Alexandre le Grand "le fils du songe 1"
a réannexé la ligue thessalienne, intimidé les Thébains, ressoudé la ligue panhellénique et obtenu l'appui du général Parménion, qui représente la clef de l'Orient.
Pour un adolescent, ainsi que le
.nomme Démosthène, ce n'est pas rien.
--Tu as raison, mais il reste le Nord. Les Triballes se sont alliés avec les Gètes, qui vivent le long du cours inférieur de l'Istros, et ne cessent d'effectuer des incursions dans nos terri toires. Nous avons perdu de nombreuses villes fondées par le roi Philippe.
-- Si j'ai bien compris, c'est la raison pour laquelle
~", ALEXANDRE LE GRANt LE FILS DU SONCE
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Alexandre t'a rappelé à Pella. Il a l'intention de marcher ver~ le nord, au milieu de l'hiver, afin de surprendre l'ennemi, et il souhaite que tu commandes l'infanterie de ligne. Il mettra ses amis à tes ordres, à la tête des bataillons, afin qu'ils soient instruits à bonne école.
--Et o˘ est-il ? demanda Parménion.
--Selon les dernières nouvelles, il traverse la Thessalie Mais il est d'abord passé par Delphes. "
Parménion s'assombrit. " A-t-il c~nsulté l'oracle
--Si l'on peut dire.
-- Pourquoi ? -
--Désireux d'éviter qu'un autre incident ne se produise, les prêtres lui ont expliqué que la Pythie était souffrante et qu'elle ne pouvait répondre à ses questions. Mais Alexandre l'a traî née de force à son trépied en l'obligeant à prononcer son oracle. " Parménion écarquillait les yeux comme s'il ne pou vait croire à cette histoire. " C'est alors que la Pythie s'est écriée sur un ton rageur: "Il est donc impossible de te résis ter, jeune homme !" Alexandre s'est immobilisé, frappé par cette phrase, et il a dit:
"C'est un verdict qui me convient." Puis il est parti. "
Parménion secoua la tête. " Elle est vraiment bonne, celle là ! C'est une réplique digne d'un grand acteur.
--Alexandre en est un. Ou en tout cas, c'est aussi ce qu'il est. Tu verras.
--Penses-tu qu'il croie aux oracles ? "
Antipatros caressa sa barbe drue. " Plus ou moins. Il est habité à la fois par la rationalité de Philippe et d'Aristote, et par la nature mystérieuse, instinctive et barbare de sa mère Mais il a vu tomber son père comme un taureau devant l'au tel, et les termes de l'oracle ont d˚ alors s'imposer à lui avec la violence du tonnerre. Tant qu'il vivra, il ne les oubliera pas. "
Le soir tombait, et les deux vieux guerriers furent envahis par une soudaine et profonde mélancolie. Ils sentaient que leur époque s'était achevée avec la mort du roi Philippe, que leurs jours s'étaient comme dissous dans le tourbillon de flammes qui avait enveloppé son b˚cher.
" Si nous avions été à ses côtés, peut-être..., murmura sou dain Parménion.
~ --Ne dis rien, mon ami. Personne ne peut empêcher le des tin de s'accomplir. Nous devons seulement penser que notre roi avait préparé
Alexandre à lui succéder. Ce qui reste de notre vie lui appartient. "
Le souverain regagna Pella à la tête de ses troupes et tra versa la ville au milieu d'une foule chaleureuse. C'était la pre mière fois, de mémoire d'homme, qu'une armée rentrait vic torieuse d'une campagne sans s'être battue, sans avoir subi de pertes. Tout le monde voyait dans ce magnifique jeune homme, au visage radieux, à l'armure et aux vêtements resplendis sants, l'incarnation ou presque d'un jeune dieu, d'un héros d'épopée. La même lumière semblait se refléter dans ses com pagnons qui chevauchaient à
ses côtés, le même regard inquiet et fébrile briller dans leurs yeux.
Antipatros vint l'accueillir. Il en profita pour lui remettre le sceau et lui annoncer l'arrivée de Parménion.
" Conduis-moi chez lui sans tarder ", ordonna Alexandre.
Le général monta en selle et le conduisit vers une villa isolée, un peu en dehors de la ville.
Lorsqu'on lui apprit qu'Alexandre avait accouru sans même faire halte dans ses appartements, Parrnénion descendit l'es calier, le coeur serré.
Dès qu'il franchit le seuil de sa demeure, il tomba nez à nez avec lui.
" Vieux et valeureux soldat ! le salua Alexandre en l'embras sant. Merci d'être revenu.
--Sire, répliqua Parménion la gorge nouée, la mort de ton père m'a profondément chagriné. Si j'avais pu, j'aurais donné ma vie pour le sauver.
Je lui aurais fait un bouclier de mon corps, j'aurais. . . " Il ne put poursuivre, tant sa voix était brisée.
" Je le sais ", dit Alexandre. Puis il posa les mains sur ses epau}es, plongea son regard dans le sien
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