Alexandre le Grand "le fils du songe 1"
souverain préparait lui-même la boisson en mélangeant dans un cratère du vin coupé de quatre parts d'eau, en qualité de
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ch~- Au ®~mposion ". A l'évidence, il voulait écarter tout opos guerrier pour discuter de sujets philosophiques et éraires, car Barsine et Thessalos étaient assis à ses côtés. naient ensuite Callisthène et deux philosophes sophistes i faisaient partie de la délégation athénienne. Puis phestion, Eumène, Séleucos et Ptolémée avec leurs parte res plus ou moins occasionnelles. Les autres compagnons ient placés à l'autre bout de la salle.
On avait beau être en plein été, le temps se g‚tait et des ages noirs, lourds de pluie, se pressaient au-dessus de la eille ville. Soudain, tandis que les cuisiniers servaient les
mières portions d'agneau rôti et de fèves fraîches, un grand up de tonnerre éclata. Les murs de la demeure vibrèrent et surface du vin se rida dans les coupes.
Tous les invités se dévisagèrent en silence. Le tonnerre s'éloignait vers le mont Liban, sur les flancs duquel il se briserait sans doute. Les cuisiniers reprirent leur t‚che. Callisthène, les lèvres étirées en un sourire qui hésitait entre I'ironie et la plaisanterie, demanda à
Alexandre: " Puisque tu es le fils de Zeus, serais-tu capable d'en faire autant ? "
Le roi baissa la tête un moment, et nombre de convives pen sèrent que sa colère allait se déchaîner une nouvelle fois.
Callisthène lui-même semblait regretter cette réflexion spiri tuelle.
Remarquant qu'il avait blêmi, Séleucos murmura à I'oreille de Ptolémée: "
Cette fois, il en a pissé de trouille. " Mais Alexandre releva la tête.
Souriant et nullement trou blé, il répondit: " Non, je m'en garderai bien, je ne veux pas que mes invités meurent de peur. "
Tout le monde éclata de rire. La menace s'était éloignée.
…téocle fit route pendant plusieurs jours, ne dormant que quelques heures près de son cheval, effrayé par le cri des animaux nocturnes et le hurlement des chacals, craignant de perdre son chemin ou d'être agressé et volé, privé de sa
monture et de ses provisions, ou capturé par des brigands pour être vendu comme esclave dans des lieux lointains o˘ per~sonne r-le pourrait jamais le retrouver et le racheter Tout au long de sa courte vie, il n'avait jamais eu à affronter dans la solitude autant d'angoisses et de dangers, mais il était récon forté par le contact de l'épée de son père, l'arme du grand Memnon de Rhodes, par sa taille considérable, qui lui donnait l'impression d'être plus adulte qu'il ne l'était.
Comment aurait-il su que sa sécurité dépendait iustement des soldats que son ennemi juré, l'homme qui avait déshonoré son père, conquis l'‚me et le corps de sa mère, avait lancés à ses trousses ? Peut-être cet homme était-il vraiment l'incar nation d'Arhiman, le génie des ténèbres et du mal, comme l'avait dit un jour son oncle Artabaze.
Tout se déroula sans emb˚ches tant qu'…téocle traversa les régions habitées de Palestine ou de Syrie, o˘ il était relati vement facile, pour son escorte, de se camoufler ou de se confondre avec les caravaniers qui allaient d'un village à l'autre en proposant leurs marchandises; mais dès qu'il affronta l'im mense étendue du désert, les deux hétairoi qui le suivaient durent se consulter et prendre une décision. Ces deux jeunes Macédoniens de la garde royale étaient fort courageux et fort intelligents.
Ils connaissaient aussi le caractère de leur souve rain: s'ils échouaient dans leur t‚che et s'il arrivait quelque chose au garçor~, le roi ne le leur pardonnerait pas.
" Si nous restons à portée de son regard, dit l'un d'eux, il nous remarquera car nous ne pourrons nous cacher nulle part. Si nous nous éloignons, nous risquons de le perdre.
--Nous n'avons pas le choix, répliqua son compagnon. L'un de nous va devoir l'approcher et gagner sa confiance. C'est le seul moyen que nous ayons de le protéger. "
Ils élaborèrent donc un plan d'action. Le lendemain, quand le garçon se remit en route, à l'aube, épuisé par une nuit de demi-sommeil, il aperçut au loin un cavalier qui parcourait le même sentier que lui. Il se demanda s'il valait mie˘x s~arrêter et laisser le voyageur solitaire continuer sa route, ou plutôt le rejoindre et faire un bout de chemin avec lui.
Il pensa qu'il n'était pas sage d'attendre, car il serait alorS obligé de se déplacer aux heures les plus chaudes
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