Alexandre le Grand "le fils du songe 1"
l'entreprise la plus difficile qui soit, car elle implique directement notre faculté de raisonner, mais aussi nos peurs et nos passions. C'est uniquement en se connaissant soi-même à fond que l'on est en mesure de comprendre les autres, ainsi que la réalité qui nous entoure. "
Ils observèrent le long défilé de fidèles venus de toutes parts, qui apportaient des offrandes et demandaient un verdict au dieu. Il n'y avait pas de localité grecque qui n'e˚t des repré sentants à Delphes.
" Crois-tu que l'oracle dit la vérité ? questionna Ptolémée.
, --Le verdict qu'il a livré à mon père résonne encore dans mes oreilles.
--Un verdict ambigu, commenta Héphestion.
~L _ Mais véridique, en fin de compte, répliqua Alexandre. Si Aristote était ici, il nous dirait peut-être-que les prophé-ties confirment l'avenir mais ne le prévoient pas...
--C'est probabie, admit Héphestion. Un jour, j'ai assisté à l'un de ses cours à Miéza: Aristote n'a confiance en per sonne, pas même dans les dieux. Il ne se fonde que sur son esprit. "
Aristote se laissa aller contre le dossier de son fauteuil et croisa les mains sur son ventre. " Et l'oracle de Delphes ? As-tu pensé à l'oracle de Delphes? Nous pouvons égale ment le soupçonner. Rappelle-toi: un oracle vit sur sa propre crédibilité. Mais pour construire cette crédibilité, il lui faut posséder un immense patrimoine de connais sances. Et personne ne possède autant de connaissances que les prêtres du sanctuaire d'Apollon: voilà pourquoi
ils peuvent prévoir l'avenir. Ou le déterminer. Le résultat es,t lemêrne. "
Callisthène tenait une tablette sur laquelle il avait noté 1 noms de ceux que l'on pouvait jusqu'à présent soupçonn~ d'avoir assassiné le roi.
Aristote reprit: " que sais-tu de l'assassin ? qui a-t-il fré quenté les jours qui ont précédé le meurtre du roi ?
--C'est une triste histoire, mon oncle, commença Cal listhène. Une histoire dans laquelle Attale, le père d'Eury dice, est profondément impliqué. Jusqu'au cou, si l'on peut dire.
--Et Attale a été tué.
--Exact.
--Eurydice aussi est morte.
-- En effet. Alexandre lui a fait construire une tombe somptueuse.
-- En outre, il s'est violemment dressé contre sa mère Olympias, qui s'est acharnée sur la jeune femme, et a probablement fait assassiner l'enfant.
--CelainnocenteraitAlexandre.
--Mais cela le favorise également dans la succession.
--Lesoupçonnes-tu?
--Le connaissant comme je le connais, non. Mais parfois être au courant d'un crime, ou le soupçonner, sans rien tenter pour l'empêcher, constitue une forme de culpabilité.
" Le problème, c'est que de nombreuses personnes avaient intérêt à tuer Philippe. Nous devons continuer de recueil lir des renseignements. La vérité, dans ce cas précis, pourrait être la somme du plus grand nombre d'indices en défaveur de l'un ou de l'autre suspect. Poursuis ton enquête concer nant les faits qui impliquent Attale, et tiens-moi informé. Informe également Alexandre: c'est lui qui t'a confié cette mission.
--Doisje tout lui rapporter?
--Tout. Et observe bien ses réactions.
--Puisje lui dire que tu me prêtes main-forte ?
-- Bien s˚r, répondit le philosophe. Premièrement, parce que cela lui fera plaisir. Deuxièmement, parce qu'il le sait déjà. )> Le général Parménion rentra à Pella en compagnie de Philotas, son fils, vers la fin de l'automne, après avoir pris les dispositions nécessaires pour que l'armée d'Asie puisse hiver ner tranquillement.
Il fut reçu par Antipatros, qui avait alors la garde du sceau royal et remplissait la fonction de régent.
" J'ai été fort chagriné de ne pouvoir assister aux funérailles du roi, dit Parménion. Et j'ai été attristé par la mort d'Attale, même s'il m'est impossible d'affirmer que je ne m'y attendais pas.
--quoi qu'il en soit, Alexandre a fait preuve d'une confiance totale à
ton égard puisqu'il t'a envoyé Philotas. Il a voulu que tu prennes en toute liberté la décision qui te semblait la plus juste.
--Voilà pourquoi je suis revenu. Mais je m'étonne de voir le sceau royal à ton doigt: la reine mère ne t'a jamais beau coup aimé et, d'après ce qu'on me dit, elle exerce encore une 'grande influence sur Alexandre.
-- C'est vrai, mais le roi sait fort bien ce qu'il veut. Et il veut que sa mère reste à l'écart de la politique. De la façon la plus absolue.
~ --Et pour le reste ?
--Juges-en par toi-même. En trois mois, il
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