Alexandre le Grand "le fils du songe 1"
conducteur~ les chevaux s'emballèrent. Alors Darius attrapa leurs rênes et les poussa vers l'extrémité nord du camp, fuyant la bataille à grands coups de fouet. Malgré la fuite de leur roi, les Immortels pour suivirent leur combat avec un acharnement incroyable, même si son issue s'annonçait désormais fatale. Ils ne commencèrent à l‚cher pied qu'en fin d'après-midi, harassés. La nouvelle de la mort du Grand Roi s'étant répandue, de nombreux détache~ ments s'étaient enfuis. En revanche, Bessos fut rejoint par un courrier, qui lui apprit le départ de Darius. Il abandonna aussi tôt la bataille qu'il avait engagée contre les Grecs de l'aile gauche. Craignant que la tiare impériale n'échoue entre les mains des Macédoniens, il se précipita avec ses cavaliers dans le sillage du roi en fuite, pour le protéger, ou pour devenir le seul maître de son destin. Encerclé par les renforts thessaliens et macédoniens, par les bataillons de Perdiccas et de Parrnénionr qui avait à nouveau contre-attaqué, Mazéos se rendit aprèS
avoir eu un instant la victoire à sa portée.
I
Alexandre traversait à cheval son campement en ruine, au ilieu des flammes, des dévastations, au milieu d'un nuage de mée ‚cre et stagnante. Tandis qu'il cherchait la tente de rsine, il entendit les pleurs d'un enfant: Phraatès veillait ur les corps de sa mère et de son frère, encore enlacés dans ne dernière étreinte.
Le roi mit pied à terre et s'approcha d'un air incrédule: O dieux ! s'écria-t-il, les yeux embués de larm~es. Pourquoi, ourquoi réserver un destin aussi amer à d'innocentes créa-res? "
Il s'agenouilla près des deux corps ensanglantés. Tout dou ement, il coucha …téocle sur le dos et le recouvrit de son anteau, puis il se pencha sur Barsine, écarta ses cheveux et ui caressa délicatement le front. Les yeux de sa maîtresse
onservaient encore l'éclat de ses dernières larmes, ils sem blaient fixer dans le ciel un point hors de portée des hurle ments furieux, des cris de haine et d'horreur, comme s'ils sui vaient un rêve longtemps caressé et brusquement évanoui.
Dans le silence irréel qui s'était abattu sur le camp dévasté et bouleversé, les pleurs de l'enfant paraissaient encore plus poignants.
Alexandre se tourna vers lui et vit qu'il sanglotait, les mains sur son visage.
" Ne pleure pas, lui dit-il. Le fils de Memnon de Rhodes ne peut pas pleurer. Allez, mon petit, courage. "
~ Mais Phraatès ne cessait de répéter entre ses larmes: ",.Pourquoi maman est-elle morte ? Pourquoi mon frère est-il r~ort ? " Des questions auxquelles le souverain le plus puissant de la terre ne pouvait apporter de réponse. Il se contenta de lui demander: " Dis-moi qui a tué ta mère, Phraatès, et je la ven gerai. Dis-le-moi, je t'en prie. "
I L'enfant lui indiqua un groupe d'Agrianes qui dépouillaient le cadavre d'un cavalier perse. Alexandre comprit. Il réalisa ~n sans amertume que les dispositions qu'il avait données
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pour la protection de Barsine avaient causé sa mort, ainsi que celle du jeune homrne.
Un groupe de porteurs, escorté par un détachement de pézétairoÔ, passait à ce moment-là. Char~és de ramasser les cadavres, ils se penchèrent sur le corps d Etéocle. Mais quand ils s'approchèrent de la dépouille de Barsine, le roi les chassa Il prit sa maîtresse dans les bras et la porta sous sa tente, que le feu avait épargnée. Il l'installa sur le lit, arrangea ses che veux, caressa ses joues p‚les, déposa un baiser sur ses lèvres exsangues. Après quoi, il lui ferma les yeux: elle était encore très belle et semblait assoupie. Il murrnura: " Dors, mainte nant, mon amour. " Puis il saisit la main de Phraatès et sortit
Pendant ce temps, les soldats avaient regagné le camp, o˘ résonnaient désormais leurs cris de victoire. Les prisonniers étaient parqués dans un enclos, les Grecs d'un côté, les bar bares de l'autre. C'est alors qu'Héphestion arriva. Il embrassa Alexandre et lui dit: " Je suis désolé
pour elle et pour son fils. C'est un malheur qu'on aurait pu éviter. A 1
évidence, Mazéos avait reçu l'ordre d'enfoncer notre flanc gauche pour libérer ensuite la famille de Darius. Il a failli parvenir à ses fins: Parménion est blessé, Perdiccas et Cratère aussi, de nombreux hommes sont tombés dans nos rangs. "
Tandis qu'il parlait, on escortait les femmes du Grand Roi, leurs enfants et la reine mère vers un lieu plus tranquille, o˘ l'on
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