avoir forcé l’entrée. C’était le seul moyen de venir te présenter mes respects.
    La mère d’Helena Justina et moi n’étions pas les meilleurs amis du monde. Pour dire les choses franchement, elle me détestait. Le plus agaçant, c’est que si Helena Justina avait hérité du tempérament de son père, elle ressemblait physiquement à sa mère. Contempler les mêmes yeux intelligents me regarder en exprimant des sentiments opposés, cela me mettait particulièrement mal à l’aise.
    Le visage de Julia Justa avait bénéficié des meilleurs produits de beauté qu’une épouse de millionnaire pouvait se procurer. Aujourd’hui, pourtant, elle m’apparaissait pâle et tendue. En outre, elle n’avait pas l’air de très bien savoir ce qu’elle devait me dire.
    — Si tu es ici pour rendre visite à ma fille… commença-t-elle d’un air hésitant.
    — Écoute, l’interrompis-je, on m’a appris quelque chose qui m’a bouleversé. Comment va Helena ?
    Ni elle ni moi n’étions assis. L’atmosphère de la pièce était étouffante, et j’arrivais à peine à respirer.
    — Pas vraiment bien. Helena vient de perdre l’enfant qu’elle attendait, m’apprit sa mère.
    Elle n’en dit pas plus, se contentant de me regarder d’un air pincé. Elle guettait ma réaction, avec l’air de qui sait d’avance qu’elle lui déplaira. Ne pouvant me permettre de tourner le dos à la femme d’un sénateur dans sa propre maison, je me perdis dans la contemplation d’une statuette représentant un dauphin, et qui avait été transformée en lampe. Je déteste que les autres soient témoins de mes émotions avant que j’aie réussi à les analyser. Je ramenai enfin mon attention vers la mère d’Helena.
    — Alors, Didius Falco ! Que trouves-tu à dire ?
    — Plus que tu ne penses. (Ma voix me paraissait métallique, comme si j’avais parlé dans un vase de bronze.) Mais c’est à Helena que je compte le confier. Puis-je la voir ?
    — Pas pour le moment.
    Elle souhaitait me voir quitter les lieux le plus rapidement possible. Les bonnes manières et une mauvaise conscience me conseillaient de prendre congé, mais je n’ai jamais abusé des bons usages. Je m’incrustai.
    — Julia Justa, tu veux bien dire à Helena que je suis ici ?
    — Je ne peux pas, Falco. Le médecin lui a donné un remède très puissant pour la faire dormir.
    Je répondis qu’en ce cas, je ne souhaitais déranger personne, mais que si elle ne s’y opposait pas catégoriquement, j’allais attendre.
    La mère d’Helena acquiesça. Elle se disait sûrement que si elle me faisait jeter dehors, ses nobles voisins se poseraient encore davantage de questions.
    J’attendis trois heures. Je pensais qu’on avait fini par m’oublier complètement.
    La porte s’ouvrit enfin.
    — Falco ! (La mère d’Helena ne put cacher sa surprise.) Quelqu’un aurait dû s’occuper de toi.
    — Je n’avais besoin de rien, merci.
    — Helena dort toujours.
    — J’attendrai.
    Mon ton sévère la poussa à s’avancer dans la pièce. Je répondis à son expression impatiente par un regard dur et amer.
    — C’est un accident naturel, ou ton médecin lui a donné quelque chose ?
    La dame me considéra avec les mêmes yeux qu’Helena en colère.
    — Si tu connais ma fille, tu peux répondre toi-même à cette question !
    — Je connais ta fille. Je sais qu’elle est extrêmement sensée, mais Helena Justina ne serait

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