Alexandre le Grand "le fils du songe 1"
poing, tandis que les Perses se déployaient en demi-cercle afin d'empêcher les bêtes de se réfugier à nouveau dans le bois, o˘
se trouvaient les chiens.
Entraîné par sa fougue, Alexandre avait presque atteint son but: il s'apprêtait à lancer son javelot sur le m‚le, qui lui pré sentait le flanc.
Mais brusquement, la meute surgit du bois effrayant la femelle, qui se jeta du côté opposé et bondit sur lé cheval du prince, le précipitant à terre.
C'était toutefois compter sans les chiens, qui encerclèrent la lionne et l'obligèrent à l‚cher prise, ce qui permit au cheval de se redresser et de s'enfuir. Il le fit en ruant et en hennissant, semant du sang sur son passage.
Alors Alexandre se releva et affronta la bête, à mains nues car son javelot lui avait échappé dans sa chute. Heureuse ment, Héphestion surgit aussitôt, brandissant son arme, dont la lame atteignit le flanc de la bête qui rugit de douleur.
Après avoir égorgé deux chiens, la femelle rejoignit son compagnon, qui poursuivait furieusement le courageux Héphestion, lui assenant de terribles coups de patte et de queue et poussant des rugissements féroces.
Il fallait faire vite, même si Philippe et Parménion étaient proches, désormais. Alexandre avait réussi à ramasser son javelot et il était en train de régler son tir quand la lionne prit son élan pour bondir sur lui.
Alors un des guerriers perses, le plus éloigné de tous, tendit son grand arc et tira en pleine course. La lionne sauta, sans réussir à éviter la flèche qui se planta dans son flanc avec un sif~ement aigu. Elle fut bientôt à terre, agonisante.
Philippe et Parménion fondirent sur le m‚le et l'éloignèrent des garçons.
Le roi fut le premier à le toucher, mais aussitôt Alexandre et Héphestion repartirent à l'attaque, le blessant à leur tour, si bien qu'il ne resta plus à Parménion qu'à donner le coup de gr‚ce.
Tout autour, les chiens aboyaient et hurlaient, com~me affo lés. Les rabatteurs les autorisèrent à lécher le sang des bêtes féroces, de façon qu'ils mémorisent cette odeur pour la battue suivante.
Philippe mit~pied à terre et embrassa son fils: " Tu m'as fait trembler, mon garçon, mais aussi frémir d'orgueil. Un jour, tu seras certainement roi. Un grand roi. " Et il embrassa aussi Héphestion, qui avait risqué sa vie pour sau~er celle d'Alexandre.
quand l'excitation se fut apaisee et que les venellrs com mencèrent à
dépecer les bêtes, tout le monde se souvint du moment o˘ la lionne avait bondi.
Alors les chasseurs se retournèrent et aperçurent 1 étranger, l'un des Immortels, immobile sur son cheval, tenant encore le grand arc à double courbure qui avait foudroyé la femelle à plus de cent pas de distance. Il souriait en découvrant une double rangée de dents éclatantes, encadrées par une grosse barbe noire.
C'est à ce moment-là seulement qu'Alexandre se rendit compte qu'il était couvert de bleus et d'écorc~urés, et qu'Héphestion perdait du sang: les griffes du lion lui avaient infligé une blessure superficielle mais douloureuse. Il embrassa son ami et le fit aussitôt conduire auprès des chirurgiens. Puis il avisa le guerrier perse qui l'observait de loin, sur son cheval nyséen, et se dirigea vers lui à pied. Une fois devant lui, il plongea ses yeux dans les siens et dit:
" Merci, hôte étranger. Je n'oublierai pas. "
L'Immortel ne comprit pas les mots d Alexandre car il ne connaissait pas le grec, mais il en saisit le sens. Il sourit encore u ne fois et s'inclina, avant d'éperonner son cheval et de reJoindre ses camarades.
La chasse reprit un peu plus tard et se prolongea jusqu'au couchant. Les porteurs entassèrent les proies abattues par les chasseurs: un cerf, trois sangliers et deux chevreuils.
A la tombée de la nuit, tous ceux qui avaient participé à la battue se réunirent sous une grande tente que les esclaves avaient montée au milieu de la plaine. Tandis qu'ils riaient et chahutaient en évoquant les moments importants de la jour née, les cuisiniers détachèrent des broches le gibie~
que les
écuyers tranchants découpèrent et servirent aux convives, en commençant.par le roi, ses invités et le prince.
Bien vite, le vin coula à flots. On en remplit aussi la coupe d'Alexandre et celles de ses amis: n'avaient-ils pas prouvé au cours de la journée qu'ils étaient devenus des hommes ?
Alors les femmes survinrent: des fl˚tistes et des danseuses d'abord,
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