Alexandre le Grand "le fils du songe 1"
sans incidents et les terrassiers executerent les ordres du souverain sans être inquiétés par 1 ennemi.
Le quatrième jour, de vastes tronçons ayant été remplis et aplanis, les machines purent avancer jusqu'au pied des murs.
Ces tours, de quatre-vingts pieds de hauteur, munies de béliers à bascule que manceuvraient des centaines d'hommes en.sécurité à l'intérieur de la construction, avaient été utilisées p~r le roi Philippe au cours du siège de Périnthe. Bientôt, le large sillon formé par la vallée renvoya l'écho du vacarme que produisaient leurs têtes ferrées qui sapaient les murs d'en ceinte tandis que les terrassiers poursuivaient leur travail.
N'ayant pas prévu que cette énorme tranchée serait si rapi dement comblée, les défenseurs ne parvinrent pas à s'opposer à l'action des machines. En sept jours, une brèche fut ouverte dans la muraille, et plusieurs remparts s'effondrèrent autour de la porte de Mylasa. Alexandre put alors lancer ses détache ments d'assaut avec mission de se frayer un chemin vers l'in térieur de la ville. Mais Memnon avait déjà aligné un grand nombre de défenseurs, qui repoussèrent sans trop de- difficul tés cette tentative.
Au cours des jours suivants, les béliers continuèrent de marteler les murs tandis que balistes et catapultes harcelaient l'ennemi. Constatant que la victoire était désormais à sa por t ée, Alexandre réunit son haut commandement sous sa tente pour organiser la phase ultime de l'opération.
Les troupes chargées des machines veillaient au pied des murs en compagnie de sentinelles placées à intervalles régu liers ;e long de la ligne des remparts. Celles-ci s'interpellaient périodiquement pour garder le contact dans le noir. Leurs cris s~élevaient jusqu'au chemin de ronde o˘
Memnon se tenait, immobile~ enveloppé dans son manteau, scrutant l'obscurité.
Soudain, le Rhodien se souvint d'un épisode survenu quel ques jours plus tôt: des membres de la noblesse macédo nienne~ amis d'Attale et de la défunte reine Eurydice, étaient venus offrir leur aide aux habitants d'Halicarnasse.
Il donna ordre à son aide de camp, qui l'attendait dans le noir~ de les convoquer sans tarder.
La soirée était calme: une brise légère dissipait la chale~ qui avait marqué cette journée printanière, et le chef suprêr~ des Perses levait de temps à autre les yeux vers l~immense vo˚te étoilée qui s'incurvait vers 1
ouest. Il pensait à Barsine, à sa nudité, au regard de feu qui s'était posé
sur lui au cours de leur dernière rencontre. Il éprouva une douloureuse sensation de manque.
Son désir le remplissait d'une telle force qu il regrettait de ne pas pouvoir affronter Alexandre en duel. La voix de son aide de camp le tira de sa torpeur:
" Commandant, les hommes que tu m'as envoyés chercher sont là. "
En se retournant, Memnon constata que les Macédoniens étaient venus au rendez-vous en tenue de combat. Il leur fit signe de s'approcher.
" Nous voici, Memnon, dit l'un d'eux. Nous sommes prê~s nous attendons tes ordres.
--Entendez-vous ces cris ? "
Les Macédoniens tendirent l'oreille. " Bien s˚r, ce sont les sentinelles d'Alexandre.
--Bien. 6tez vos armures, ne gardez que vos épées et vos poignards, il faut que vous vous déplaciez sans entraves ni bruit dans le noir. Voici mon plan: après être sortis par la poterne chacun d'entre vous tentera de localiser une sentinelle. Vous la rejoindrez en rampant, l'éliminerez, puis vous prendrez sa place et répéterez le mot de passe qu'on vous transmettra.
Vous avez le même accent, et personne ne s'apercevra de rien.
" Dès que vous contrôlerez une certaine portion du terrain, vous me lancerez un signal en imitant le cri du hibou. Nous enverrons un détachement d'assaut, muni de torches et de fleches incendiaires, qui s'emploiera à br˚ler les machines. Avez-vous bien compris ?
--Très bien. Aie confiance en nous "
Les Macédoniens se consultèrent un moment avant d'ôter leurs armures et de descendre l'escalier qui menait à la poterne. Une fois à l'extérieur, ils se dirigèrent vers les senti nelles en rampant sur le sol.
Memnon attendit leur signal sur le chemin de ronde en contemplant les grandes tours d'assaut qui se dressaient dans
bscurité, pareilles à des géants. Il crut bientôt reconnaître la o~x d'une sentinelle: une partie de la mission était peut-être ccomplie. Au bout d'un moment, il entendit enfin le cri du hibou s'élever entre
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