Alexandre le Grand "le fils du songe 1"
nous souhaitions entretenir des rapports commerciaux avec ces cités et, mieux encore, puiser dans l'expérience qu'elles ont accumulée dans tous les domaines du savoir. Nous voulons apprendre à construire, à naviguer sur les flots, à régler le cours des eaux sur notre terre... "
62 ALEXANDRE LE GRAND LE FILS DU SOIIGE
…trangement, le Perse devança l'interprète: " Et qu'offrez vous en échange ? "
Philippe masqua habilement sa surprise. Il attendit la tra duction de la question et répondit d'une voix imperturbable: " Amitié, présents hospitaliers et produits que seule la Macédoine est en mesure de fournir: le bois de nos forêts, les chevaux magnifiques et les robustes esclaves de nos plaines. Je ne désire qu'une chose: que tous les Grecs qui vivent sur nos rivages considèrent le roi des Macédoniens comme leur ami naturel. Rien de plus. "
Les Perses semblèrent se contenter de ce que Philippe leur disait. Ils comprenaient que le souverain macédonien ne pouvait pas encore se permettre de se lancer dans des projets belliqueux. Et cela leur suffisait pour le moment.
quand on quitta la pièce pour gagner la salle o˘ devait se dérouler le banquetj Alexandre s'approcha de son père et lui murmura à l'oreille:
" qu'y a-t-il de vrai dans ce que tu as dit ?
--Presque rien, répondit Philippe en sortant dans le cou loir.
--Et donc, eux aussi...
--Ils ne m'ont rien dit de vraiment important.
--Mais alors, à quoi servent ces rencontres ?
--A se renifler.
--Se renifler ? demanda Alexandre.
--Oui. Un vrai politicien n'a pas besoin de mots, il se fie beaucoup plus à son nez. Par exemple, à ton avis, aime-t-il les filles ou les garçons ?
-- qui ?
--Notre invité, évidemment !
--Mais. . . je l'ignore.
--Il aime les garçons. On pouvait croire qu'il regardait les filles, mais il observait du coin de l'oeil le petit blond qui ser vait du vin glacé. Je dirai au maître de cérémonie de le lui fourrer dans son lit. Il vient de Bithynie et il connaît le perse. Nous réussirons peut-être à découvrir d'autres choses au sujet de notre invité. quant à toi, tu les promèneras et leur montre ras le palais royal et ses dépendances au terme du banquet. "
Alexandre acquiesça et, quand vint le moment, exécuta avec r enthousiasme la t‚che dont on l'avait chargé. Il avait lu de nombreux ouvrages sur l'Empire perse, connaissait presque par coeur l'Anabase de l'Athénien Xénophon et avait porté une grande attention à l'Htstoire des Perse~ de Ctésias, certes rem plie d'exagérations fantaisistes mais contenant des annota tions intéressantes au sujet des coutumes et du paysage. Cependant, c'était la première fois qu'il pouvait parler à des Perses en chair et en os.
Accompagné d'un interprète, il leur montra le palais royal et les logements des jeunes nobles, et se promit aussitôt de réprimander Lysimaque, dont le lit n'était pas bien fait. Il expliqua que les descendants de l'aristocratie macédonienne étaient instruits à la cour avec lui.
Arsamès lui apprit que cette coutume existait également à Suse, leur capitale. Le souverain s'assurait ainsi la fidélité des F chefs tribaux et des- rois clients; il éduquait aussi une généra tion de nobles étroitement liés au trône.
Alexandre le conduisit aux écuries des hétairoÔ, les aristo crates qui combattaient dans la cavalerie et qui portaient jus tement le titre de "
compagnons du roi ". Les dignitaires assis tèrent en sa présence aux évolutions de quelques chevaux thessaliens d'une grande beauté.
" De magnifiques animaux, commenta l'un d'entre eux.
--Avez-vous des étalons aussi beaux ? ", demanda un peu naivement Alexandre.
Le dignitaire sourit: a Prince, as-tu jamais entendu parler des chevaux nyséens ? "
Alexandre secoua la tête d?un air embarrassé.
" Ce sont des animaux d'une beauté et d'une puissance for midables. Ils ne paissent que sur les hauts plateaux de la Médie, o˘ pousse une herbe très riche qu'on appelle justement "herbe médique". Ses fleurs de couleur pourpre sont très énergétiques, et le cheval de l'empereur en est exclusivement nourri. LRS palefreniers les cueillent une par une, et les distri buent fraîches en été, et sèches à l'automne et en hiver. "
Captivé par ce récit, Alexandre tentait d'imaginer l'aspect que pouvaient présenter des chevaux exclusivement nourris de fleurs.
Ils allèrent ensuite se promener dans les jardins, o˘ la reine Olympias avait fait planter
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