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Alexandre le Grand "le fils du songe 1"

Alexandre le Grand "le fils du songe 1"

Titel: Alexandre le Grand "le fils du songe 1" Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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hirsutes. L'homme le plus puissant du monde après le Grand Roi n'était plus qu'une larve humaine Mais il était encore vivant.
    Barsine le caressa et l'embrassa tendrement sur la bouche et les yeux sans savoir s'il la reconnaissait ou pas. Puis elle balaya les alentours d'un regard angoissé, à la recherche d'un abri. Elle aperçut au loin, sur une colline, une maison de pierre, et enjoignit à ses hommes de demander l'hospitalité à son propriétaire pour quelques jours, ou quelques heures-elle l'ignorait.
    " Je veux un lit pour mon mari, je veux le laver et le changer de vêtements, je veux qu'il meure comme un homme, et non comme une bête ", dit-elle.
    Le chef des gardes s'exécuta et peu après, Memnon fut transporté dans la demeure, accueilli avec tous les honneurs par le maître de maison perse, qui ordonna qu'on lui prépare un bain. Barsine le déshabilla, le lava et le vêtit d~habits propres. Elle lui parfuma les cheveux, que les serviteurs avaient coupés, lui appliqua un onguent rafraîchissant sur le front, puis elle le coucha et s'assit à ses côtés en lui tenant la main.
    Il était tard à présent, et le maître de maison vint inviter la belle dame à dîner avec les hommes qui l'avaient accomP~ gnee, mais Barsine déclina gentiment cette invitation.
    ~.
    " J'ai chevauché nuit et jour pour pouvoir le rejoindre et je le quitterai pas un instant tant qu'il sera vivant. "
    L'homme sortit en refermant la porte derrière lui, et Barsine tourna auprès de son marij dont elle caressait et mouillait s lèvres de temps à
    autre. Il était plus de minuit quand, vain ~e par l'épuisement, elle s'assoupit sur la chaise.
    Soudain, elle eut l'impression, dans son demi-sommeil, entendre la voix de son époux. Elle crut qu'il s'agissait d'un ~ve, mais la voix répétait son nom avec insistance: " Bar...
    ne. .. " Elle sursauta et ouvrit les paupières: Memnon s'était ~rraché à
    sa torpeur, il fixait sur elle ses grands yeux fiévreux.
    " Mon amour ", murmura-t-elle en tendant la main pour lui aresser le visage.
    Memnon la regardait, comme halluciné, il semblait vouloir lui dire quelque chose.
    " que veux-tu ? Parle, je t'en prie. "
    Ses membres avaient retrouvé un peu de vitalité et son v age avait reconquis la beauté virile de jadis. Barsine appro c a son oreille de sa bouche, pour ne pas perdre un mot de ce

    'il disait.
    ~< Je veux...
    que veux-tu, mon amour ? Tout ce que tu veux. . . tout ce e tu veux, mon adoré.
    --Je veux . te voir. "
    Alors Barsine se souvint de la dernière nuit qu'ils avaient passée ensemble et comprit. Elle se leva d'un geste décidé, recula de façon à être éclairée le mieux possible par les deux lampes qui pendaient du plafond, et commença à se désha
    biller. Elle se libéra de son corset, dénoua les lacets qui retenaient son pantalon scythe, et abandonna par la même occasion toute pudeur. Elle se redressa, nue et fière, devant
    lui.
    Elle vit que ses yeux s'embuaient, que deux grosses larmes coulaient sur ses joues décharnées, et elle devina qu'elle avait exaucé son souhait. Elle sentit que son regard caressait lente ment~ doucement, son visage et son corps, elle sentit qu'il fai sait ainsi l'amour avec elle pour la dernière fois.
    Memnon dit, dans un filet de voix: " Mes garçons... "
    Il chercha une nouvelle fois son regard pour lui transmettre ce qui restait de sa vie et de sa passion pour elle, puis il repOsa la tête contre l'oreiller et s'éteignit.
    Barsine enfila un manteau et se laissa tomber sur son corps inerte en sanglotant, le couvrant de baisers et de caresses Il n'y avait pas d'autre bruit dans la maison que celui de ses pleurs désespérés, et les mercenaires grecs qui veillaient à l'extérieur, autour du feu, comprirent. Ils se levèrent et, en silence, rendirent les honneurs au commandant Memnon de Rhodes, à qui un destin odieux avait interdit de mourir en soldat, l'épée au poing.
    Ils attendirent l'aube pour monter dans la chambre et prendre le corps de leur chef.
    a Nous le placerons sur le b˚cher selon nos usages ", dit le plus ‚gé
    d'entre eux, celui qui venait de Tégée.
    " Abandonner un corps aux chiens et aux charognards est insupportable pour nous. Cela prouve combien nous sommes différents. " Barsine comprit.
    Elle comprit qu'elle devait s'effacer en cette heure suprême et permettre à
    Memnon de retourner parmi ses gens, de recevoir les honneurs funèbres du rite grec.
    Ils élevèrent un b˚cher au milieu d'une

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