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Alexandre le Grand "le fils du songe 1"

Alexandre le Grand "le fils du songe 1"

Titel: Alexandre le Grand "le fils du songe 1" Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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aucun n'implora à genoux qu'on épargne sa vie, mais ce courage désespéré n'inspira guère la pitié de leurs ennemis, et la journée ne fut pas assez longue pour freiner la cruauté de leur vengeance: rien n'au rait pu les arrêter. Aveuglés par la fureur, ivres de sang et de violence, ils pénétrèrent dans les temples, arrachèrent aux autels les femmes et les enfants pour user sur eux de toutes formes d'outrage possibles.
    Partout la ville résonnait des cris désespérés de jeunes filles et de jeunes garçons qui appelaient au secours leurs parents hélas incapables de les aider.
    Les Macédoniens avaient été rejoints par les Béotiens et les Phocéens, des Grecs qui avaient subi par le passé l'oppression thébaine. S'ils parlaient la même langue et le même dialecte que leurs adversaires, ils se montrèrent toutefois les plus féroces, semant l'horreur dans la ville alors que les cadavres de leurs victimes gisaient, entassés, dans tous les coins et sur toutes les places.
    Seules la tombée de la nuit, la fatigue et l'ivresse mirent un terme au massacre.
    Le lendemain, Alexandre réunit le conseil de la ligue pour décider du sort de Thèbes.
    Les délégués de Platées s'exprimèrent les premiers: " Les Thébains ont toujours trahi la cause commune des Grecs. Ils ont été les seuls, au cours de l'invasion perse, à s'allier contre leurs frères qui luttaient cependant pour la liberté de tous. Ils n'ont éprouvé aucune pitié quand notre ville a été détruite par les barbares et incendiée, quand nos femmes ont été
    outragées et nos fils réduits en esclavage dans des pays lointains et inac cessibles.
    --Et les Athéniens, intervint le délégué de Thespies, qui les ont d'abord aidés pour les abandonner ensuite à l'approche du ch‚timent, ont-ils oublié
    que les Perses ont br˚lé leur ville et incendié les sanctuaires de leurs dieux ?
    -- Par le ch‚timent exemplaire d'une seule ville, affir mèrent les représentants des Phocéens et des Thessaliens, nous empêcherons que d'autres guerres éclatent, que d'autres peuples menacent la paix à cause de leur haine et de leur partialité aveugle. "
    La décision fut prise à une grande majorité, et si Alexandre y ét~it personnellement hostile, il ne put s'y opposer car il avait proclamé qu'il respecterait la décision du conseil.
    Huit mille Thébains furent vendus comme esclaves. Leur ville millénaire, chantée par Homère et par Pindare, fut entiè rement rasée, balayée de la surface de la terre comme si elle n'avait jamais existé.
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    A~xandre se laissa presque tomber de son cheval et se traîna sous sa tente. Ses oreilles étaient remplies de hurle mel~s poignants, d'invocations et de plaintes; ses mains cou ver~Fs de sang.
    I~efusa de se nourrir et de boire, il se débarrassa de ses armes et se jeta sur sa couche, en proie à d'épouvantables
    convulsions. Il semblait avoir perdu le contrôle de ses muscles et de ses sens: cauchemars et hallucinations défilaient devant ses yeux et dans son
    ‚me comme une tempête qui emporte tout, comme un souffle dévastateur lui arrachant ses pensées au moment même o˘ elles se formaient.
    La souffrance et le désespoir d'une ville grecque extirpée de ses racines pesaient sur son coeur comme un fardeau. Il éprou vait un sentiment d'oppression, qui augmenta au point d'ex ploser en un cri presque bestial de délire et de chagrin. Mais personne ne le distingua parmi les nombreux hurlements qui blessaient cette nuit maudite, parcourue d'ombres ivres et de fantômes sanglants.
    Brusquement, la voix de Ptolémée le ramena à la réalité:
    " La situation n'a rien à voir avec une bataille ouverte, n'est ce pas ?
    Elle ne ressemble pas à notre combat sur l'Istros. Et pourtant, la chute de Troie que ton cher Homère a chantée n'a pas d˚ être bien différente, pas plus que la destruction
    de tant de villes glorieuses dont le souvenir est à jamais perdu. "
    Alexandre demeura silencieux. Il s'était dressé sur son lit et portait sur son visage une expression hagarde, presque de folie. Il se contenta de murmurer: " Je... je ne voulai~ pas.
    --Je le sais ", dit Ptolémée, et il baissa la tête. " Tu n'eS pas entré
    dans la ville, reprit-il après quelques instants, m~ je peux t'assurer que les combattants les plus terribles et 1~ plus féroces, ceux qui se sont le plus acharnés sur ces m~il heureux, ont été leurs voisins, les Phocéens, les Platéens~ les Thespiens, qui

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