Alexandre le Grand "le fils du songe 1"
conduisait vers l'ouest la cavalerie et le reste des soldats en remontant le cours de l'Istros. Bientôt, il rencontra le peuple des Celtes, venu de terres fort lointaines situées sur les rives de l'Océan septen trional, et il conclut un pacte d'alliance avec eux.
Il s'assit sous une tente de peaux tannées en compagnie de leur chef, un géant blond qui portait un casque surmonté d'un oiseau dont les ailes battaient avec un léger grincement chaque fois qu'il bougeait la tête.
a Je jure que je resterai fidèle à ce pacte, affirma le barbare, tant que la terre ne s'enfoncera pas dans la mer, que la mer ne submergera pas la terre, et que le ciel ne nous tombera pas sur la tête. "
Alexandre fut surpris par cette formule, qu'il n'avait encore jamais entendue, et il demanda: " que craignez-vous le plus ? "
Le chef leva les yeux vers lui dans un mouvement d'ailes, il sembla réfléchir un instant, puis il répondit sur un ton très sérieux: " que le ciel ne nous tombe sur la tête. "
Alexandre n'en connut jamais la raison.
Par la suite, il traversa les territoires des Dardaniens et des Agrianes, des populations sauvages de souche illyrienne qui avaient trahi l'alliance avec Philippe pour s'unir aux Gètes et aux Triballes. Il les battit et les obligea à lui fournir des troupes, car les Agrianes étaient célèbres pour leur capacité à gravir les rochers les plus abrupts munis de leurs armes.
Le souverain pensait qu'il aurait été plus pratique d'utiliser ce genre de troupes que de devoir creuser un escalier, à l'usage de son infanterie d'assaut, dans la roche du mont Ossa.
L'armée erra longtemps dans l'enchevêtrement des vallées et des forêts de ces terres inhospitalières, et l'on perdit bientôt sa trace. Le bruit courut même que le roi était tombé avec ses troupes dans une embuscade, o˘
il avait péri.
Cette rumeur se répandit très rapidement dans le monde grec, atteignant d'abord Athènes, par la mer, puis Thèbes.
Démosthène quitta aussitôt l'île de Calaurie, o˘ il s'était réfugié, et se présenta à l'assemblée réunie sur la place publique. Il prononça un discours enflammé, puis adressa des messages à Thèbes, ainsi qu'un chargement gratuit d'armures lourdes destinées à l'infanterie de ligne, dont les Thébains étaient totalement dépourvus. La ville se souleva, les hommes prirent les armes et assiégèrent la garnison qui occupait la Cadmée, creusant des tranchées et élevant des palissades autour de la citadelle, si bien que les Macédoniens se retrou~ vèrent prisonniers et qu'ils ne purent recevoir aucun approvi sionnement de l'extérieur. ~!
Mais Alexandre fut informé de cette révolte et des mots de dérision que Démosthène avait eus pour lui. Il s'emporta terriblement.
Il abandonna en toute h‚te les rives de l'Istros et arriva devant les murailles de Thèbes treize jours plus tard, évitant la reddition aux défenseurs de la Cadméei épuisés par le siège. Ceux-ci furent stupéfaits quand ils virent le roi, monté sur Bucéphale, ordonner aux Thébains de lui livrer sans tarder les responsables de la révolte.
" Livrez-les, criait-il, et j'épargnerai la ville ! "
Les Thébains se réunirent en assemblée pour délibérer. Revenus de l'exil auquel Philippe les avait contraints, les représentants du parti démocratique br˚laient de se venger.
" que craignez-vous donc? Ce n'est qu'un adolescent ! ", s'exclama l'un deux, un dénommé Diodore. " Les Athéniens sont avec nous, Sparte et la ligue des …toliens pourraient rapi dement joindre leurs forces aux nôtres.
Il est temps de nous débarrasser de la tyrannie macédonienne ! Le Grand Roi des Perses a également promis son appui: il a envoyé à Athènes des arrnes et de l'argent destinés à soutenir notre révolte.
--Alors pourquoi ne pas attendre les renforts ? s'écria un autre citoyen en se levant. En attendant, la garnison de la Ca~née pourrait se rendre, ce qui nous permettrait d'utiliser ces hommes pour les négociations: les libérer en échange du ret~it définitif des troupes macédoniennes de notre territoire. No~s pourrions également tenter une sortie quand l'armée alli~e prendra Alexandre à revers.
--Non! s'écria Diodore. Chaque jour qui passe joue en notre défaveur.
Tous ceux qui croient avoir été injustement traités ou opprimés par notre ville s'unissent au Macédo nien: à présent, c'est le tour des Phocéens, des habitants de Platées, de Thespies et d'Oropos. Ils
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