Alexandre le Grand "le fils du songe 1"
ima giner ! qu'est-ce que ça représente, un million d hommes ?
-- Je vais te le dire, expliqua Eumène. Cela signifie que chacun d'entre nous devra en abattre vingt pour l~emporter~ Et il en restera encore.
-- Je n'y crois pas, dit Alexandre. Nourrir un million d'hommes en mouver.nent constant est presque impossible sans parler de l'eau nécessaire aux chevaux et tout le reste Jé pense... je pense que 1 armée de Darius n en contient que la moitié, un peu plus qu à Issos. De toute façon, je vous l'ai déjà dit: attendons de voir ce qu'il en est, une fois que nous serons directement en contact avec l'ennemi. "
Les domestiques commencèrent à servir le repas et Alexandre fit entrer des " compagnes " récemment arrivées de Grèce pour égayer ses amis. Il y avait parmi elles une Athénienne d'une grande beauté, une brune aux yeux br˚lants et au corps si ferme qu'il évoquait celui d'une déesse.
" quelle merveille ! s exclama Alexandre à sa vue. N'est-elle pas sublime? Savez-vous qu'elle a posé dans le plus simple appareil pour une statue d'Aphrodite que le grand Protogène a réalisée ? Elle se nomme ThaÔs et a été déclarée "callipyge" de l'année, à Athènes.
--La plus belle paire de fesses de toute la ville, n'est-ce pas ? ricana Léonnatos. Peut-on les voir ?
--Chaque chose en son temps, fougueux bélier ", répondit la jeune fille avec un sourire malicieux.
Léonnatos jeta vers Eumène un regard perplexe: " C'est la première fois qu'une femme m'appelle "fougueux bélier". D'après toi, c'est un compliment ou une insulte ?
--Ne force pas trop ton cerveau, car tu risques de souffril; répliqua Eumène. quoi qu'il en soit, ce surnom ne me semble pas si mal. D'après moi, tu l'as impressionnée. "
D'autres " compagnes ", fort belles, firent leur apparition Elles allèrent s'allonger près des convives tandis qu'on servait le repas. En qualité de chef du symposion, Ptolémée avait décidé que le vin serait coupé
d'une part d'eau, une décision qui recueillit l'approbation générale.
quand les invités se furent restaur~s et qu'ils con Irent à être légèrement gris, ThaÔs se mit à danser. Elle ne P rtait qu'un court chiton sur son corps nu, et chaque fois 4u'elle virevoltait, elle offrait généreusement au regard des spectateurs ce pour quoi on lui avait décerné une récompense à Athènes et qui lui avait valu de poser pour Protogène dans Ijattitude d'Aphrodite.
~ Soudain, elle saisit une fl˚te sur une table et accompagna sa lanse au son de l'instrument. Alors la musique sembla revêtir ~ ~n corps, qui tournoyait de plus en plus vite avant de s'arrêter I ~usquement dans une cascade de notes aiguÎs, presque tridentes. ThaÔs s'aplatit sur le sol, telle une bête sauvage qui 'apprête à s'élancer, le souffle court et le corps recouvert de sueur. Puis elle reprit sa fl˚te, dont elle tira une mélodie qui parv~nt aux oreilles des sentinelles, à leur poste. Une douce mélodie qu'elle associa aux mouvements les plus souples et aux gestes les plus lascifs.
Les rires et les plaisanteries se turent. Le roi lui-même contemplait avec fascination les tourbillons qui suivaient le ythme de la musique jusqu'au paroxysme. L'espace restreint de la tente paraissait entièrement envahi par la présence de la ,~e˘ne femme, imprégné par l'odeur de sa peau et de ses che ~Yeux aux reflets bleutés. Cette danse dégageait une énergie ilTésistible, un charme puissant, et en un éclair Alexandre se uvint d'un moment de sa vie passée: l'instant o˘ s'étaient ~levées les notes de la fl˚te dont sa mère jouait au coeur d'une
~ rêt d'…ordée, déchaînant dans la nuit une danse orgiaque, le
~ mos de l'ivresse dionysiaque.
Lorsque ThaÔs s'effondra sur le sol, hors d'haleine et épui e, les yeux de tous les invités br˚laient d'un désir et d'une Dnvoitise effrénés, mais ils se gardèrent de bouger, guettant I réaction du roi. Soudain, un hennissement et un martè ment de sabots brisèrent la tension spasmodique de ce
K)ment. Héphestion fit irruption sous la tente, couvert de Sueur et de poussière. " L'armée de 13arius se trouve à une demiiournée de marche, dit-il en haletant. Ils sont des cen l~ines de milliers, leurs feux brillent dans le noir comme les étoiles dans le ciel, leurs cors de guerre ne cessent de s'inter peller d'un bout à l'autre de la plaine. "
~ lexandre se leva et balaya l'assistance du regard comme s'il s'extirpait brusquement d'un rêve, puis il
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