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À l'ombre des conspirateurs

À l'ombre des conspirateurs

Titel: À l'ombre des conspirateurs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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bien de lui dire que j’avais demandé à Larius de mettre cinquante sesterces d’or sur Ferox : toutes mes liquidités.
    De retour au cirque, une première course avait déjà eu lieu. La nôtre ne se déroulerait pas avant une heure. J’allai m’assurer que mon Petit Chéri aidait Ferox à garder son calme, car je m’inquiétais pour mon futur capital. Tandis que je caressais Ferox, un petit vendeur de feuilles de vigne trépignait sur place : de toute évidence, il avait un problème gastrique ou quelque chose d’important à dire. Il le confia à Famia et ils se tournèrent tous deux vers moi.
    — Tu me dois dix deniers, déclara mon beau-frère qui m’avait rejoint.
    — Ce sera pour demain, quand j’aurai touché mes gains.
    — Ton homme se trouve dans la deuxième rangée, du côté de l’Aventin, près de la loge des juges. Il s’est installé en face de la ligne d’arrivée.
    — Comment puis-je m’approcher discrètement de lui ?
    Famia commença par m’assurer qu’avec ma sale gueule si connue, ce serait impossible. Ensuite, il se débrouilla à faire ce que je lui demandais. Je me retrouvai rapidement sur la piste, un seau et une pelle à la main, littéralement assailli par le bruit, la chaleur, les odeurs et les couleurs. Après le passage des cavaliers, je fis mine de ramasser quelque chose, tout en me dirigeant vers la barrière centrale, la spina. J’avais l’impression qu’on me remarquait autant qu’un furoncle sur le nez d’un avocat pendant une plaidoirie, mais Famia avait vu juste : personne n’accorde un seul regard aux esclaves qui ramassent le crottin.
    Une attraction débuta. Des cavaliers se tenaient debout sur deux chevaux galopant côte à côte, un pied posé sur chacun d’eux. L’effet est assuré, mais pas particulièrement difficile à réaliser : l’important, c’est que les chevaux soient bien entraînés et gardent un bon rythme. Mon frère y parvenait sans problème. Appuyé au gigantesque podium de marbre, la vue sur ce cirque immense me coupait le souffle. Au-dessus de moi se dressaient les immenses statues d’Apollon et de Cybèle. Je pus admirer de près le travail du grand écran de bronze qui séparait les sièges des sénateurs de l’arène. Il n’y avait pas d’auvents pour se protéger du soleil, alors qu’on aurait pu faire cuire une omelette sur le sable de la piste.
    En l’espace de deux courses, je parvins à atteindre discrètement l’obélisque égyptien de granit rouge qu’Auguste avait fait installer en plein milieu de la spina. Puis je continuai vers la loge des juges. À cet endroit des gradins, les gens se retrouvaient entassés les uns sur les autres. Je ne discernai tout d’abord qu’une masse informe, puis commençai à repérer des détails : des femmes ajustant leurs tabourets pour les pieds ; d’autres remontant leurs étoles sur leurs épaules ; des hommes assis en plein soleil après le déjeuner, et dont le visage virait à l’écarlate ; des soldats en uniforme ; des enfants jouant ou se chamaillant dans les ailes.
    Entre deux courses, les acrobates envahissaient la piste et les spectateurs se déplaçaient. Accroupi contre le podium, j’observai méthodiquement la foule, rangée après rangée. Je mis vingt minutes à le trouver. Il me reconnut aussi, même s’il détourna immédiatement la tête. Après avoir repéré sa sinistre figure, il me semblait incroyable d’avoir mis autant de temps.
    Je continuai de parcourir les gradins des yeux. Comme je m’y attendais, dix places plus loin, je découvris Anacrites. Il regardait souvent dans la direction de Pertinax, mais passait aussi beaucoup de temps à scruter les spectateurs. Tout au bout de la rangée où était assis Pertinax, deux autres espions levaient les yeux au ciel. Ni Anacrites ni ses acolytes ne regardèrent une seule fois vers le coin de l’arène où je me tenais.
    Je me levai, et Pertinax en fit autant. Alors que je traversais la piste en direction de l’écran doré, il se déplaça devant la rangée de sièges, écrasant sans vergogne les pieds des autres spectateurs. Même si j’escaladais l’écran pour me retrouver au milieu de patriciens indignés sur leurs trônes de marbre, il aurait dix fois le temps de m’échapper. Pendant que j’hésitais, Anacrites cria quelque chose à l’un des édiles musclés en me montrant du doigt. Non seulement j’allais perdre Pertinax, mais j’étais sur le point de me faire

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