Alexandre le Grand "le fils du songe 1"
éteint la flamme sacrée.
Et il eut peur.
~ ALEXANDRE LE GRAND 1I LE~ILS DU SONGE 67
La battue de chasse débuta aux premières lueurs de l'aube et le roi voulut que les plus jeunes y participent aussi. Alors Alexandre et ses amis Philotas, Séleucos, Héphestion, Per diccas, Lysimaque et Léonnatos, ainsi que, bien s˚r, Ptolémée et Cratère, s'y préparèrent.
Eumène, qui avait été invité, demanda l'autorisation de ne pas y assister, car il souffrait de troubles intestinaux: il pré senta une ordonnance de Philippe, le médecin, qui lui pres crivait deux Jours de repos absolu et un traitement astringent à base d'oeufs durs.
Le roi Alexandre d'…pire s'était fait envoyer pour l'occasion une meute de chiens de son élevage, d'une grande taille et dotés d'un excellent flair. Ils étaient à présent sur la piste du gibier, stimulés par les rabatteurs qui s'étaient postés, la veille au soir, à l'orée d'un bois de la montagne. Ces chiens avaient été importés d'Orient plus d'un siècle auparavant, et comme ils s'étaient fort bien acclimatés en Epire, la terre des Molosses, o˘ l'on avait fondé les meilleurs élevages, ils en avaient pris le nom. Leur puissance~ leur grande taille et leur résistance à la douleur faisaient d'eux l'instrument le mieux approprié à la chasse au gros gibier.
Les bergers avaient signalé depuis longtemps qu'un lion massacrait leurs brebis et leurs troupeaux de bovins dans cette région, et Philippe avait volontairement attendu cette occasion pour abattre la bête sauvage, initier son fils au seul passe-temps qui convînt à un aristocrate et offrir à ses invités perses un divertissement digne de leur rang.
Trois heures plus tôt, à l'aubej ils avaient quitté le palais royal de Pella. Au lever du soleil, ils avaient atteint le mas-sif qui séparait la vallée de l'Axios de celle du Ludias. La bête se dissimulait quelque part au milieu des bois de chênes et de hêtres qui recouvraient la montagne.
A un signe du souverain, les veneurs embouchèrent les trompes dont le son, multiplié par l'écho, résonna jusqu'au a~ sommet des monts. Alors les rabatteurs libérèrent leurs chiens et les lancèrent sur les traces du gibier en martelant leurs bou cliers avec les embouts de leurs javelots, ce qui produisait un grand vacarme.
Les aboiements emplirent aussitôt la vallée, et les chasseurs se déployèrent en demi-cercle sur un arc mesurant près de quinze stades.
Au centre se trouvaient Philippe et ses généraux: Parmé nion, Antipatros et Cleitos, dit le Noir. Les Perses s'étaient pla cés à droite, dans des tenues qui avaient étonné tout le monde. Plus de tuniques brodées ni de vestes voyantes; désormais, le satrape et ses Immortels arboraient le costume de leurs ancêtres nomades de la steppe: culottes de cuir, corset, cha peau droit, deux javelots à l'étrier, arc à double courbure et flèches.
Avaient pris place à gauche du souverain: Alexandre d'…pire, Ptolémée et Cratère, ainsi que les plus jeunes, dont Alexandre, Héphestion et Séleucos.
Un nuage de brouillard descendait le long du fleuve et s'étendait comme un voile léger sur la plaine verte et fleurie, encore en partie assombrie par la montagne. Soudain, un rugissement déchira la paix de l'aube en couvrant les aboie ments lointains, et les chevaux hennirent d'excitation, piaffant et soufflant avec tant de force qu'il fut difficile de les retenir.
Personne ne bougeait; on attendait que le lion se mette à découvert. Il y eut un deuxième rugissement, plus puissant, et
un troisième lui fit écho un peu plus loin, en direction du fleuve: il y avait aussi une femelle !
Enfin, le m‚le, imposant, sortit du bois et, se voyant encer clé, émit un rugissement qui secoua toute la montagne de tremblements et terrifia les chevaux. La lionne apparut peu après.
La présence des chasseurs empêchant les deux fauves d'avancer, et celle des rabatteurs de reculer, ils tentèrent de fuir vers le fleuve.
Alors, Philippe donna le signal du départ de la chasse et tout le monde se déversa dans la plaine, au moment même o˘ le soleil se levait derrière le mont et inondait la vallée de lumière.
Désireux de couper la route aux lions, et de montrer ainsi leur audace, Alexandre et ses compagnons, qui étaient plus proches de la rive que les autres chasseurs, éperonnèrent leurs destriers.
Le roi, craignant que les garçons ne courent un grave danger, s'élança lui aussi, javelot au
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