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Alexandre le Grand "le fils du songe 1"

Alexandre le Grand "le fils du songe 1"

Titel: Alexandre le Grand "le fils du songe 1" Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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et de mettre à exécution le plan qu'il avait conçu. Il envoya un messager vers la flotte byzantine, lui enjoignant de remonter l'Istros jusqu'à sa confluence avec le fleuve Peucé, mouvement qui requérait cinq journées de navi gation. quant à lui, il rassembla toutes les unités de l'armée à Pella, plaça Parménion à la tête de l'infanterie, prit lui-même le commandement de la cavalerie et partit.
    Ils franchirent le mont Rhodope, descendirent dans la vallée de l'Euros, puis reprirent leurs marches forcées en direction des cols du mont Hémon, encore recouverts d'une épaisse couche de neige. Au fur et à mesure qu'ils avançaient, ils découvraient des villes détruites, des champs dévastés, des cadavres empalés, d'autres attachés et carbonisés. La colère du souverain s'accrut alors comme la fureur d'un fleuve en crue Il fondit sur la plaine de Gétie, incendia les villages et les campements, ravagea les récoltes, massacra les troupeaux.
    En proie à la terreur, les populations se retirèrent en désordre vers l'Istros et tentèrent de se réfugier sur une île située au milieu du fleuve, o˘ Alexandre ne pourrait les atteindre. Mais celui-ci les rejoignit gr‚ce à la flotte byzantine qui transportait les troupes d'assaut, les a écuyers " et la cava lerie de la Pointe.
    Sur l'île, le choc fut intense: les Gètes et les Triballes lut taient avec une fougue désespérée car ils défendaient le der nier morceau de terre qui leur restait, ainsi que leurs femmes et leurs enfants. Alexandre conduisit lui-même l'attaque jus qu'à leurs positions, défiant le vent glacial et les flots impé tueux de l'Istros grossis par les pluies torrentielles. La fumée des incendies se mêlait aux rafales de pluie et de neige fondue
    les hurlements des combattants, les cris des blessés et les hen nissements des chevaux se confondaient avec le vacarme des coups de tonnerre et le sifflement du vent du nord.
    Les défenseurs avaient formé un cercle compact au moyen de leurs boucliers et planté les hampes de leurs lances dans le sol afin d'opposer une muraille de pointes à la charge de la cavalerie. Derrière eux, les archers décochaient des nuées de llèches mortelles. Mais Alexandre était comme possédé par une force terrible.
    Parménion, qui l'avait pourtant vu combattre à Chéronée trois ans plus tôt, fut effaré et abasourdi en le voyant se jeter dans les corps à corps, oublieux de tout, comme sous l'em prise d'une fureur incontrôlable, hurlant, fauchant ses enne mis de son épée et de sa hache, poussant Bucéphale, cuirassé de bronze, contre les rangs ennemis, et finissant par se ména ger une brèche o˘ entraîner la cavalerie lourde et l'infanterie d'assaut.
    Encerclés, désespérés, traqués l'un après l'autre comme des bêtes en fuite, les Triballes se rendirent, tandis que les Gètes continuaient de résister jusqu'au dernier homme, jusqu'au dernier souffle d'énergie.
    quand tout fut terminé, la tempête qui venait du nord attei gnit le fleuve et l'île, mais elle s'atténua bientôt en rencontrant l'humidité qui montait du vaste courant. Comme par enchan tement, la neige se mit à
    tomber, d'abord mêlée de pluie, sous forme de minuscules cristaux de glace, puis à gros flocons. Le terrain--de la boue sanglante--fut rapidement recouvert d'un blanc manteau, les incendies s'éteignirent et partout s'installa un silence pesant, brisé ici et là par quelques cris étouffés, ou par le halètement des chevaux qui se déplaçaient comme des spectres dans la tourmente.
    Alexandre regagna la rive. Les soldats qu'il avait laissés de garde sur le môle le virent surgir du rideau de neige et de brouillard: il avait perdu son bouclier, mais il brandissait encore son épée et sa hache à
    double tranchant, couvert de sang de la tête aux pieds. Les plaques de bronze qui proté geaient le poitrail et le front de Bucéphale étaient tout aussi rouges; son corps et ses naseaux dégageaient un nuage de vapeur qui lui donnait l'allure d'une bête fantastique, d'une créature de cauchemar.
    Parménion le rejoignit aussitôt, les traits empreints de stu peur. "
    Sire, tu n'aurais pas d˚... "
    Alexandre ôta son casque, libérant ses cheveux dans le vent glacé, et le vieux général ne reconnut pas sa voix lorsqu'il déclara " C'est terminé, Parménion, nous pouvons reculer. "
    Une partie de l'armée fut rapatriée par le chemin qu'elle avait parcouru à l'aller, tandis qu'Alexandre

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