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Abdallah le cruel

Abdallah le cruel

Titel: Abdallah le cruel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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nos
champs ne sont pas en friche. Notre château nous protège contre toute insulte.
Nous y trouverons la gloire. Il s’y prépare pour nous des triomphes et pour
vous des défaites.
     
    Mécontent, Sawwar
l’apostropha :
    — Tu m’avais habitué à mieux.
Crois-tu que nos ennemis vont trembler de peur en recevant ce message ?
    Al-Asadi hocha la tête, l’air
confus. Puis il ajouta à la hâte ces lignes dictées par la colère :
« Bientôt, quand nous sortirons, vous aurez à essuyer une défaite si
terrible qu’elle fera blanchir en un seul instant les cheveux de vos femmes et
de vos enfants. »
    Quand on lui apporta ce message,
Ibrahim Ibn Galindo éclata de rire et dit à ses conseillers :
    — Imaginez le désarroi dans
lequel se trouvent ces fiers arabes qui ne savent pas où se cache leur chef.
Leurs poètes n’ont plus d’imagination et se contentent de recopier ce
qu’écrivent les nôtres. Sans Sawwar, ils sont perdus. Sous peu, quand ils
n’auront plus rien à manger, ils enverront des émissaires implorer notre
clémence. Je puis vous garantir que nous leur ferons cher payer leur insolence
passée.
    Cette déclaration se répandit dans
son camp et provoqua une grande allégresse. De la tour où il se tenait reclus,
Sawwar pouvait entendre les cris de joie de ses adversaires et les battements
de leurs tambours. D’un ton méprisant, il dit à ses officiers :
    — Ces mécréants ont bien tort
de se réjouir. Je les connais. Ils s’imaginent déjà être vainqueurs et vont passer
la journée et la nuit à chanter et à boire pour célébrer leur triomphe. C’est
une erreur qui a déjà été fatale à leur gouverneur et ils n’en ont tiré aucune
leçon. Demain matin, quand ils cuveront leur vin, nous leur réserverons une
surprise de taille.
    — Tu oublies, lui dit al-Asadi,
qu’ils sont près de vingt mille !
    — Au contraire et c’est ce qui
donnera à ma victoire tout son prix. Qui d’autre pourra se vanter d’avoir
vaincu avec si peu d’hommes un tel nombre de guerriers ?
    Sawwar avait vu juste. Les
muwalladun se livrèrent à leurs réjouissances pendant des heures et
s’endormirent très tard, ivres de fatigue et d’alcool. Au petit matin, il fit
ouvrir les portes de la citadelle. À la tête de deux mille cavaliers, il fondit
sur leur camp, y semant la terreur. Près de dix mille muwalladun furent tués ou
blessés ; les autres, pris de panique, s’enfuyaient. Sitôt prévenus de
l’heureuse tournure des événements, les femmes, les vieillards et les enfants
assiégés dans la citadelle accoururent sur le champ de bataille et égorgèrent
les blessés qui jonchaient le sol et geignaient de douleur. Avant de les
achever, ils leur faisaient endurer d’atroces souffrances pour venger leurs
parents tués par ces mécréants.
    Le soir, lors du banquet qu’il donna
en l’honneur de ses officiers, Sawwar exultait. Al-Asadi, accompagné d’un jeune
homme à la mine altière, s’approcha de lui :
    — Noble seigneur, je te
félicite pour ce succès. Cette journée restera dans les mémoires sous le nom de
« Waka’t al-Madina », la « Bataille de la ville ».
    — Je constate que tu as
retrouvé l’inspiration.
    — Malheureusement non.
Laisse-moi te présenter l’auteur de cette formule, Saïd Ibn Suleiman Ibn
Djoudi, l’un de mes élèves. Il a composé en ton honneur un poème et brûle
d’envie de te lire ses vers.
    — Ma foi, qu’il le fasse !
Entendre dire du bien de soi est un plaisir trop rare pour qu’on fasse le
délicat.
    Le silence se fit et le jeune homme,
nullement intimidé, se lança dans une longue tirade :
     
    Apostats et incrédules qui,
jusqu’à votre dernière heure, déclariez fausse la vraie religion, nous vous
avons massacrés, parce que nous avions à venger notre Yahya.
    Nous vous avons massacrés :
Dieu le voulait !
    Fils d’esclaves, vous avez
imprudemment irrité des braves qui n’ont jamais négligé de venger leurs morts.
Accoutumez-vous à endurer leur fureur, à recevoir dans vos reins leurs épées
flamboyantes. À la tête de ses guerriers, qui ne souffrent aucune insulte et
qui sont courageux comme des lions, un illustre chef a marché contre vous. Un
illustre chef !
    Sa renommée surpasse celle de
tout autre.
    Il a hérité de la générosité de
ses incomparables ancêtres.
    C’est un lion.
    Il est né du sang le plus pur de
Nizâr ; il est le soutien de sa tribu comme nul autre ne l’est.
    Il

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