Alexandre le Grand "le fils du songe 1"
années sous une tente dans la ville de Silo jusqu'à ce que le roi Salomon lui construise un temple res plendissant d'or et de bronze sur le rocher de Sion, notre ville.
--A quoi ressemble-t-il ? l'interrogea Aristandre. Peux-tu m'en montrer un dessin ? "
Dès qu'il eut entendu sa requête, le vieillard eut une grimace de dégo˚t et répondit sèchement: " Notre Seigneur n'a aucun aspect, et il nous est formellement interdit d'utiliser des idoles. L'image de notre Seigneur est partout: dans les nuages du ciel et dans les fleurs des prairies, dans le chant des oiseaux et dans le murmure du vent qui souffle parmi les branches de ses arbres.
--Mais alors, qu'y a-t-il donc dans votre temple ?
--Rien que l'oeil humain ne puisse voir.
--Et qui es-tu donc ?
--Je suis le grand prêtre. Je présente au Seigneur la puis sance de son peuple, et je suis le seul autorisé à prononcer son nom, une fois l'an, dans la partie la plus reculée de notre sanc tuaire. Et toi, qui es-tu, s'il m'est perrnis de te le demander ? "
Le roi dévisagea ses deux interlocuteurs, l'un après l~autre~ puis il dit: " Je veux voir le temple de ton dieu "
Dès qu'il eut compris les paroles du roi, le vieux prêtre s~age nouilla et, le front sur le sol, le conjura de n'en rien faire; ~I Je l~sCONFlNSDU MONDE 667
t'en prie, ne profane pas notre sanctuaire. Il est impératif d'être circoncis et d'appartenir au peuple élu pour pouvoir pénétrer dans notre temple, et j'ai le devoir de t'en interdire l~accès~ au prix de mon sang. "
Le roi commençait à s'emporter, comme chaque fois qu'on lui opposait un refus, quand Aristandre l'invita par un signe à maîtriser sa colère et chuchota à nouveau: " Respecte cet homme car il est prêt à donner sa vie pour un dieu sans
sage, ét non à mentir ou t'aduler. "
Alexandre réfléchit en silence un instant, puis il se tourna rs le vieil homme à la barbe blanche: " Je respecterai ton ésir, mais j'exige de toi une réponse en échange.
--Laquelle ? demanda le vieillard.
--Tu as dit que le seul aspect de ton dieu se trouve dans les uages du ciel, dans les fleurs des prairies, dans le chant des iseaux, dans le murmure du vent, mais qu'y a-t-il de ton dieu ans les êtres humains ? "
Le vieil homme répondit: " Dieu a fait l'homme à son image et à sa ressemblance, mais chez certains hommes, l'image de Dieu est comme obscurcie et brouillée par leur compor tement. Chez d'autres, en revanche, elle resplendit comme le
oleil au zénith. Tu es l'un de ces hommes, grand roi. "
Sur ces mots, il fit volte-face et retourna d'o˘ il était venu.
.
L'armée poursuivit sa route en traversant les dernières éten dues de la Palestine, puis elle pénétra en Phénicie. A Tyr, le roi Voulut offrir un sacrifice à Héraclès Melqart afin de dissiper par une cérémonie solennelle la forte angoisse qui s'était répandue parmi ses soldats après la mort du jeune Hector, que tout le monde avait interprétée comme un mauvais présage.
La ville portait encore la marque des dévastations qu'elle avait subies l'année précédente, mais la vie recommençait à y fleurir. Les rescapés s'employaient à reconstruire leurs mai sons~ transportant sur leurs bateaux les matériaux de la terre
ferme. D'autres se consacraient à la pêche, d'autres enCore restauraient les b‚timents o˘ l'on produisait la pourpre la plus précieuse du monde, issue de la macération des moules qui vivaient sur les récifs. De nouveaux colons, arrivés de Chypre et de Sidon, étaient venus peupler l'ancienne métropole, et le sentiment de désolation qui pesait sur les ruines s~évanouis sait progressivement au fur et à mesure que les travaux avan çaient, que les familles se reconstitualent, que les modestes commerces de la vie quotidienne s'intensifiaient.
A Tyr, Alexandre reçut la visite de nombreuses ambassades de Grèce et des îles, ainsi que plusieurs messages du général Antipatros, qui l'informait du recrutement des nouveaux contingents dans les régions du Nord. On lui remit également une lettre de sa mère,~ qui le marqua profondément.
"
Olympias à Alexandre, fils bien-aimé, salut !
J'ai appris ta visite au sanctuaire de Zeus qui se dresse dans les sables du désert, ainsi que le verdict que le dieu a prononcé en ta faveur, et une profonde émotion a envahi mon coeur. Je me suis souvenue de l'instant o˘ je t'ai senti tressaillir pour la première fois dans mes entrailles, alors que je consultais l'oracle de
Weitere Kostenlose Bücher