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Abdallah le cruel

Abdallah le cruel

Titel: Abdallah le cruel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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allait venger ses fidèles, ces
hommes magnanimes qui avaient cru pouvoir se fier à des serments réitérés. Il
les a vengés !
    Il a passé les fils des blanches
au fil de l’épée, et ceux d’entre eux qui vivent encore gémissent dans les fers
dont il les a chargés.
    Nous avons tué des milliers
d’entre vous.
    Mais la mort d’une foule
d’esclaves n’est pas un équivalent pour celle d’un vrai noble.
    Ah, oui ! Ils ont assassiné
notre Yahya quand il était leur hôte !
    L’assassiner n’était pas une
action sensée…
    Ils l’ont égorgé, ces méchants et
méprisables esclaves.
    Tout ce que font les esclaves est
vilain.
    En commettant leur crime, ils
n’ont pas fait une action sensée.
    Non, leur sort, qui n’a point été
heureux, a dû les convaincre qu’ils avaient été bien mal inspirés.
    Vous l’avez assassiné en traîtres
infâmes après bien des serments, après bien des traités.
     
    Sawwar avait écouté ces vers, les
yeux mi-clos. D’un geste alerte, il jeta une bourse remplie de pièces d’argent
au poète :
    — J’apprécie ton talent et
voilà ta récompense. Tu as su trouver les mots pour honorer la mémoire de mon
illustre oncle et je t’en remercie. J’espère que tu sauras vanter mes mérites
de mon vivant.
    — Noble seigneur, répliqua Saïd
Ibn Suleiman Ibn Djoudi, notre maître à tous, Zyriab, nous a enseigné qu’il
fallait servir les mets les plus fins les uns après les autres et non pas tous
ensemble comme le faisaient nos ancêtres. Je t’ai offert une entrée pour te
mettre en bouche, voici le plat principal qui t’est entièrement consacré :
     
    Ils avaient dit, les fils des
blanches :
    « Quand notre armée volera
vers vous, elle tombera sur vous comme sur un ouragan.
    Vous ne pourrez lui résister,
vous tremblerez de peur, et le plus fort château ne pourra vous offrir un
asile ! »
    Eh bien, nous avons chassé cette
armée quand elle vola vers nous, avec autant de facilité que l’on chasse des
mouches qui voltigent autour de la soupe ou que l’on fait sortir une troupe de
chameaux de leur étable.
    Certes, l’ouragan a été terrible.
    La pluie tombait à grosses
gouttes, le tonnerre grondait et les éclairs sillonnaient les nuées.
    Mais ce n’était pas sur nous,
c’était sur vous que s’abattait la tempête.
    Vos bataillons tombaient sous nos
bonnes épées, ainsi que les épis tombent sous la faucille des moissonneurs.
    Quand ils nous virent venir à eux
au galop, nos épées leur causèrent une si grande peur qu’ils tournèrent le dos
et se mirent à courir.
    Mais nous fondîmes sur eux en les
perçant de coups de lances.
    Quelques-uns, devenus nos
prisonniers, furent chargés de fer.
    D’autres, en proie à des
angoisses mortelles, couraient à toutes jambes et trouvaient la terre trop
étroite.
     
    — Pas tant que cela,
l’interrompit grossièrement Sawwar. Le sol est assez vaste pour contenir les
corps de tous ceux que nous avons tués aujourd’hui. Tu as l’art d’enjoliver la
réalité en parlant des muwalladun que nous avons fait prisonniers. Il est vrai
que beaucoup se sont rendus mais aucun n’a échappé à ma juste colère. Ils ont
eu beau m’offrir de se racheter au prix d’énormes rançons, je les ai tous fait
exécuter comme traîtres et impies. Cela dit, j’attends toujours les vers où tu
parles de moi.
    Saïd Ibn Suleiman Ibn Djoudi
esquissa un sourire :
    — Ton impatience, noble Sawwar,
est légitime. Tu m’as interrompu au moment même où j’allais chanter les vertus
de ta tribu et tes prouesses. M’autorises-tu à poursuivre ?
    — Avec plaisir et sache que tes
propos décideront de ton avenir. J’espère que la sagesse te les a dictés.
    — Il me serait possible
d’improviser pour m’attirer un surcroît de faveurs mais j’ai un défaut :
j’aime la vérité et je déteste la flatterie. Écoute donc ce que j’ai écrit et
décide si la vérité vaut mieux que les paroles mielleuses dont certains, ici,
ne sont pas avares.
    Sawwar regarda avec amusement ses
courtisans. Quelques-uns avaient blêmi, se sentant visés au premier chef par
cette allusion. Décidément, le protégé d’al-Asadi, sans doute son mignon, avait
la langue bien pendue et faisait preuve de courage. Il devinait qu’à l’avenir,
il aurait bien besoin de ses conseils. D’un geste de la main, il lui fit signe
de poursuivre :
     
    Vous avez trouvé en nous une
troupe d’élite, qui sait à merveille

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