Alexandre le Grand "le fils du songe 1"
garçon de quinze ans qui courait vers l'in connu dans l'obscurité de la nuit lui brisait le coeur. Elle pleurait désespérément en songeant combien le sort des êtres humairls était amer. Un peu plus tôt, elle avait eu le sentiment d'être une de ces divinités de l'Olympe que les tableaux et les sculptures des grands artistes yauna représentaient et, maintenant, elle aurait échangé sa condition avec celle de la plus humble des esclaves.
Alexandre fit construire deux ponts de bateaux, que l'armée emprunta pour atteindre la rive orientale du Nil. Il y retrouva les soldats et les officiers auxquels il avait ordonné d'occuper la région et, au vu de leur comportement, les confirrna dans leurs charges, qu'il subdivisa de manière à ce que le pouvoir dans cette région si riche, ne f˚t pas concentré dans les mains d'une seule personne.
Le destin voulut que de tristes événements frappent Alexandre au moment o˘ les …gyptiens l'accueillaient à son retour du sanctuaire d'Ammon, l'honorant comme un roi et le couronnant pharaon. Le désespoir de Barsine s'étalait chaque jour, ou presque, devant ses yeux, mais un malheur plus grand encore se préparait. Philotas n'était pas le seul fils de Par ménion; il avait deux frères: Nicanorj officier dans un esca dron d'hétairoi; et Hector, un garçon de dix-neuf ans que le général aimait tendrement. Excité
par la vue de l'armée qui traversait le fleuve, Hector était monté sur une embarcation égyptienne en papyrus et avait gagné le centre du fleuve pour mieux profiter du spectacle. Par vanité juvénile, il avait enfilé une lourde armure et un manteau de parade voyant, et il se tenait debout à la proue, o˘ tout le monde pouvait l~admi~r
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Soudain, le bateau heurta quelque chose--peut-être le dos ~n hippopotame surgissant à la surface de l'eau--et se désé uilibra dangereusement. Le garçon tomba et disparut aussi t dans le fleuve, entraîné par le poids de son armure et de ses tements trempés.
Les rameurs égyptiens plongèrent sans attendre, imités par icanor et par de jeunes Macédoniens qui étaient présents, fiant les risques causés par les tourbillons et la gueule des ocodiles, plutôt nombreux dans cette région. Mais tous ces forts se révélèrent inutiles. Impuissant, Parménion assista à tragédie de la rive orientale du fleuve, d'o˘ il surveillait le passage ordonné de l'armée.
Alexandre l'apprit un peu plus tard. Il intima aussitôt aux marins phéniciens et chypriotes l'ordre de tout faire pour récupérer le cadavre du garçon. Ceux-ci s'exécutèrent, mais en vain. Ce soir-là, après des heures et des heures de recherches ~briles auxquelles il avait lui-même pris part, le roi alla rendre visite au vieux général, pétrifié de douleur.
" Comment se porte-t-il? ", demanda-t-il à Philotas, qui semblait veiller à l'extérieur de la tente sur la solitude de son père. Son ami secoua la tête d'un air désespéré.
Parménion était assis par terre dans le noir; seule sa tête blanche se détachait dans l'obscurité. Alexandre sentit ses genoux trembler, il éprouva une profonde compassion pour
cet homme courageux et fidèle qui l'avait tant de fois irrité par ses exhortations à la prudence, par l'insistance avec laquelle il évoquait la grandeur de son père. On aurait dit, en ce moment particulier, un chêne centenaire ayant défié pendant des années les tempêtes et les ouragans, et que la foudre a brus quement abattu.
" C'est une bien triste visite que celle que je te rends, géné r~l ", commença-t-il d'une voix hésitante. Tandis qu'il le regar dait, la comptine qu'il avait l'habitude de chanter quand Parménion se présentait aux conseils de guerre de son père, les cheveux déjà blancs, résonna malgré lui dans son esprit:
Le vieux soldat qui part en guerre, Tombe par terre, tombe par terre !
662 ALEXANDRE LE GR~ C ~oNFTNS DU MONDE ~∞~
Parménion se leva presque machinalement en entendant son roi, et il parvint à dire d'une voix brisée: " Je te remercie d'être venu, sire.
--Nous avons fait tout notre possible, général, pour retroU ver le corps de ton fils. Je lui aurais rendu les plus grands hon neurs, J aurais...
J'aurais donné n'importe quoi pour...
--Je le sais, répondit Parménion. Selon le proverbe, les enfants enterrent leurs pères en temps de paix, et les pères enter rent leurs fils en temps de guerre, mais j'avais espéré que ce mal heur me serait épargné.
J'avais
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