Alexandre le Grand "le fils du songe 1"
de la plupart de mes demeures.
" Tout cela réclame justice. Je suis donc venue te voir, toi, le jeune roi des Macédoniens, pour t'offrir la forteresse et la ville d'Alinda, qui te permettront de contrôler l'intérieur du pays, sans lequel Halicarnasse ne peut survivre. "
Elle prononça ces mots avec un très grand naturel, comme si elle parlait d'un jeu de société. Alexandre l'examina d'un air surpris: il avait de la peine à en croire ses oreilles.
La reine Ada ordonna à un de ses domestiques de tendre au roi un plateau de g‚teaux. " Un autre biscuit, mon garçon ? ", demanda-t-elle.
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~ ~ 'J
| ~ Alexandre annonça tout bas à Eumène qu'il désirait s'entre enir en tête à tête avec son invitée. L'un après l'autre, ses com agnons prirent respectueusement congé en prétextant des
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occupations diverses. C'est alors que se présenta Péritas, attiré par le parfum des friandises dont il raffolait.
" Noble dame, commença Alexandre, je ne suis pas s˚r d'avoir bien compris: tu veux m'offrir la forteresse et la ville d'Alinda sans rien exiger en échange ?
--Pas tout à fait, répliqua la reine. Il y a quelque chose que je désire en échange.
--Parle, et je comblerai tes souhaits si c'est en mon pou voir. que veux-tu ?
--Un enfant ", répondit Ada d'une voix très naturelle.
Alexandre la contempla un instant, bouche bée. Mais Péritas le tira de sa stupeur en lui réclamant, avec force, le bis cuit qu'il avait à la main.
- " Noble dame, je ne pense pas pouvoir... "
Ada sourit. " Je crois que tu n'as pas bien saisi, mon garçon. Vois-tu, la vie ne m'a pas offert le réconfort d'un enfant, et il en a peut-être été
mieux ainsi, puisque les usages et les exi gences dynastiques m'ont contrainte à épouser mes frères C'est pourquoi j'ai tant souffert dans mes veuvages.
" Mais si le destin m'avait donné un enfant né d'un mari normal, j'aurais voulu qu'il te ressemble: qu'il soit aussi beau, noble et aimable que toi, qu'il ait des manières raffinées mais un caractère décidé, courageux et-audacieux, tout en étant affable et affectueux ainsi qu'on murmure que tu l'es. En d'autres termes, je te demande de devenir mon fils. "
Incapable d'articuler le moindre mot, Alexandre se laissa caresser par les yeux ambrés, doux et mélancoliques de la reine.
" Alors, quelle est ta réponse, mon garçon ?
--Je... je ne sais pas comment cela pourrait se produire...
--Très simplement, par une adoption.
--Et comment adviendrait-elle ?
--Je suis reine. Si tu es d'accord, il me suffit de prononcer la formule rituelle et tu seras mon fils à part entière. " `~
Alexandre l'examinait d'un air de plus en plus déconcerté
" Je demande peut-être trop ? dit Ada, brusquement inquiète.
--Non, mais... 1
-- quoi ?
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~ Je ne m'attendais pas à une telle requête. J'en suis extrê mement flatté, et par conséquent... " Ada se pencha en avant comme pour s'assurer qu'elle entendrait bien la suite. " Par conséquent~ je suis heureux et honoré d'accepter ton offre. "
La reine versa quelques larmes d'émotion. " Tu acceptes vraiment ?
demanda-t-elle.
--Oui.
--Je t'avertis, j'exigerai aussi que tu m'appelles "maman".
--Je n'y manquerai pas... maman. "
Ada s'essuya les yeux avec un mouchoir brodé. Elle redressa la tête, se racla la gorge, puis déclara: " Moi, Ada, fille de Mausole, reine de Carie, je t'adopte, toi, Alexandre, roi des Macédoniens, en qualité de fils, et je te nomme seul héritier de tous mes biens. " Elle tendit la main à
Alexandre, qui y déposa un baiser.
" Je t'attendrai demain à Alinda, mon fils. Et maintenant, embrasse-moi.
"
Alexandre se leva et l'embrassa sur les joues. Il fut charmé par son parfum oriental de santal et de rose sauvage. C'est alors que Péritas s'approcha en frétillant et en gémissant, dans I'espoir que l'invitée de son maître lui donne quelque douceur.
La reine le caressa. " Ce petit chien est bien gentil, quoi qu'un peu...
encombrant ", dit-elle avant de s'éloigner en lais sant des provisions à
son fils adoptif et à ses amis, de grands garçons dotés d'un solide appétit. Alexandre la regarda mon ter sur sa jument blanche, accompagnée de deux serviteurs, I'un l'abritant du soleil, l'autre chassant les mouches qui se pressaient autour de sa monture. quand il se retourna, ses yeux croisèrent ceux d'Eumène, qui hésitait entre le rire et la solennité de circonstance.
" Malheur à toi si
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