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Aïcha

Aïcha

Titel: Aïcha Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marek Halter
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de lui. Aussi près que ton père l’est, ainsi que toi, Aïcha, merveille de Dieu dans la couche de l’Envoyé. Avec cette union, il peut enfin accorder à Omar ibn al Khattâb la place qui lui revient. C’est justice. Nous ne devons pas en prendre ombrage. Les choses sont ainsi, ma fille. Nous, les femmes, nous serons toujours des cadeaux que s’échangent les hommes. Il se peut qu’Allah nous en soit reconnaissant. Ces épousailles, ce seront autant de disputes évitées.
     
    Après ma mère, ce fut le tour de Barrayara :
    — Ne sois pas jalouse d’Hafsa, me dit-elle en posant ses bonnes mains sur mes genoux. Ce serait comme si tu enviais la chamelle fauve que le voisin a offerte à ton époux. Tu connais Hafsa. Elle a quatre ans de plus que toi. On dit qu’Allah aurait achevé de forger la nature des femmes avec elle. Elle a tout ce qu’il faut de seins et de cuisses pour la couche. La peau jolie et bien ferme de ses dix-huit années. Mais cela ne durera pas. Elle sera grosse et molle dès qu’elle aura enfanté une ou deux fois. Ce qui ne tardera pas. Pour le reste, qui pourrait dire le sens des mots qui sortent de sa bouche et s’il y a dans sa tête autre chose que des noyaux de datte ? La vérité, Aïcha, c’est que ton époux est à la fois le Messager de Dieu et un homme comme les autres. Lui aussi aime goûter aux lourdes poitrines et aux cuisses larges. Toi, c’est différent. Il aime en toi la finesse de ton intelligence, ta mémoire exceptionnelle et l’innocence de ton ventre. Crois-moi, c’est Dieu qui guide sa main. Et Allah fait toujours le bon choix. Inutile de verser des larmes.
     
    Les derniers mots de Barrayara flottaient encore dans l’air quand mon père, à son tour, se présenta. Et, sans même m’annoncer la nouvelle, comme s’il était sûr que j’en connaissais déjà le contenu, il me lança :
    — Pas d’inquiétude ! Tu es l’épouse bien-aimée du Prophète. La fille d’Omar ibn al Khattâb n’y changera rien. Au contraire, elle est qui elle est. Tu n’en paraîtras que plus à ton avantage. Sois bonne avec elle. Omar t’en sera reconnaissant. Il n’ignore rien des défauts de sa fille. Si ce qui te tourmente, ce sont les fils qui pourraient venir du ventre d’Hafsa, sois sans crainte. Le sang de l’Envoyé coule dans Hassan, fils de Fatima et d’Ali. La chose est acquise. Le Messager ne reviendra pas dessus. Ta place est unique. Surtout, ne montre aucune froideur envers ton époux. Hafsa n’est que la première des nouvelles épouses qui s’installeront dans votre maison. Mais leurs chambres donneront toutes sur la cour. Il n’en est qu’une dont la chambre ouvre sur la masdjid et l’escalier sacré du prêche.
     
    À la fin du jour, je vis arriver Hafsa.
    — Oh, Aïcha ! s’exclama-t-elle en me prenant dans ses bras. Si tu savais comme je suis heureuse de partager le Messager d’Allah avec toi ! Quel ennui je viens de vivre ! Seule toutes les nuits depuis le printemps à entendre ronfler les servantes ! Et mon père Omar, comme tu le sais, est si sévère ! J’ai beau être veuve, si je pose les yeux sur un homme, il sort sa lame pour l’étriper. Selon lui, les femmes ont été semées dans le désert par les djinns ! J’ai cru disparaître, comme ces ombres qui fuient les murs quand un nuage cache le soleil. Mon époux décédé, Khounïes ibn Hudhafa As Shami, était vieux et fragile. Mon père dit qu’à la bataille de Badr, les mécréants l’ont coupé en deux d’un seul coup de nimcha. Je ne suis pas sûre que ce soit vrai. Quand il s’agit de bataille, mon père exagère toujours. Ce que je sais, c’est que, dans la couche, Khounïes était solide et ne s’effrayait de rien. Avec l’Envoyé, Inch Allah, je suis certaine que ce sera merveilleux. Mais ne crains rien. Nous serons amies. J’aime bien rire entre filles. On raconte que toi aussi. Les vieilles veulent toujours nous manger la soupe sur la tête. Il vaut mieux être deux pour partager les écuelles. Et pour le reste, mon époux sera surtout le tien. Tu es sa bien-aimée et son don de Dieu. Nous le savons toutes. Je n’ai pas d’illusions : ce n’est pas avec moi qu’il ira à la rencontre de l’ange d’Allah. Ni à moi qu’il demandera conseil. Je ne suis que la fille de mon père. Il ne me demandera pas de lui laver les cheveux sur le seuil de sa chambre en respirant les parfums de la mosquée. Mais cela ne fait rien. Laver les cheveux des

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