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Alexandre le Grand "le fils du songe 1"

Alexandre le Grand "le fils du songe 1"

Titel: Alexandre le Grand "le fils du songe 1" Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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Ptolémée et Séleucos avaient insisté pour qu'il s'y essaie.
    " Tu ne peux pas t'en dispenser, lui avait dit Eumène. Tout le monde a entendu parler de cet oracle, et si tu évitais cette epreuve, on penserait que tu n'as pas confiance en toi, que tu ne te sens pas capable de vaincre le Grand Roi.
    --Eumène a raison, avait approuvé Séleucos. Ce noeud est symbolique: il indique le croisement de nombreuses routes et de nombreux caravaniers dans la ville de Gordion, des voies qui conduisent aux confins extrêmes du monde. De fait, tu
    rôles déjà ce noeud car tu l'as conquis par la force des ~es, mais tu dois également en effacer le symbole pour
    rnplir une entreprise complète. "
    exandre s'était tourné vers Aristandre: " qu'en dis-tu,
    ~n? "
    ~ istandre s'était contenté de proférer quelques mots: " Ce n ud est le signe d'une perfection absolue, d'une harmonie achevée, de l'entrelacement des énergies primitives qui cr~èrent la vie sur terre. Tu déferas ce noeud et tu domineras l'Asie, le monde entier. "
    Cette réponse avait réconforté tout le monde. Mais, ne vou lant pas courir de risques, Eumène avait convoqué un officier de l'amiral Néarque, qui connaissait tous les noeuds utilisés sur les bateaux de guerre et les navires marchands, afin qu'il révèle ses secrets au roi. Alexandre était donc très confiant.
    En outre, les prêtres du sanctuaire allaient probablement s'ingénier à
    simplifier les choses à leur nouveau maître pour éviter de l'exposer à
    l'humiliation d'un échec.
    " Voici le char du roi Midas, annonça l'un d'eux en mon trant au souverain le véhicule archaÔque rongé par les vers, et voici le noeud. " Il prononça ces mots en souriant, ce qui laissait entendre à l'assistance, et en particulier à Eumène, Séleucos et Ptolémée, que tout se déroulerait pour le mieux. Ceux-ci convoquèrent les of ficiers de grade inférieur afin qu'ils assistent à l'entreprise du roi.
    Mais lorsqu'il se baissa pour examiner le noeud, ~lexandre se rendit compte qu'il avait été trop optimiste. Le filin était terriblement serré, on n'en voyait aucun bout dépasser. Entre temps~ la foule s'était massée et la salle regorgeait de monde: engoncés dans leurs vêtements de cérémonie, ruisselant de sueur~ les prêtres se pressaient les uns contre les autres.

    Se sentant étouffer, le roi fut envahi par la colère: il devinait que son prestige, conquis sur le champ de bataille avec la lance et l'épée, pouvait être remis en cause en quelques ins tants par une situation apparemment sans issue.
    Il regarda Eumène, qui haussa les épaules ¯omme pour lui signifier qu'il n'avait, cette fois-ci, aucune soIution à lui sug gérer Il scruta ensuite le masque de pierre d'Aristandre de Termessos~ le devin, qui s'était déjà
    exprimé et qui ne repren
    drait pas la parqle. Alors qu'il s'agenouillait une nouvelle fois près du noeud, la poignée de son épée heurta son flanc Alexandre pensa aussitôt que c'était un signe des dieux. Au même moment, un rayon de soleil s'insinua dans la pièce à travers une ouverture du toit, éclairant ses cheveux comme un nuage doré et faisant scintiller les gouttes de sueur qui per laient sur son front.
    Dans le profond silence qui était tomb~ sur la salle, on enten dit le bruissement métallique de l'épée que le roi dégainait, La lame brilla comme un éclair dans le faisceau lumineux pour s'abattre sur le noeud gordien avec une force démesurée
    Le filin, tranché net, abandonna sa prise, et le joug, iibéré tomba à
    terre dans un bruit sec.
    Les prêtres échangèrent des regards abasourdis avant de dévisager Alexandre, qui s'était relevé et glissait son épée dans le fourreau. quand il redressa la tête, ils virent que SOII oeil gauche s'était assombri; il étincelait, aussi noir que la nuit
    Ptolémée s'écria: " Le roi a tranché le noeud gordien ! Le roi est seigneur de l'Asie ! "
    Tous ses compagnons l'acclamèrent et leur ovation retentit même à
    l'extérieur, parvenant aux oreilles des soldats qui s'étaient pressés autour du temple. Ils exultèrent à leur tour, libérant l'enthousiasme que la peur et la superstition avaient réprimé jusqu'alors, et ils frappèrent leurs boucliers de leurs armes, faisant trembler les murs du vieux sanctuaire.
    quand le souverain apparut, éblouissant dans son armure d'argent, ils le hissèrent sur leurs épaules et le portèrent en triomphe jusqu'au campement, comme la statue d'un dieu.

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